TV Marti à Cuba

2009/05/27 | Par Jean-Guy Allard

L’auteur est journaliste à l’agence Granma

TV Martí, la seule télévision au monde qui n’a pas la moindre audience, selon les études du gouvernement nord-américain lui-même, tentera d’« améliorer » sa programmation, assure son directeur, Pedro Roig.

« À la station, quand le journal télévisé est en ondes, nous avons vu que le niveau d’attention des gens diminuent », affirme Roig en entrevue avec la presse de Miami, sans expliquer comment il a pu en arriver à cette conclusion sans aucun public.

« Nous pensons que nous pouvons relever ce défi et être plus flexibles. Ce que les gens veulent c’est quelque chose de plus bref et qui aille droit au but, une dynamique différente de celle offerte maintenant », commente-t-il avec cette même logique qui défie les lois de la gravité.

IL CONTINUERA À SON POSTE

« Je vous défie de trouver quelqu’un qui ait vu TV Marti. C’est une station de télévision sans audience », a récemment déclaré le représentant William Delahunt, démocrate du Massachusetts, qui a demandé le rapport du GAO, l’agence fédérale d’audit qui a démontré l’inexistence de l’audience de la station.

Le président nord-américain Barack Obama, agit « avec prudence dans sa tentative d’améliorer les relations avec Cuba », commente l’agence AP en confirmant que la nouvelle administration fédérale conservera Radio et TV Martí, et se soumettra aux pressions agressives de la mafia de Miami.

Bien que les cotes d’écoute (ratings) de Radio et TV Martí soient un désastre, le Bureau des transmissions internationales (IBB), l’agence fédérale qui prétend diriger ces stations, a demandé à Roig, en consultation avec le cabinet d’Obama, qu’il demeure à son poste, a déclaré Tish King, porte-parole de l’IBB, cité par la presse

La décision semble quelque peu singulière lorsque l’on considère que José « Chema »Miranda, 52 ans, le directeur des programmes de la station de télévision a été condamné à purger 27 mois de prison après avoir reconnu sa culpabilité, le 13 février 2007, à des accusations de détournement de fonds.

Et que Roig lui-même a embauché le cousin de son épouse comme chef du personnel tandis qu’il payait un de ses ex clients comme scénariste d’une comédie.

Sans mentionner que ce même personnage a été accusé en Espagne d’avoir conseillé l’installation d’un système d’espionnage à la Communauté de Madrid en faveur de la politicienne d’extrême-droite Esperanza Aguirre.

L’ANTRE DU COPINAGE

Le budget fédéral prévoit 32,5 millions de dollars en 2010 pour le Bureau des transmissions pour Cuba, chargé de Radio et TV Martí, les deux stations qui ont englouti un total de 500 millions de dollars du contribuable étasunien au cours des dernières décennies.

« Les transmissions qui se poursuivent démontrent que le gouvernement de Barack Obama agit encore avec précaution lorsqu’il s’agit de changer la politique traditionnelle envers Cuba », commente AP en affirmant que « avec la question de l’embargo, les transmissions ont été depuis longtemps un point de discorde entre Washington et La Havane ».

La dépêche de l’agence omet de signaler comment Radio et TV Marti sont essentiellement, depuis leur création, des boites de copinage dont vivent des centaines de parasites de l’industrie de l’anti-castrisme (notamment des journalistes d’autres médias) et qu’elles bénéficient de la protection mafieuse de ces mêmes cercles qui appuient le terroriste Luis Posada Carriles et qui ont provoqué l’arrestation et empêchent la libération des Cinq anti-terroristes cubains séquestrés dans cinq prison des États-Unis depuis plus de dix ans.

On évite aussi de rappeler comment l’actuel directeur, Pedro Roig,

a partagé le privilège douteux d’avoir été entrainé dans des camps terroristes de la CIA.

Roig a participé, fin avril, à un banquet dit de gala dans les salons du Big Five Club de Miami, convoqué par les patrons du Cuban Liberty Council pour décorer Carlos Gutiérrez, ex secrétaire au Commerce de l’administration Bush.

Il s’y est exhibé aux côtés de ses protecteurs, des personnages tels que les congressistes batistiens Díaz-Balart, la multimillionaire Remedios « Reme » Díaz-Oliver, célèbre pour avoir fraudé le fisc fédéral, Diego R. Suárez, Ninoska Lucrecia Pérez Castellón et Horacio García, promoteurs reconnus du terrorisme contre Cuba.

La « Reme » gère le Cuban Democracy PAC (Political Action Comittee) qui arrose Washington pour acheter la conscience de nombreux politiciens qui orientent les décisions au sujet de Cuba.

Ce n’est un secret pour personne que Radio et TV Martí constituent des armes de la guerre sale contre l’Île, livrée par les États-Unis depuis cinquante ans, simultanément à l’activité d’un mécanisme terroriste qui continue à imposer —aujourd’hui comme toujours— sa volonté à la communauté d’origine cubaine de Miami et aux institutions fédérales des États-Unis.