Correspondance des Indes (1)

2009/10/09 | Par Raphaëlle Patault

Dans le cadre d’un stage qu’elle effectue aux Indes, Raphaëlle Patault, étudiante aux HEC à Montréal, nous a proposé des chroniques sur la vie quotidienne. Voici la première.

L’arrivée à Delhi est chaotique. La foule se précipite hors de l’avion et moi je suis lancée dans un monde totalement différent. Le planning de la semaine est : Delhi, Jaipur, Abhaneri, Bharatpur et finalement Agra. Visite du Nord de l’Inde.

Quelqu’un est censé m’attendre à l’aéroport mais mon avion a une heure de retard. Je trouve finalement mon guide et lui demande s’il attend depuis longtemps : « Non non, viens juste d’arriver ». Premier choc culturel. Ici, quand tu dis 11.30pm, il faut penser 1 am. Heureusement que je n’avais pas une heure d’avance.

Nous sortons finalement de l’aéroport où une voiture nous attend. Les premières questions que m’a posé mon guide ont été : « What is your God name ? » et « Do you have a boyfriend ? ». Avec l’accent en plus, j’ai pris trois heures avant de comprendre la première question.

Et j’aurais pu très mal prendre la seconde. J’ai donc vécu mes premiers étonnements avec ce guide. Un autre sujet, qui pourrait être très délicat au Canada, est la religion. Il voulait savoir quel Dieu je priais. J’ai préféré m’abstenir de dire que la prière ne faisait pas vraiment partie de mes habitudes de vie. La religion a ici une place très importante. Ils sont très ouverts et même très curieux.

Les valeurs de la famille sont aussi très différentes. Mon guide essayait de comprendre comment mon père avait accepté de me laisser partir à 21 ans. Et il voulait tout savoir de son travail, son salaire et combien de frères et sœurs j’ai.

Ce genre de questions peut être très intimidant lorsque tu viens juste d’arriver dans un pays dont tu ne connais rien. Mais au bout d’un moment, ça te détend et tu oublies tout le stress que ce voyage peut engendrer.

Ou au moins, un minimum. Parce que j’ai vraiment cru que j’allais mourir avant d’arriver à mon hôtel. Il n’y a jamais de ceintures pour les sièges arrières de la voiture. En fait si, il y a la ceinture, mais rien pour l’attacher. J’écoutais mon guide d’une oreille et cherchait discrètement le support de la ceinture sous les coussins jusqu’à ce que j’abandonne et trouve plus facile de m’accrocher à la portière.

Pas de limites de vitesse, pas de sens de circulation, des lignes blanches sur le sol qui ne servent à rien, des feux de circulation qui ne marchent pas et des lampadaires inexistants.

Heureusement, cela s’arrange quand tu rentres en ville. La circulation est tellement intense à Delhi qu’à la vitesse où tu vas, il n’y a aucun moyen que tu aies un accident grave.

Mon souffle est alors redevenu normal et j’ai commencé à observer les rues de Delhi par la fenêtre. Il était une heure du matin et dans la pénombre, je distinguais des formes allongées sur les trottoirs. Ce n’est que le lendemain, à la sortie de l’hôtel, que j’ai compris que c’était des corps. Des familles entières qui dormaient là.