Le sous-financement des universités francophones

2009/04/24 | Par Mario Beaulieu

Alors que plus de 85 % des nouveaux arrivants et des allophones s’installent dans la région de Montréal, il est aberrant que les universités francophones à Montréal emploient seulement 43 % des professeurs (57 % pour les universités anglophones).

Globalement, les universités de langue française au Québec ne reçoivent environ que 75 % des subventions du gouvernement québécois et 65 % du financement fédéral, alors que les Québécois non anglophones représentent 92 % de la population. C’est pourquoi une majorité d’étudiants allophones étudient en anglais à l’Université.

Pourtant, l’enseignement universitaire est fondamental pour la transmission d’une langue et d’une culture. C’est un facteur essentiel d’intégration des nouveaux arrivants et une voie majeure d’insertion à l’emploi, qui déterminent fortement la langue de travail et les transferts linguistiques.

De plus, le sous-financement du réseau universitaire francophone a un impact extrêmement néfaste au moment où le développement économique se fait de plus en plus en fonction de l’économie du savoir.

Le surfinancement des universités de langue anglaise aboutit à l’exode d’une grande partie des professionnels formés à même l’argent de nos impôts vers le « Rest of Canada » ou les États-Unis.

Par exemple, rappelons encore que plus de 50 % des finissants en médecine de McGill quittent le Québec après la première année de l’obtention de leur diplôme.

Comme les diplômés de ces universités refusent souvent de quitter Montréal pour aller travailler ailleurs au Québec, ce surfinancement des universités anglophones accentue la pénurie de professionnels en région.

Les ressources consacrées au dédoublement des infrastructures en fonction de la langue à Montréal proviennent des mêmes taxes et des mêmes deniers publics qui servent à financer les institutions dans l’ensemble du Québec. C’est ce qui explique que seulement 23 % des francophones âgés de 25 à 34 ans détiennent un diplôme universitaire comparativement à 31 % des anglophones de la même classe d’âge.

Dans ces conditions, le gouvernement devrait non seulement accepter les revendications des professeurs de l’UQAM, mais aussi donner à cette institution les ressources supplémentaires nécessaires à l’accomplissement de sa mission unique d’intégration et de francisation.

En fait, il faut revoir le mode de financement des réseaux universitaires afin de rétablir un équilibre favorisant un taux de diplomation universitaire plus élevé des jeunes francophones, ainsi qu’une meilleure intégration et la rétention des professionnels de toutes origines dans l’ensemble des régions du Québec.