Coup d’État au Honduras

2009/07/09 | Par Jean-Guy Allard

L’auteur est journaliste à l’agence de presse Granma

 Hugo Llorens, l’ambassadeur des États-Unis au Honduras qui a admis avoir participé à des réunions où ont été discutés les plans de putsch avant le rapt du président Zelaya est un cubano-américain émigré à Miami durant l’opération Peter Pan de la CIA.

 Spécialiste du terrorisme, il était le directeur des Affaires andines au Conseil national de sécurité à Washington lorsque s’est produit le coup d’état contre le président Hugo Chávez.

 Au cours de ses premières années d’activité diplomatique, il s’est installé une première fois au Honduras comme conseiller économique puis est passé à La Paz en Bolivie, avec le même titre. Il poursuivra sa route, cette fois comme conseiller commercial au Paraguay de la dictature de Stroesner et il se pointera plus tard au Salvador comme coordonnateur des narcotiques, une autre de ses spécialités.

 Faisant un bond inattendu de l’autre côté de la planète, le très polyvalent Llorens va ensuite aux Philippines comme simple fonctionnaire consulaire. Ses activités lui permettent alors d'apprendre... le tagalog, le langage local, qu'il parle couramment.

 De retour sur le continent américain, il sera durant trois ans consul général des États-Unis à Vancouver, au Canada, où il se consacrera à créer une station dite multi-agences qui réunira, dans les locaux du consulat, des représentations du  FBI, du Bureau des alcools, tabac et armes à feu, et du Service des douanes des États-Unis. Sans oublier le Service secret et de sécurité du Département d’État. Tout cela sous le thème de la lutte contre le terrorisme et la délinquance internationale.


Aux côtés de Elliot Abrams et Otto Reich

 La Maison Blanche de George W. Bush recrutera l’astucieux Llorens en  2002 comme directeur des Affaires andines du Conseil national de sécurité à Washington, D.C., ce qui  en fait le principal conseiller du président sur le Venezuela.

Il appert que le coup d’état de 2002 contre le président Hugo Chávez se produit tandis que Llorens se trouve sous l’autorité du sous-secrétaire d’État aux Affaires hémisphériques Otto Reich, et du très controversé Elliot Abrams.

Cubano-américain comme lui, Reich, protecteur du cabecilla terroriste Orlando Bosch, avait été durant trois ans ambassadeur des États-Unis au Venezuela, entre 1986 et 1989, et prétendait connaitre le terrain.

 Depuis le Département d’État, Reich a donné son appui immédiat au Michiletti vénézuélien, Pedro « Le Bref » Carmona,  et aux militaires putschistes.

 Otto Reich, membre du circuit des faucons déplumés de la Maison Blanche, continue à être un des personnages les plus influents de la faune mafieuse de Miami. Son nom circule aujourd’hui parmi ceux des conspirateurs du gang des putschistes de Tegucigalpa.

 En juillet 2008, Llorens est nommé ambassadeur au Honduras où il substituera Charles « Charlie » Ford, un personnage qui a eu la tâche ingrate de proposer, à l’initiative de Bush, que le terroriste international Posada Carriles aille s’installer au Honduras. Zelaya lui a répondu que non, catégoriquement, et « Charlie » a dû informer ses patrons qu’ils devaient continuer à vivre avec leur patate chaude.


Le général Vazquez se sentait déjà sollicité

 Après l’arrivée de Llorens à Tegucigalpa, le 12 septembre 2008, le président Zelaya, devant le fait que la Bolivie venait d’expulser le représentant des États-Unis pour ses activités d’ingérence, a refusé de recevoir les lettres de créance du nouvel ambassadeur en signe de solidarité..

Huit jours plus tard, Zelaya a reçu Llorens et lui a fait part du malaise de son gouvernement au sujet « de ce qui se passe dans le pays le plus pauvre d’Amérique du sud ».

 Un fait survenu ces jours-là retient l’attention. Le 22 septembre, tandis que se manifeste le dit malaise  de Zelaya, le chef de l’État-major conjoint des Forces armées du Honduras, le général Romeo Vásquez, ce même leader putschiste qui aujourd’hui soutient Micheletti, déclare à la presse locale qu’il y a « des personnes intéressées à déposer le président  Manuel Zelaya ».

 Le militaire fasciste commente que le chef de l’État « fait face aux critiques au sujet des accords réalisés avec le Venezuela, la Bolivie et le Nicaragua » et qu’« on est venu nous chercher pour chasser le gouvernement ».

 « Mais nous sommes une institution sérieuse et nous respectons Monsieur le Président comme notre commandant général et nous nous subordonnons à la loi », a assuré avec le plus grand sérieux celui qui ordonne aujourd’hui à ses troupes de tirer sur le peuple.

Le 22 juin dernier, le quotidien La Prensa a révélé que la nuit précédente avait eu lieu une réunion entre les politiciens les plus influents du pays, les chefs militaires et l’ambassadeur Llorens, dans le but déclaré de « chercher à sortir de la crise ». Celle de la consultation populaire promue par Zelaya.

The New York Times confirmait ensuite que le sous-secrétaire d’État aux Affaires hémisphériques  Thomas A. Shanon, ainsi que l’ambassadeur Llorens, avaient « parlé » avec les officiers supérieurs des forces armées et les leaders de l’opposition au sujet de « comment renverser le président Zelaya, comment l’arrêter et qui pourrait le faire »