Quand La Presse prône l’apartheid scolaire

2009/04/27 | Par Monique Pauzé

« La notion d’apartheid scolaire est apparue ces dernières années pour dénoncer la ségrégation ethnique et sociale qui affecte les systèmes éducatifs de nombreux pays », peut-on lire dans une recherche parue en 2006 de Jocelyn Berthelot, chercheur à la CSQ.

La grosse presse à Desmarais tape sur le clou deux fois plutôt qu’une. Dans un reportage publié le 20 avril, on justifie la ségrégation scolaire à partir de l’expérience d’une école privée.

Ce reportage sur l’école privée Saint-Joseph nous apprend que le tiers des élèves de cette école sont des élèves en difficulté qu’on isole des élèves plus performants. Ils sont dans des groupes homogènes et suivent des programmes distincts. 

On y lit cependant que 25 % de ces élèves sont retournés au public, leurs lacunes sont trop importantes!!!

Puis, le lendemain, Lysiane Gagnon en rajoute en attaquant l’hétérogénéité de la population étudiante à l’intérieur des classes. Pourtant, de nombreuses recherches ont démontré que les classes hétérogènes permettent aux plus faibles de progresser sans pour autant nuire aux progrès des plus forts.

On peut aussi noter dans les études internationales sur la performance des élèves que les pays qui encouragent l’hétérogénéité des classes devancent les pays qui favorisent l’homogénéité.

Il faut bien évidemment que ces groupes hétérogènes développent des activités d’enrichissement pour les élèves plus performants et des mesures de soutien pour les élèves en difficulté. C’est un choix politique qui fait primer la solidarité et la compréhension de l’autre.

Il appartient à l’État de mettre en place des mesures favorisant la justice scolaire en se basant non pas sur une expérience isolée, mais sur des recherches sérieuses. Nous continuons donc de dénoncer les pratiques des écoles privées.

Faut-il rappeler que la performance des élèves est affectée par le statut socio-économique de l’école. À l’école St-Joseph, dont l’exemple est amplement détaillé dans le quotidien, le revenu familial est de 80 500 $ alors que, dans les milieux défavorisés, on y retrouve les écoles avec les plus faibles revenus parentaux.

 À l’école Gérard-Filion de Longueuil, le revenu familial était de 33 400 $ en 2005 et à l’École Jeanne-Mance à Montréal il était de 23 800 $. C’est la pauvreté qui a une forte influence sur la réussite.

Cet automne, des journalistes et des chroniqueurs ont pointé du doigt la sélection des élèves comme facteur d’échec scolaire et de décrochage. Pas étonnant que d’autres cherchent à brouiller les pistes à partir d’un cas isolé.