À nouveau, la Fondation Chagnon

2009/06/03 | Par Monique Pauzé

L’auteure est président du Syndicat de l’enseignement de Champlain

« S’acheter une partie d’État », ce sont les termes du président de la CSQ pour qualifier l’action de la fondation Chagnon. Rappelons que le gouvernement Charest s’associe à cette fondation privée pour contrer le décrochage scolaire, mais également pour venir en aide aux enfants de milieux défavorisés. Deux projets de loi sur ce partenariat sont actuellement à l’étude.

Malgré leur besoin d’argent frais, groupes communautaires et milieux scolaires dénoncent l’attitude de la Fondation. Pourquoi?

À cause d’expériences négatives. La Fondation arrive dans les écoles en imposant ses expertises, sa formation, ses façons de faire.

À Trois-Rivières, tout a commencé avec le programme Québec en forme. J’en ai discuté avec la vice-présidente du syndicat de l’enseignement, Mme Claudia Cousin, pour bien comprendre l’origine du problème.

Au départ, Québec en forme prenait l’initiative de tout organiser et de tout payer : sorties pour les élèves, lettres aux parents, réservation d’autobus, achat de matériel.

Le personnel enseignant et la direction n’y voyaient que du bon. Il y avait de l’argent, les jeunes allaient bouger, les enseignants auraient du temps pour planifier.

Trois ans plus tard, l’étoile a considérablement pâli. Les animateurs changent l’horaire sans avertir le personnel de l’école; il n’y a plus de belles sorties. De plus, les enseignantes et les enseignants doivent chausser leurs espadrilles et prendre en charge l’organisation des activités. Ils n’ont plus de temps pour planifier. Pendant ce temps, les enseignants d’éducation physique passent au second plan, parce que Québec en forme s’accaparent les gymnases.

Mme Cousin me signale que, devant le mécontentement généralisé, la direction de l’école et la commission scolaire ont décidé d’arrêter le programme et de se réorganiser pour l’an prochain.

Non, la Fondation Chagnon ne gèrera pas nos écoles !

La CSQ a annoncé l’organisation d’un colloque à l’automne sur les implications de ce nouveau mécénat qui s’apparente beaucoup plus à une privatisation des services publics.

Monique Pauzé, présidente