De la culpabilisation à l’intolérance

2009/12/19 | Par Robin Philpot

Un homme refuse de se faire servir par une femme, immigrante et musulmane, qui travaille dans le secteur public québécois. On le félicite, on sympathise avec l’homme et on fustige la Commission des droits qui juge sa plainte irrecevable, et ce au nom d’une laïcité que revendiquerait le peuple québécois et, tenez-vous bien, du féminisme !

Une étude dite scientifique — tellement scientifique qu’on cite en longueur Richard Martineau et Mario Dumont — s’élève contre l’idée qu’un professeur soit invité à sévir contre un élève qui fait des remarques désobligeantes sur les pratiques religieuses d’autres élèves, ou des parents de ceux-ci. Certains accueillent favorablement cette étude au nom d’une certaine idée de la nation.

Depuis quand est-il devenu de bon ton d’être ainsi intolérant ? Depuis quand est-il devenu de bon ton d’insulter nos concitoyens, d’inviter les élèves — les jeunes ne font jamais dans la dentelle — à critiquer les pratiques religieuses ou culturelles des autres ?

Dans les années 1930, un petit nombre de Québécois ont fait des gestes disgracieux à l’égard des Juifs. Et malgré l’énorme poutre dans l’œil du Canada anglais, ce dernier n’a jamais permis au Québec d’oublier cette paille dans son oeil. Les Juifs d’hier sont les Musulmans d’aujourd’hui.
Depuis un certain discours du soir du 30 octobre 1995, nous sommes passés d’abord par 10 ans de culpabilisation insensée et débilitante avant de tomber dans une recherche identitaire qui semble carburer à l’intolérance. Ce sont des diversions, deux côtés d’une même médaille. Et nos adversaires sont morts de rire.
Faire un pays, c’est ratisser large, c’est embrasser l’autre dans un grand projet ambitieux, généreux et emballant. Les Bourgault, Lévesque et Laurin nous manquent terriblement! Une chance que Jacques Parizeau a encore sa plume.

Montréal, le 18 décembre 2009