Les contorsionnistes de la laïcité

2010/03/17 | Par Robin Philpot

Le diable – qui n’existe plus – est dans les détails, dit-on. Les députés de l’Assemblée nationale ont voté à l’unanimité en faveur du maintien du crucifix dans l’Assemblée nationale, à l’endroit même où le grand protecteur de notre héritage collectif, Maurice Duplessis, l’a fait mettre dans les années 1930 pour sceller son alliance avec l’Église catholique.

Aujourd’hui, un groupe d’intellectuels, s’opposant à la laïcité ouverte, propose une laïcité complète de l’État québécois et de l’ensemble de sa fonction publique.

À la lumière du vote des députés de l’Assemblée nationale, il est à se demander comment une telle charte sera adoptée : ça va prendre des contorsions politiques et intellectuelles dignes du Cirque du soleil. Mais nous habitons le presque pays qui a vu naître ce cirque, donc nous y arriverons sûrement.

Mais les détails ? Nous remercierons toutes ces femmes qui portent le foulard qui enseignent dans les écoles publiques laïques, telles Cœur immaculée de Marie, Marie de l’Incarnation et autres Notre-Dame-du-perpétuel-secours? Oui, après tout, n’a-t-on pas déjà trop de monde dans l’éducation ?

Elles n’ont qu’à enseigner dans des écoles privées qui viendront sûrement. Nous remercierons toutes ces femmes qui portent le foulard dans ces hôpitaux public laïcs, Sainte-Justine, Hôtel-Dieux, Sacré-Cœur et autres Notre-Dame ? Oui, bien sûr, la pénurie d’infirmières n’est qu’un leurre ! Elles iront dans le privé aussi.

Enfin, inspirons-nous de France. Là, on s’accommode très bien des femmes qui portent le foulard tout en état « agents de l’État » : elles y ont droit mais seulement quand elles font le ménage!