Négos du secteur public : Diviser pour régner

2009/12/09 | Par Monique Pauzé

L’auteure est présidente du Syndicat de l’enseignement de Champlain (CSQ)

Les conventions collectives du secteur public viennent à échéance le 31 mars 2010. Le Front commun syndical a décidé de négocier avec célérité en respectant les dispositions législatives qui encadrent les négociations du secteur public.

Cependant, même si nous visons une négociation de courte durée, nous ne contrôlons pas les agissements de la partie patronale. Plusieurs éléments peuvent surgir en cours de route et avoir un effet sur la durée de ce processus. Notre objectif c’est d’abord et avant tout une convention négociée, signée et satisfaisante.

Actuellement, les délais sont respectés. Les dépôts sectoriels patronaux, soit les offres et demandes du gouvernement concernant nos conditions de travail, en tant que personnel de soutien ou personnel enseignant, sont déposés le 9 décembre.

Pour l’intersectoriel, soit la retraite, les droits parentaux, les salaires, le dépôt patronal du 30 novembre est incomplet et confus. Le texte a été livré sans explication. Le 11 décembre, une rencontre patronale-syndicale aura lieu pour éclaircir le contenu de ce dépôt.

Ce qu’on peut dire actuellement, c’est que Mme Gagnon-Tremblay n’agit pas de sorte qu’il y ait entente le 31 mars prochain.

Mais il faut savoir faire des liens. Ainsi, les journalistes Alain Dubuc et Michel Hébert (à Québec) nous permettent d’entrevoir le pire!

Pour Alain Dubuc, les problèmes d’organisation du travail sont le fait de conventions trop lourdes, un argument martelé depuis des décennies. Mais la nouveauté chez Alain Dubuc, c’est que le personnel enseignant et les professionnels de la santé devraient obtenir des hausses supérieures aux autres travailleuses et travailleurs.

Il écrit : « Le gouvernement devrait donc consentir davantage à ceux et celles qu’il valorise ou dont il a besoin ». Il a besoin de personnel enseignant, mais il semble oublier que le personnel enseignant a besoin des concierges, des techniciennes en éducation spécialisée, des personnes dans les services de garde, du personnel de secrétariat, etc.

Ces classes d’emploi, ne mériteraient pas de hausses salariales ? Ni les fonctionnaires? Ni le soutien en santé? Quelle belle façon de fissurer le front commun !

Mais pourquoi s’arrêter en chemin. Tant qu’à y être pourquoi ne pas diviser aussi le personnel enseignant ? Michel Hébert rapporte les paroles de la ministre de l’Éducation, Mme Courchesne. Elle déplore que la moindre activité soit « minutée », que les conventions collectives soient particulièrement rigides, que les jeunes enseignants, plus motivés et plus efficaces, ne soient pas récompensés pour leurs efforts additionnels !!!

Enfin, ajoute-t-elle, « ceux qui donnent plus devraient pouvoir recevoir plus ». Et ne voilà tu pas poindre la « paye au mérite » et, pourquoi pas?, comme aux États-Unis, la paye selon la réussite de nos élèves !!!

Et voilà, nous y sommes enfin.

475 000 personnes qui se solidarisent pour revendiquer leur juste part.

475 000 personnes qui refusent de faire les frais de la crise économique. 475 000 personnes qui dénoncent les concessions fiscales du gouvernement, son inaction à l’égard des fraudeurs qui le privent de rentrées fiscales.

ÇA FAIT PEUR.

Il faut donc tout faire pour les diviser. Nous en sommes conscients et nous ne nous laisserons pas faire !