L’urgence d’une Charte de la laïcité

2009/05/22 | Par L’aut’journal 

Suite à la prise de position de la Fédération des femmes du Québec concernant le port de signes religieux dans les institutions publiques, une conférence de presse a été tenue au local de la Fondation des humanistes du Québec par le Mouvement laïque québécois (MLQ) et un collectif de citoyens et de citoyennes concernés par la nécessité de doter le Québec d’une Charte de la laïcité.

Étaient présentes à cette conférence :
Marie-Michelle Poisson, présidente du MLQ
Djemila Benhabib, auteure de Ma vie à contre-coran
Marie-Andrée Bertrand, professeure émérite de l’Université de Montréal
Fatma Djebbar, travailleuse sociale
Louise Mailloux, professeure de philosophie
Caroline Moreno, romancière et essayiste
Hafida Oussedik, architecte
Andréa Richard, auteure de Au-delà de la religion

La position développée a aussi reçu l’appui d’Andrée Ferretti, de Jacques Godbout et de Yolande Geadah et des copines du site Sisyphe.org

« De nouveau, la société québécoise est confrontée à des visions antagoniques sur la place du religieux dans l'espace public et plus particulièrement dans les services publics » affirme le collectif.

Reconnaissant que ce débat complexe ne peut se faire sans que nous ayons défini, au préalable, ce que devrait être la laïcité de l’État. Le collectif souhaite favoriser un tel débat et invite ses concitoyens, de partout au Québec, à y participer.

Parce que

1. Les concepts et les normes n'ont jamais été collectivement clairement définis,
2. Il est temps de préciser les valeurs, fondamentales et non négociables, qui lient l'ensemble des citoyennes et des citoyens du Québec,
3. Il est temps d'arrêter d'imputer aux immigrants notre difficulté à définir la laïcité de nos institutions publiques,
4. Nous avons à cœur l’intégration des immigrants de toutes les origines,
5. Parce que le Québec n'échappe pas à la montée des fondamentalismes religieux et il ne peut faire fi du contexte politique international.

Pour toutes ces raisons

Notre société a besoin de construire un consensus autour de la laïcité comme elle s'en est construit un avec la Charte de la langue française au fil du temps.

Nous devons et pouvons le faire : autant la Charte de la langue française a été essentielle, autant cette Charte de la laïcité s'impose aujourd'hui. Ayons le courage de continuer à définir le Québec.

Conception de la laïcité

« Le but de l’organisation en société c’est la liberté», affirmait Spinoza. Seule la laïcité peut être garante de la liberté car elle organise la Cité en préservant et en respectant la neutralité de l’action publique.

Ne promouvoir ni l’athéisme, ni la croyance religieuse, telle est notre compréhension de la neutralité de l’État que nous considérons vitale pour l’accomplissement du vivre ensemble. « La puissance publique ne doit imposer aucune croyance », affirmait Condorcet.

Dans une perspective laïque, l’État, à travers ses fonctionnaires, ainsi que les organismes qui le représentent doivent donc, afficher la plus grande impartialité et la plus grande apparence d'impartialité dans l’exercice de leurs fonctions et de représentativité.
Nous, citoyennes et citoyens convaincus du caractère essentiel de la laïcité pour une société québécoise plurielle et inclusive, tournée vers l’universel, demandons au gouvernement du Québec de débattre de cette question à l'Assemblée nationale.

Cette démarche devrait mener à l'adoption d'une Charte québécoise de la Laïcité. Cette dernière, avec la Charte des droits et libertés de la personne et certains éléments fondamentaux de la Charte de la langue française, devrait être considérée comme partie intégrante de la Constitution du Québec et avoir, à ce titre, priorité sur toutes les autres lois.