Appel aux armes lumineuses

2009/09/17 | Par Jean-Claude Germain

Il serait illusoire de croire qu’on puisse se libérer de l’emprise de la Crise en s’imposant d’utiliser le même vocabulaire qui l’a provoquée.

La culture ne vit pas que de passion et d’eau fraîche. Mais si le prix à payer pour obtenir son financement est de parler argent comme une bande de boursicoteurs étêtés, elle renie sa fonction. Son rôle est de faire entendre une autre voix que celle des tiroirs-caisses.

Sa voix peut célébrer ou tuer d’un bon mot, transformer ou métamorphoser d’un trait. Quand elle n’éclaire pas la réalité quotidienne, elle l’illumine. C’est une voix qui s’adresse au cœur, à la tête et à l’esprit, qui guérit sans être un remède, qui fait voyager sans être un transporteur aérien, qui permet d’affronter la mort sans mourir et d’escalader le sommet de l’Everest sans quitter sans banquette de métro. L’art est une force vive et renouvelable qui change le monde sans être coté sur les marchés financiers.

Tous les matins, la Bourse de l’imaginaire s’ouvre sur une page blanche, une toile blanche, une scène vide ou un plateau désert. Tard le soir, souvent après l’heure de fermeture, les investissements ont porté fruit au centuple. Le monde s’est enrichi d’un poème, d’un conte, d’une chanson, du début d’un roman, des premières répliques d’une pièce, du plan d’ouverture d’un film, de l’argument d’un ballet, de l’esquisse d’un décor ou de quelques notes de musique qui nous rapprochent les uns des autres sans qu’on puisse s’expliquer ni comment, ni pourquoi. 

Dans une époque qui, du moins au Québec, ressemble de plus en plus à une opérette d’Offenbach, la pire des réponses à un pourcentage est de lui opposer un autre pourcentage et ainsi de suite jusqu’à l’épuisement des pourcentages. Assez de grimaces, finis les pieds de nez !

Comment sortir de la Crise dans sa tête ? dans sa vie ? sur un vélo ? dans une salle d’attente ? au Jardin botanique ? Voilà la question ! Comment la conjurer par des mots, pas des chiffres ?

Aidez-nous à constituer une Caisse de dépôt des solutions imaginaires où les valeurs à la hausse seront l’inattendu, l’insoupçonné, l’inconvenant, l’incroyable et l’inédit !

Jean-Claude Germain
L'autjournal


Nous vous invitons à nous faire parvenir ce que la Crise actuelle vous inspire dans le mode de votre choix : comique, tragique, cynique, poétique, dialogué, philosophique, historique, fantastique ou carrément utopique. Nous avons l’intention de mettre les textes que nous retiendrons en ligne sur le site internet de l’aut’journal (3000 visites par jour). Ils ne devront pas dépasser 1000 mots et être accompagnés d’une photo de son auteur.