Sous-traitance dans la fonction publique

2010/03/23 | Par L’aut’journal 

Le recours à la sous-traitance par le gouvernement du Québec entraîne des coûts supplémentaires très élevés. C'est ce que démontre une analyse d'un échantillonnage de contrats faite par les deux plus grands syndicats de la fonction publique québécoise : le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) et le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

Pour ces seuls contrats, le coût supplémentaire est d'au-delà de 15 millions de dollars. « Le gouvernement nous dit qu'il faut se serrer la ceinture et pourtant il paye beaucoup plus cher en ayant recours au privé », affirme le président du SPGQ, monsieur Gilles Dussault.

Tous les contrats analysés ont une caractéristique commune : la raison invoquée pour recourir au privé est le manque de main-d'œuvre.

« Depuis plusieurs années, nous alertons le gouvernement sur les dangers de l'attrition aveugle de la fonction publique. Les chiffres que nous présentons aujourd'hui font la démonstration noir sur blanc que c'est un très mauvais choix pour les finances publiques », ajoute la présidente du SFPQ, madame Lucie Martineau.

« On a la preuve qu'on coûte beaucoup moins cher que le privé, sans compter qu'on livre des services publics de meilleure qualité », poursuit-elle.

Le gouvernement s'est placé dans une situation de vulnérabilité parce qu'il a choisi de couper dans ses effectifs. Des savoir-faire et des expertises précieuses quittent pour la retraite sans être remplacés. Des jeunes talentueux vont vers d'autres employeurs. Les entreprises privées ont alors beau jeu d'exiger des sommes élevées pour faire ce que le gouvernement n'est plus en mesure de faire.

« Dans la sous-traitance, les tarifs horaires sont beaucoup plus élevés que nos salaires », précise Lucie Martineau, qui invite le gouvernement à bonifier ses offres, autant dans l'intérêt des deux parties que de la population qui sera gagnante parce qu'elle sera mieux servie à meilleur coût.

La présidente du SFPQ souhaite que les deux parties s'entendent pour donner la priorité à l'utilisation des employées et employés du gouvernement à coût égal ou moindre. « Nous sommes convaincus que cela sauverait des dizaines de millions de dollars chaque année », insiste-t-elle.

Les coûts supplémentaires des contrats de sous-traitance analysés varient entre 797 000 $ et 3,8 M $. Rappelons qu'il s'est donné environ 1,4 milliard de dollars en sous-traitance l'an passé.

« Il y a là une marge de manœuvre suffisante pour améliorer les offres déposées sur nos tables et cesser de demander des concessions aux employées et employés de la fonction publique. Si le gouvernement a à cœur le portefeuille des Québécoises et des Québécois comme il le prétend, il va faire en sorte d'être concurrentiel sur le marché de l'emploi », conclut Gilles Dussault.

Le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) représente près de 40 000 personnes à l'emploi du gouvernement du Québec dans les catégories d'emplois: personnel de bureau, techniciens et ouvriers. Le SPGQ est le plus grand syndicat de professionnelles et professionnels du Québec. Il représente quelque 21 000 personnes, soit plus de 18 000 de la fonction publique et environ 3000 provenant des sociétés d'État, des réseaux de l'éducation et de la santé du Québec, regroupées dans 37 unités de négociation.

Source : SFPQ et SPGQ