Qu’est devenu Desjardins?

2009/10/05 | Par Léo-Paul Lauzon

Innovation majeure aux caisses populaires. Faut, dorénavant, prendre un numéro et attendre son tour. Comme on n’augmente pas le personnel durant les périodes achalandées, au début du mois, par exemple, ça fait que vous devez attendre patiemment plus d’une heure. Consolation, c’est moins pire qu’à l’urgence de l’hôpital ou chez le médecin.

Le Journal de Montréal du 10 mai 2000, nous annonçait des majorations atteignant jusqu’à 67 % pour les frais de service chez Desjardins. Réponse brillante de la suave porte-parole de Desjardins, Nathalie Genest : «Ces services ne sont pas rentables. C’est le principe de l’utilisateur-payeur». Nathalie nous prend pour des «morons». On te croit menteuse!

Réponse plus songée du porte-parole de la Banque Nationale, Denis Dubé, face à des hausses identiques dans La Presse du 16 juillet 2008 : «Ce ne sont pas des hausses, ce sont des ajustements». Grosse tarte, va! Allô féroce concurrence prévalant dans le marché bancaire supposément très compétitif.

Dans le Journal de Montréal du 4 mars 2008, l’ancien président du Mouvement Desjardins, Alban D’Amours défend vaillamment l’américaine Visa, dont Desjardins est le plus grand émetteur de cartes de crédit au Québec : «D’Amours se porte à la défense de Visa».

Par contre, dans La Presse du 11 septembre 2008, on apprend que : «cartes de crédit : les commerçants se rebiffent contre les hausses de tarifs» décrétées par le monopole privé Via-Mastercard. Sans compter que depuis toujours, les individus se voient charger des taux d’intérêt shylockiens sur ces cartes. La «coopérative» Desjardins trouve ça correct d’arnaquer ses propres sociétaires.

Le nationalisme a ses limites, du moins au Québec. Le fric d’abord. Desjardins fut favorable à la vente à l’étranger de nos grandes compagnies à contrôle québécois comme, Provigo, Cambior, Domtar, Brochem Pharma et la Bourse de Montréal; parce que ça lui rapporte chaque fois des millions en commissions.

En 2008, Desjardins a salué la vente de la Bourse de Montréal à la Bourse de Toronto pour 1,3 milliards$. Ce que le monde ne savait pas à ce moment c’est que Desjardins conseillait la Bourse de Toronto (Groupe TSX), comme le signale l’article du Journal de Montréal du 18 janvier 2008. : «Desjardins a-t-elle privilégié ses propres intérêts?»

En plus, Desjardins a financé l’opération de 1,3 milliards$. N’allez surtout pas voir là un quelconque conflit d’intérêt. Et le « minusque » ancien président de la Bourse de Montréal, Luc Bertrand, un petit faiseux qui a empoché des millions pour son aide et qui a finalisé ce délestage, a dit, dans Les Affaires, du 15 décembre 2007 : «Pour moi, c’est pas une vente, c’est une combinaison». Une «combine à grands manches», je suppose.

Un autre qui nous prend pour des caves de luxe. Même Jacques Parizeau, dans le Journal de Montréal, du 29 mars 2008, a condamné le comportement opportuniste de Desjardins.

Tiens, tiens, « Desjardins un peu plus torontois. Son service de recherche est dirigé de Bay Street (Toronto) » que nous apprend La Presse du 13 mars 2008 et Impératif français accuse le Mouvement Desjardins de s’angliciser. La coopérative dit «s’adapter» à l’évolution sociodémographique en modifiant sa politique linguistique que nous signale Le Devoir du 3 août 2008.

Voilà pourquoi il demande aussi au gouvernement du Québec de « s’adapter » et de se «moderniser» afin de «préserver la prospérité du Québec», que nous dit Les Affaires, du 12 avril 2008.

François Dupuis, économiste en chef et vice-président de Desjardins nous déballe dans ce texte, les mêmes âneries que les affairistes du patronat et les lucioles autoproclamés : «Diminuez les impôts des compagnies; laissez davantage de place aux forces (sic) du marché par le recours à l’état minimal; privatisez davantage les services publics et tarifiez ceux qui resteront publics, afin d’habituer la population à payer le prix du marché (sic) et augmentez les tarifs d’électricité et les frais de scolarité».

