Légitimation du coup d’état au Honduras

2010/03/29 | Par Jean-Guy Allard

L’auteur est journaliste à l’agence de presse Granma

Le patron des quotidiens honduriens El Heraldo et La Prensa, Jorge Canahuati Larach, qui a représenté la presse de son pays à la dernière assemblée générale de la Société interaméricaine de presse (SIP), a payé la campagne de relations publiques aux États-Unis destinée à légitimer le coup d’État, selon une enquête du journal hondurien El Libertador effectuée à la Chambre des représentants et au Sénat nord-américains.

Au cours de la dernière assemblée générale de la SIP, l’association des patrons d’organes de presse commerciaux,  réalisée à Buenos Aires, Canahuati a décrit la presse du Honduras, où la police et l’armée frappaient et tuaient des manifestants, comme victime d’une série d’attaques « des deux bandes en conflit, particulièrement des artisans de Zelaya ».

À Washington, Canahuati a partagé le paiement d’une note de 28 000 dollars des cabinets de lobbying  avec le partenaire principal de la banque Ficohsa, Camilo Atala, et le président des manufacturiers Jesús Canahuati, tous les deux partisans actifs du régime de Roberto Micheletti.

El Libertador précise que l’on a vérifié les noms et les entreprises liées au financement du coup d’État contre le président Zelaya en suivant les pistes du Lobbying and Disclosure Act, un registre des activités des lobbyistes maintenu depuis 1995 aux États-Unis.

« Les firmes embauchées à Washington par les entrepreneurs putschistes honduriens sont Orrick, Herrington & Sutcliffe LLP, Vision Americas et Cormac Group, auxquelles on a payé près de 28 000 dollars pour qu’elles effectuent leur travail de lobby auprès du Département d’État, du Conseil national de sécurité, de la Chambre des représentants et du Sénat des États-Unis », confirme El Libertador qui précise que l’on désigne spécialement comme lobbyistes Lanny Davis et Adam Goldberg, deux conseillers de l’ex-président Bill Clinton.

 

VIVANCO ET LA SIP JETTENT LE MASQUE

Dans les prochains jours, la SIP honorera José Miguel Vivanco, directeur pour les Amériques de l’organisation nord-américaine Human Rights Watch (HRW), également associé à la CIA, qui se distingue par ses interventions agressives contre les pays progressistes de l’Amérique latine.

Le chef de la SIP, le directeur du Diario Las Américas (extrême-droite), Alejandro Aguirre, remettra le Gran Prix Chapultepec 2010 à Vivanco, au cours d’une réunion qui aura lieu à  Aruba.

Le même prix a été accordé dans les dernières années à Arthur O. Sulzberger, le patron de The New York Times Company; Santiago Cantón, de la soi-disant Commission interaméricaine des droits de l’homme, et à la Banque mondiale.

Vivanco, un ex-fonctionnaire de Pinochet à l’OEA converti en défenseur de la version étasunienne des droits de la personne, a été expulsé du Venezuela il y a quelques mois après la présentation d’un rapport de son organisation qui diffamait de façon grossière la Révolution bolivarienne.

Vivanco, selon un communiqué de la SIP, a été sélectionné « en raison de son travail remarquable dans la défense de la liberté d’expression ».

Avant de faire son apparition à la Human Rights Watch, groupe connu pour ses interventions parallèles à celles du Département d’État nord-américain,  Vivanco a été délégué du gouvernement chilien pinochettiste à  la Commission des Droits de l’homme de l’OEA.

Après la remise du prix, signale la SIP, Vivanco participera au panel Liberté de presse en Amérique latine. Dans son intervention, il mettra « une emphase particulière sur le Venezuela », précise le communiqué émis depuis Miami.

Comme d’habitude, cet évènement médatique de la SIP réunira quelque 250 propriétaires de médias commerciaux avec leurs accompagnateurs.

La réunion se tiendra au luxueux hôtel Westin Aruba Resort de Oranjestad, la capitale de cette colonie néerlandaise autonome, au nord-ouest du Venezuela.

Selon les organisateurs,  on analysera « de façon exclusive » les « stratégies et façons d’aider » les organes de presse de Haïti, ce qui laisse supposer une forme d’ingérence.

Il y a quelques mois, à son assemblée de Buenos Aires, la SIP a choisi comme président  Alejandro Aguirre, el fils du fondateur du Diario Las Américas, dont le père, Horacio Aguirre Baca, de Miami, a été un des plus actifs collaborateurs du colonel Jules Dubois, dans l’opération effectuée par la CIA pour séquestrer la SIP, entre 1948 et 1950.