Old Harry P.Q. !

2010/03/22 | Par Raymond Gauthier

 
Raymond Gauthier

C’est le branle-bas au PQ. Il aura fallu que Corridor Resources (un prospecteur pétrolier d’Halifax) décide de traverser la ligne fictive, tracée sur les eaux du Golfe au-dessus du fond Old Harry (80km des Îles), qui sépare le territoire soi-disant québécois du territoire soi-disant terre-neuvien pour que «les voix fortes qui portent la cause souverainiste » ne repartent en peur et grimpent dans les rideaux.

Et ce, après avoir tenté de camoufler leur soif d’indépendance énergétique galvaudée (1) sous une burqa verdâtre (voir les beaux messages sur le pétrole vert qu’on va produire nous-mêmes, plutôt que d’importer au gros prix le pétrole sale des autres : http://independanceenergetique.org/). La belle façon de s’enrichir pour les Québécois ! On n’est pas plusse pire que les Albertains, après tout.

Voilà-t-y pas que le prospecteur en question est tanné d’attendre, depuis 5-6 ans, que la vieille chicane de clôture finisse entre Québec et Ottawa sur la propriété des fonds marins à l’Est d’Anticosti.

Un enjeu important derrière la chicane : le partage des redevances alléchantes que pourraient retirer les gouvernements concernés si un puits de pompage révélait l’authenticité des réserves mirobolantes de combustibles fossiles qu’on estime pouvoir trouver dans les tréfonds du Golfe.

Il n’en fallait pas plus donc pour que le flambeau du gaz naturel ne se rallume au PQ. Dans un communiqué daté du 16 mars, le PQ met en garde les Québécois : l’inaction du gouvernement Charest va leur coûter cher.



« Ainsi, on pourrait voir la réserve être pompée du côté de Terre-Neuve et provoquer des conséquences environnementales dont nous ignorons l’ampleur. De plus, cela se ferait sous notre nez, sans avoir un mot à dire et sans toucher un sou de redevances. À ne rien faire comme le fait le gouvernement libéral dans un secteur aussi stratégique, on risque de perdre sur tous les tableaux 
», craint Sylvain Gaudreault, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'énergie.

Heureusement pour les Québécois (!), le gouvernement et l’opposition officielle ont pris l’affaire en mains et se sont mis d’accord pour présenter une motion commune, invitant l’Assemblée nationale à presser unanimement le gouvernement fédéral à régler le litige. Mais le méchant Amir Khadir leur a joué dans les pattes.

En tant que Madelinot, je remercie Monsieur Amir Khadir d'avoir eu le courage de s'opposer à la motion conjointe PLQ-PQ visant à porter les revendications du Québec jusqu'à Ottawa. Il faut qu'il y ait quelqu'un qui se tienne debout chez les politiciens. Les clowns qui se narguent à l'Assemblée nationale ne nous font pas rire.

Même si je suis critique vis-à-vis certaines des positions de QS et que je ne me prive pas de le leur faire savoir, je sais reconnaître l'engagement sincère de ce parti envers les énergies renouvelables et sa vision quant à l'indépendance du Québec en matière de non pétrole, comme dit Jean-François Lizée.

Contrairement au PQ qui n'a de vert que la couleur sur son logo et qui se gargarise de l'expression « indépendance énergétique » pour camoufler son manque de vision en la matière.

Nous avons besoin, aux Îles de la Madeleine, d'un député qui défende devant l'Assemblée nationale nos intérêts face à la menace que représente pour nous l'imminence de l’exploitation d'hydrocarbures dans le Golfe Saint-Laurent, que l'on pompe du côté terre-neuvien ou québécois.

Amir Khadir est le premier député à le faire : le nôtre, qu'il ait été péquiste (l'ex député Maxime Arseneau) ou qu’il soit libéral (l'actuel député Germain Chevarie), c'est du pareil au même : la complaisance face à la ligne de leur parti.

Ainsi bâillonnés, ils sont incapables de défendre même s’ils le voulaient les véritables intérêts de leur population, dans l'optique d'un développement endurable.

Ce ne sont peut-être pas les propres électeurs de Khadir qui le supportent dans sa résistance envers la mise en valeur des ressources fossiles du golfe Saint-Laurent – quoique les énergies renouvelables puissent les intéresser, ça ne se passe pas dans leur cour – mais ce député insulaire montréalais défend fort bien l'intérêt des insulaires Madelinots, qu'ils soient écolos ou simplement préoccupés de la préservation des ressources renouvelables qui les font vivre et de la qualité de vie qui est encore la leur.

Même si, dans les faits, les îles de la Madeleine c’est très loin de chez-lui. Un Québec indépendant, ça commence par la libération des énergies sales !

L'indépendance énergétique du Québec, ça veut dire se libérer des énergies sales, pas substituer nos « propres » énergies sales à celle que nous importons d’ailleurs.

Dans le contexte planétaire actuel, il importe d’exploiter au maximum des ressources énergétiques renouvelables (nous avons d’ailleurs ici, sans prétention, des gisements de vent exceptionnels) pour sortir au plus sacrant de notre dépendance aux énergies fossiles.

(1) Pour une véritable signification du terme, voir : L’avenir du Québec passe par l’indépendance énergétique, par Normand Mousseau, Éditions MultiMondes, 2009. Mousseau propose plutôt au Québec d’abandonner le pétrole : « …avec 50 % de son énergie provenant déjà de sources renouvelables, le Québec est particulièrement bien placé pour devenir la première grande économie à abandonner le pétrole et à atteindre l’indépendance énergétique.»