Financement de l’agriculture

2009/11/23 | Par Roméo Bouchard et Richard Favreau

Les nouvelles mesures que vient d’annoncer le ministre Claude Béchard, dans la foulée des recommandations du rapport Saint-Pierre, constituent une première étape dans la mise en place d’un soutien financier qui favorise le développement de fermes plus rentables et de fermes de proximité, dites multifonctionnelles

Le budget annuel consenti à la Financière agricole pour les 5 prochaines années est sensiblement le même que celui que réclamait l’Union des producteurs agricoles, soit 630 millions $. Il était de 305 millions $ dans l’entente précédente, mais les dépenses réelles l’an dernier avaient atteint 730 millions $.

De ce budget, 365 millions $ seulement seront attribués à l’actuel programme de stabilisation du revenu agricole (ASRA), soit une diminution d’environ 100 millions $.

Plusieurs mesures de redressement devraient en effet permettre, selon le ministre, de colmater l’hémorragie de fonds publics qu’a entraîné ce programme dont ont largement profité des grandes productions déficitaires comme le porc, le bœuf et le maïs : resserrement du calcul des coûts de production, limitation du nombre d’unités assurées, contribution plus élevée pour les entreprises de grande taille.

Aucune nouvelle production ne pourra s’ajouter mais le Gouvernement assumera le déficit de 1.3 milliards $ généré à la Financière par ce programme hors contrôle.

Par contre, une nouvelle génération de programmes de soutien sera accessible à toutes les productions, sauf celles sous gestion de l’offre. En premier, la contribution québécoise au programme  Agri-investissement,  un programme fédéral-provincial autogéré de gestion des risques basé sur les ventes globales de l’entreprise, et sans doute appelé à remplacer l’ASRA avec le temps, sera triplée pour atteindre 171 millions.

Le deux autres, qui se partageront un budget provisoire supplémentaire de 20 millions géré par le MAPAQ, offriront un soutien pour accompagner les fermes qui devront se réorienter et les fermes qui accepteront d’expérimenter un nouveau contrat d’agriculture multifonctionnelle, avec cahier de charges,  notamment les fermes biologiques.

« Le coup d’envoi est donné, dans la bonne direction, estime la Coalition SOS-Pronovost, mais la réforme qui donnera toute la place qui leur revient à la petite entreprise et à la multifonctionnalité de l’agriculture reste à venir. Avec le maintien de l’ASRA, même modifiée, les grandes productions continueront à se partager le plus gros du gâteau; les autres ne récoltent encore que des miettes et sont inégalement aidées pour le moment.

« La transition que devront faire de nombreuses fermes exigera beaucoup d’investissements et ce ne sont pas non plus quelques projets-pilote qui permettront à des milliers de petits producteurs, biologiques ou autres, de survivre à la compétition et de se développer.

« Le ministre doit donc s’attaquer maintenant, comme il l’a promis, à une réforme de l’ensemble des lois agricoles  pour permettre d’ouvrir les agences de commercialisation gérées par l’UPA à une agriculture diversifiée et aux circuits courts de mise en marché, de revoir le prix des quotas qui étouffe présentement les productions sous gestion de l’offre, d’ajuster la gestion du territoire agricole aux  besoins de la relève et des communautés , d’adapter les normes aux productions de niche, de généraliser les pratiques agroenvironnementales et de rétablir le pluralisme et la liberté syndicale. »

En maintenant l’ASRA pour les grandes productions, même avec modifications, et en épongeant le déficit accumulé, le Gouvernement a fait preuve de compréhension à l’égard des grandes fédérations de producteurs de l’UPA qui doivent s’adapter rapidement à des marchés exigeants. Il faut espérer maintenant qu’elles sauront à leur tour, au cours des prochains mois, collaborer à la réforme et faire preuve d’autant de compréhension à l’égard de ceux qui veulent une agriculture de territoire.

La Coalition SOS-Pronovost réclame la mise en œuvre sans délai des recommandations du Rapport Pronovost sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois : ses principaux appuis sont les suivants : Coalition pour un Québec des Régions, Union paysanne, Union des consommateurs, Greenpeace, Les Ami(e)s de la Terre, Québec solidaire, Parti vert du Québec, Avenue Bio de l’Est, Manger Santé Bio, Banques alimentaires et Jardins collectifs du Québec,  Décroissance conviviale, Groupe de recherche écologique de la Baie,  Groupe de réflexion et d'action sur le paysage et le patrimoine, Fermes, Artisans, Collectifs d’agriculteurs  et Personnalités concernées). www.libererlesquebecs.com