Correspondance des Indes (2)

2009/10/26 | Par Raphaëlle Patault

Delhi, capitale de l’Inde, s’étend là toute entière à mes pieds. Du haut de ma fenêtre, j’observe ce quartier où, la veille au soir, je croisais ces familles dormant à même la rue. Il est huit heures du matin. Peu de femmes. Plus d’ordures que de promeneurs. Énormément de motocyclettes. Tout cela m’intimide. Tout cela est si différent de ma ville. J’hésite. Sortir ou ne pas sortir ? Je suis seule en plus.

C’est grâce à l’AIESEC que je suis là. Grâce à cette organisation internationale, j’ai réussi à trouver un stage en Inde et je suis entrain de vivre la meilleure expérience de ma vie. Après tant de kilomètres parcourus, il serait idiot de ne pas oser affronter ses peurs.

Je me décide donc enfin à sortir et je suis alors submergée par une vague de chaleur pesante. Des oiseaux partout, un bruit de fond constant, une agitation indescriptible. Pour sûre, cette ville vie. Les gens se rentrent dedans, les enfants s’accrochent à toi et les vendeurs de rue sont des professionnels de la négociation. Au retour, le calme de ta chambre est comme une brise d’air frais. « Slumdog Millionnaire » n’était pas si loin de la vérité finalement… Il fallait le voir de ses propres yeux.

Après deux jours à Delhi, je prends un bus pour Jaipur. Dans une semaine, je commence mon stage à Hyderabad, dans le sud de l’Inde. En attendant, je me sens libre et le monde m’appartient. Mais je sens cette boule de stress en moi qui est à la fois agréable et effrayante. Est-ce que Hyderabad est comme Delhi ? Si oui, est-ce que je vais survivre six mois dans ce genre de ville ?

Jaipur est la capitale de la province du Rajasthan. Fondée en 1728, « The Pink City » est construite entièrement selon les principes de l’architecture hindoue. Rien à voir avec Delhi. Les rues sont plus larges et il y a des trottoirs. Je respire plus. Je peux prendre le temps d’apprécier sans avoir peur que l’on me roule dessus. Une merveille. Et tellement colorée !  Je n’ai jamais vu autant de couleurs de ma vie. Épanouie, je remercie mille fois AIESEC de m’avoir donné cette opportunité. Un plaisir pour les yeux.

Deux jours plus tard, je reprends le bus direction Abhaneri, un village du Rajasthan. Les villes ne sont pas les seules représentatives d’un pays. Un village peut des fois apprendre beaucoup plus. J’ai passé la journée à me balader à pied dans les champs, les ruines et les chemins. Jamais seule, toujours entourée de la moitié du village prêt à partager tout ce qu’ils ont avec toi.

Pour une fois, on ne me tire pas par la manche en pleurant pour de l’argent. Pour une fois, on m’invite. Surtout ne pas généraliser. Ne pas croire que partout en Inde, il n’y a que des mendiants. Ici, les gens ne sont pas stressés ni tristes, ils sont simplement heureux.

Le soir, je roule vers Bharatpur pour y passer la nuit et au matin, direction Agra, l’hôte du très célèbre Taj Mahal. Visite du « Baby Taj », du « Red fort » et du Taj Mahal au lever du soleil à cinq heures du matin. Une splendeur indescriptible.

Je reprends espoir pour Hyderabad. Ma ville sera peut-être aussi pleine de surprises…