Puis, dans La Presse du 7 mai 2008, Yves St-Maurice, économiste en chef adjoint de Desjardins « ne s’inquiète pas de voir nos ressources naturelles passer aux mains d’intérêts étrangers » et nous dit aussi que : « Les banques ont un avantage fiscal à s’implanter dans les paradis fiscaux ». Pardon, mais les mots me manquent.

Enfin, alors que Statistique Canada nous a annoncé que « le revenu des travailleurs stagne depuis 25 ans », nouvelle parue dans La Presse du 2 mai 2008, l’économiste, Hélène Bégin, de Desjardins, se voulant à la fois niaiseusement positive et jovialiste, nous dit très sérieusement que : « La bonne nouvelle est que les plus riches paient plus d’impôts ». Furieusement pathétique! Tirez vos propres conclusions.

Le mouvement Desjardins est devenu au fil des ans un gros danger public. Toujours en train de faire peur au monde ordinaire avec des épouvantails à moineaux éculés comme l’exode des cerveaux et le vieillissement de la population.

Dans un article intitulé : «Après la récession, le choc démographique» paru dans La Presse du 29 mai 2009, les économistes Hélène Bégin, François Dupuis et Hendrix Vachon de Desjardins affirment que : «pour atténuer le choc démographique et freiner l’exode des cerveaux, il va falloir miser davantage sur les taxes à la consommation et moins sur l’impôt des particuliers (ce que veulent le patronat et les nantis), redéfinir le rôle de l’État pour permettre (sic) aux Québécois de vivre davantage selon leurs moyens (le Québécois moyen s’entend, pas le Québécois supérieur). Certaines vaches sacrées (celles de la classe moyenne, pas celles des nantis et des compagnies) devront être sacrifiées. » Rien de moins!

La récession et le retour du déficit qui en a découlé, ce sont les compagnies et les profiteurs qui en sont responsables. Comme solution, on octroie des milliards en fonds publics aux coupables et aux responsables, défrayés par la population, et on exige des innocentes victimes de payer pour ca gâchis par de substantielles hausses des taxes à la consommation (les compagnies ne paient pas de TPS et de TVQ) et de tarification de services publics. La belle affaire! Après, ils ont le front de venir nous parler de «vaches sacrées».

L’augmentation importante de la dette publique occasionnée par les milliards versés en subventions au privé et les milliards consentis dans un déluge d’abris fiscaux, pour eux c’est pas un problème. On n’a qu’à couper dans les services publics ou à les privatiser.

En passant, Desjardins a déjà commencé à investir dans la santé privée comme le signale le titre de cet article de La Presse du 5 octobre 2007 : «Desjardins sécurité financière : un premier assureur investit en santé» par l’achat d’un établissement hospitalier à Lévis. Bravo Desjardins pour ce merveilleux geste de solidarité. Nous vous en sommes très reconnaissants.

L’économiste Hélène Bégin de Desjardins est tout simplement sublime de petitesse. D’abord, il y a eu sa chronique intitulée «L’économie du Québec file à vive allure» parue dans Les Affaires du 31 juillet 1999 et puis un mois plus tard, soit le 4 septembre elle signe son autre texte du titre : «La rémunération piétine au Québec».

Même si elle reconnaît que l’économie du Québec filait à vive allure, elle concluait en disant : «Dans l’ensemble les salariés du Québec, ne pourront pas compter sur une bonification de leur revenu d’emploi (sic) pour améliorer leur pouvoir d’achat. Pour l’instant, des baisses d’impôt significatives (sic) sont plus que nécessaires pour donner un peu d’air frais aux travailleurs».

Ça dépasse tout entendement. La même économiste qui aujourd’hui appelle à des hausses de taxes à la consommation (TVQ et TPS) et de tarification de services publics (garderies, eau, scolarité, transport en commun, électricité, péages routiers, etc.) substantielles afin, je suppose, de «donner un peu d’air frais à la classe moyenne, aux travailleurs et aux générations futures! Je dirais plutôt «afin de les étouffer».