Recherche sur les armements

2010/02/11 | Par L’aut’journal 

Étudiants et citoyens dénoncent la décision de l’administration de McGill de retirer la transparence de ses politiques institutionnelles d’encadrement de recherche. Les nombreux projets de recherche ayant des répercussions néfastes pour la société, tels que les projets à vocation militaire de développement d’explosifs et d’autres technologies de l’armement, vont se poursuivre alors que le public ne pourra plus en être informé.

La nouvelle politique de recherche qui sera adoptée a déjà fait l’objet de vives critiques, puisqu’elle implique le retrait total de l’encadrement éthique et de la transparence des recherches financées par l’industrie militaire.

Un grand nombre d’étudiants membres du Sénat de McGill ont exprimés leur opposition à son adoption : « Nous pouvons nous entendre pour dire que McGill doit s’efforcer d’être un leader au sein du G-13 » a déclaré la sénatrice Sarah Woolf en faisant référence au regroupement des 13 universités canadiennes les plus actives en recherche.

« Or, retirer cette clause est un pas dans la mauvaise direction et ne démontre aucun leadership. Au contraire, il s’agit plutôt d’une indication que nous nous efforçons d’être aussi attrayants que possibles envers d’éventuels bailleurs de fonds … aux dépends de notre éthique. »

En février 1988, McGill a amendé sa politique de recherche pour y inclure des articles encadrant les recherches financées par les agences militaires. Cette adoption s’est inscrit en réaction à la pression de la communauté académique contre les contrats de recherches accordés par l’armée américaine à des professeurs de McGill pour des recherches sur les explosifs air-carburant, ainsi qu’à une occupation de 6 jours des bureaux administratifs par des protestataires en 1987.

La recherche dévastatrice en collaboration avec l’armée canadienne et américaine se poursuit toujours à McGill et a été l’objet d’actions étudiantes, dont une résolution d’assemblée générale adoptée en février 2009 qui mandate l’Association étudiante de l’Université McGill de s’opposer à toute implication de l’institution dans le développement d’explosifs thermobariques (un type d’arme meurtrier présentement utilisé en Irak et en Afghanistan), ainsi qu’une résolution de l’Association des étudiants de 2e et 3e cycle qui préconise « l’encadrement éthique et la transparence envers le publique de toute recherche à McGill financée par, ou effectuée an collaboration avec, une agence militaire ».

Demilitarize McGill a mis de l’avant des amendements à la nouvelle politique de recherche et a rencontré le Doyen responsable de la recherche William Foster pour partager ses préoccupations. D’après le groupe, il s’agissait là d’une occasion de régler de nombreuses failles dans la politique précédente, mais il est vite devenu évident que les gestionnaires à l’origine de ce changement avaient pour seule intention de déréglementer entièrement la recherche financée par le secteur militaire à McGill.

Les efforts déployés par Demilitarize McGill pour inciter l’administration à adopter des considérations éthiques sont restés sans réponse.

« Cette section de la politique en lien avec la recherche militaire est unique au Canada et est le résultat d’un militantisme étudiant actif », affirme Cleve Higgins, un militant de Demilitarize McGill. « Alors que le complexe militaire canadien continue de croître, il est de la plus grande importance que cette politique soit renforcée, pas éradiquée ! ».

Une copie de la Politique de règlements sur la conduite de la recherche qui sera adoptée le 10 février est disponible en ligne, alors que la politique actuelle, renfermant les sections 10 et 11 portant sur la recherche militaire, est disponible dans l’annexe C-2 de ce document.