Un déluge d’insultes

2009/10/01 | Par Lucie Martineau

Dans un texte publié le 29 septembre, dans les pages des quotidiens de Québécor, le chroniqueur Richard Martineau s’en donne à cœur joie sur le dos des fonctionnaires. Il écrit qu’il ne « délierait pas les cordons de sa bourse pour donner un salaire à des fonctionnaires et à des bureaucrates qui se « pognent » le beigne à quatre mains en actualisant leur statut Facebook ». Il en ajoute en parlant « d’obésité de l’État », de « bourrelets » et de « gros jambon ».
 
Sur quoi se base M. Martineau pour prétendre que les fonctionnaires ne foutent rien? Sur ses propres observations? Sur une étude sérieuse? Non, il se base sur des préjugés qui ont la vie dure.
 
La réalité est tout autre. En effet, pour réaliser les inspections alimentaires, pour vérifier la sécurité des bâtiments, pour appliquer les normes environnementales, et même pour faire la lutte à l’évitement fiscal, il manque de monde dans les ministères et les organismes de la fonction publique. Depuis mai 2004, le gouvernement Charest impose une cure à la fonction publique en ne remplaçant qu’un fonctionnaire sur deux qui quitte pour la retraite. Son objectif est de réduire la taille de la fonction publique de 20 % d’ici 2014. Cela représente une compression de 16 000 postes. À la fin de la présente année financière, c’est 5 818 postes (équivalent temps complet) qui auront passé à la tronçonneuse libérale.

« Mais nous n’avons plus les moyens de nos ambitions, voilà pourquoi il faut diminuer la taille de l’État », diront les tenants de l’État minimal, comme M. Martineau. Pourtant, si nous n’avons plus les moyens, c’est d’abord et avant tout parce que les gouvernements qui se sont succédé à Québec depuis le début de la décennie ont consenti de nombreuses déductions fiscales et baisses d’impôts qui privent le trésor public de quelque 7 milliards de dollars chaque année, et ce, au profit des mieux nantis de la société. Et maintenant, on nous rabat les oreilles avec une hausse de la tarification!

Malheureusement, à force d’étirer l’élastique et de demander aux employés de l’État de faire plus avec moins, c’est la sécurité de la population qu’on met en danger. En effet, il aura fallu que des viaducs tombent, que des toits d'aréna s'écroulent, que les algues bleues envahissent nos lacs, que la surexploitation menace la forêt boréale, que la bactérie C. difficile fasse des ravages dans nos hôpitaux et que des crises alimentaires surviennent pour que des mesures d'urgence soient mises en œuvre. Combien de catastrophes humaines seront-elles nécessaires pour que le gouvernement Charest assume pleinement ses responsabilités envers les citoyennes et les citoyens?

Lucie Martineau
Présidente générale
Syndicat de la fonction publique du Québec