Gentilly-2 : Quand on sait compter, on compte tout !

2009/12/18 | Par Pierre-André Julien

L’auteur est docteur en économie à l’Institut de recherche sur les PME, de l’Université du Québec à Trois-Rivières

La ministre Normandeau s'en est prise la semaine passée au Parti québécois qui s’oppose à la réfection de la centrale Gentilly-2 sous prétexte que ce rejet mènerait 800 familles au chômage dans la région.

Ce qu’elle oublie de rappeler, toutefois, c’est que ce projet coûtera au minimum deux milliards de dollars, soit 2 500 000 $ par travailleur sur deux ans.

Si nous utilisions autrement la moitié de cette somme, nous pourrions soutenir la création de 11 000 emplois dans des PME, puisqu’il en coûte moins de 18 000 $ pour ce faire, à l’encontre des grandes entreprises, dont chaque emploi coûte en moyenne plus d’un million de dollars.

Avec le milliard restant, nous pourrions éponger une partie de l’énorme dette que la réponse à la récession  du gouvernement Charest est en train de nous laisser. Il est vrai que cette dette pourrait encore plus baisser sans augmentation des tarifs d’électricité, comme le planifie ce gouvernement, si les contrats de constructions de route et de viaducs n’étaient pas entachés de corruption et baissaient ainsi au même prix que dans les autres provinces, épargnant ainsi plusieurs milliards par année. Et les tarifs bas ne peuvent qu’encourager l’arrivée de nouvelles entreprises avides d’énergie, créant encore plus d’emplois.

Ajoutons à ces sommes les trois ou quatre milliards pour le démantèlement de cette centrale dans vingt ans et plus de dix milliards pour gérer les déchets nucléaires durant plusieurs centaines d’années, tout cela pour mois de 2,4% de la production énergétique au Québec.

Avec ces dizaines de milliards, ce sont des milliers d’emplois qui pourraient être créés avec la rénovation des bâtiments mal isolés, la construction de plus d’éoliennes et la multiplication des panneaux solaires sur tous les édifices gouvernementaux; ou encore, ce sont d’autres économies fantastiques pour payer la dette.

Et toute cette stratégie diminuerait le risque attaché à toute centrale nucléaire, comme on l’a vu avec les accidents de Chalk River en 1952, de Windskale en 1957, de Détroit en 1966, de Three Miles Island en 1979, de Pickering en 1983, de Tchernobyl en 1986, dont certains continuent à tuer systématiquement du monde.

Quand on compte, Madame la ministre, on inclut tous les chiffres. Sinon, cela s’appelle de la manipulation.