Congrès mondial acadien

2009/08/20 | Par Jacques Beaumier

Le 4e Congrès mondial acadien qui se tient présentement à Caraquet dans la Péninsule acadienne, du 7 au 23 août, confirme l’importance du caractère généalogique de l’événement.

Critiqué à de multiples reprises, lors des éditions précédentes, par les idéateurs mêmes de cette rencontre, le Congrès mondial acadien qui se voulait d’abord un lieu de réflexion de l’ensemble du peuple acadien sur son devenir, s’enfonce de plus en plus dans une définition étroite d’une identité culturelle, sinon folklorique, dénuée de toutes revendications politiques.

Les rencontres de familles qui regroupent souvent des gens qui n’ont qu’un patronyme en commun et où, la langue ancestrale commune n’est plus partagée, prennent une place démesurée.

Radio-Canada ne s’y est pas trompée et sa couverture de l’événement, par une soixantaine d’heures d’émissions et de reportages en direct, correspond bien à sa mission de refléter la société canadienne dans sa diversité.

L’intérêt de ce congrès mondial, pour les Québécois, réside dans le fait qu’il illustre parfaitement ce que le gouvernement fédéral attend d’eux et de la place qu’on voudrait les voir occuper dans le Canada multiculturel.

Exprimer l’originalité de son identité culturelle, enracinée dans la généalogie familiale, avec nulle prétention à intégrer les nouveaux venus pour constituer une communauté politique. Le politique doit se vivre à l’intérieur des institutions politiques telles que définies par la constitution canadienne qui laisse, évidemment, toutes les possibilités d’exprimer ses opinions personnelles.

Malgré les louables tentatives de la Société des Acadiennes et des Acadiens du Nouveau-Brunswick (SAANB) de donner une définition plus politique et plus inclusive de l’identité acadienne, le Congrès mondial acadien pour sa part, ne parvient pas à donner un contenu politique à cet événement qui, pourtant, mobilise la société acadienne tous les quatre ans.

Même la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, a cédé à la tentation du nationalisme généalogique en se découvrant des racines acadiennes par son arrière-grand-mère, une LeBlanc qui descendait d’un déporté de 1755 réfugié à Saint-Domingue.

Sheila Copps avait fait connaître également ses « racines acadiennes » ce qui lui permettait parfois, au temps où elle était aux commandes du ministère de  Patrimoine Canada, de parler rudement aux Acadiens comme si elle faisait partie de la famille.

Enfermé dans cette définition culturelle de leur identité, les Acadiens qui ne peuvent profiter d’un ministère de la Culture de leur gouvernement provincial parce qu’il n’y en pas tout simplement, dépendent lourdement de cette officine fédérale, véritable ministère de la pensée canadienne.

C’est un jeune cette fois-ci, qui a soulevé le problème de sens que pose la tenue de ce Congrès mondial. Selon le président de la Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick, Alexis Couture, il y a un mur entre les institutions acadiennes et la population.

Ainsi, un forum populaire pour discuter de la pérennité du peuple acadien, organisé par la Société nationale de l’Acadie, dans le cadre du Congrès mondial, n’a attiré qu’une quarantaine de personnes. « Avoir un débat sur les origines fondamentales de l’identité […], qu’est-ce qu’on est maintenant? Je pense que c’est ça le plus crucial » a-t-il soutenu.

La joviale présidente de la Société nationale de l’Acadie, Françoise Enguehard, s’est au contraire dite ravie du succès de l’événement et que tout le monde était dans un esprit festif !

Au Québec, on connaît bien cette approche maintenant. Elle nous a été servie lors des célébrations du 400e anniversaire de fondation de la ville de Québec : évitez les activités à caractère historique et politique et lorsqu’il devient incontournable d’en tenir, le peu d’assistance qu’elles suscitent marque un grand succès de l’approche promue par notre ministère de la pensée, Patrimoine Canada.

Les nationalistes québécois qui, de tout temps ont craint la louisianisation du Québec, ont ignoré qu’il y a une étape à franchir avant d’en arriver là. Il semble que nous devions d’abord passer par l’acadianisation du Québec.

Se perdre dans des fêtes culturelles si nombreuses que l’on en oublie les motifs de la fête et se chamailler sur les dates où elles auront lieu, à cause d’un trop court été, semble indiquer que le processus est déjà bien enclenché.