Campagne contre Cuba

2010/05/03 | Par Jean-Guy Allard

La campagne de propagande contre Cuba qui inonde depuis quelques semaines la presse commerciale d’Europe se caractérise par un vaste déploiement du personnel Cuba de la CIA. Vieille partenaire de la Compagnie, la Fondation Konrad Adenauer (Konrad Adenauer Stiftung - KAS), vient de le démontrer à Bruxelles  où elle a organisé une « conférence »  dont les participants proviennent en majorité du « staff » Amérique  Latine de l’Agence de Langley.

Le show médiatique que la KAS a organisé dans la capitale belge contre Cuba, au très exclusif Cercle Royal Gaulois, en logeant ses invités au peu prolétaire Best Western Premier Park Hotel Brussels, a eu comme objectif évident d’éviter que la présidence  (espagnole) de l’UE ne change la position commune européenne envers La Havane qu’a implantée en son temps le phalangiste José María Aznar.

Pour qui ne connaît rien de la fondation berlinoise de la Klingelhöferstrasse, ce forum sur le thème de Cuba intitulé de façon quel que peu énigmatique  « Cuba-UE: entre le pragmatisme et les valeurs » peut paraître légitime.

Mais pour qui connaît ceux qui le convoquent et le noyautent, il est clair que l’on est en présence d’une intervention de plus des renseignements américains sur le terrain de la politique globale de l’Europe.

À Bruxelles, la KAS a confirmé la permanence active de ses liens avec la CIA en inscrivant comme principaux acteurs de son programme des individus aussi identifiés aux opération des services nord-américains que Yaxis Cires Dib, qui s’auto-proclame  pompeusement secrétaire adjoint des Relations extérieures du Parti Démocrate-chrétien (PDC), parti fantôme comme la CIA en a créé des dizaines, et Julio Hernández, « chef  à vie » du Mouvement chrétien Libération.

Dans différentes publications subventionnées par le Département d’État, le nom de Cires avoisine ceux d’agents et de terroristes tels que Ángel De Fana et Frank Calzón, tous deux associés à la propagande anti-cubaine depuis des décennies.

Quant au « mouvement » de Hernández il est conformé « par lui-même, sa femme et son chat », précise avec humour une source au courant de ses activités.

 

« ELLES FONCTIONNENT DANS UN SECRET PRESQUE TOTAL »

Dans son livre «La CIA en Espagne», (Editorial Debate – Madrid, 2007) le chercheur madrilène bien connu Alfredo Grimaldos, signale comment les « fondations allemandes ont des programmes dans une soixantaine de pays et dépensent près de 150 millions de dollars » et précise-t-il: « Elles fonctionnent dans un secret presque total ».

Grimaldos cite l’ex agent de la CIA Philip Agee qui révélait à la revue Zona Céro, en mars 1987, que dans le «Programme Démocratie », élaboré par l’Agence, les fondations allemandes ont été utilisées « pour canaliser l’argent de la CIA »vers des organisations politiques favorables aux intérêts nord-américains.

Pour sa part, l’avocate et journaliste vénézolano-américaine Eva Golinger signale comment cette fondation « a aussi réalisé un travail pour aider à isoler et déstabiliser la Révolution cubaine depuis les années 60, et est très liée à la Fondation nationale cubano-américaine (FNCA) et au Center for a Free Cuba (de Frank Calzón), tous deux financés en grande partie par la NED et la USAID ».

« La Konrad Adenauer finance et travaille aussi avec les mouvements de droite (la « démocratie-chrétienne ») dans l’ancien bloc soviétique et a appuyé, avec les agences de Washington, les « révolutions de couleur » en Géorgie, en Ukraine et en Serbie, entre autres pays européens”, précise-t-elle.

Filiale du parti politique allemand Union Démocrate Chrétienne (CDU), la KAS a été créée  en 1956 sous le nom de « Société de formation politique Démocrate Chrétienne » pour ensuite récupérer l’identité du défunt chancelier allemand Konrad Adenauer.

Plus important think tank allemand, son budget annuel atteint les 100 millions d’euros, provenant en majeure partie des poches des contribuables.

La KAS finance les partis politiques, ONG et toute organisation dans le monde qui fait la promotion des intérêts de la droite corporative internationale avec l’appui secret des États-Unis.

La fondation fait partie du World Movement for Democracy créé par la National Endowment for Democracy, fonds nord-américain financé par la USAID, façade principale de la CIA dans le monde, dénoncée pour ses incessantes interventions en Amérique latine ou elle finance ouvertement la subversion et la déstabilisation.

La KAS maintient des bureaux et du personnel dans plusieurs pays du continent latino-américain en plus de subventionner ses opérations à Cuba en appui constant aux plans conspiratifs ou se fait voir la « patte velue » de l’Agence centrale de renseignement (CIA) des États-Unis.

L’étroite collaboration de la KAS avec la FAES de Aznar et sa relation avec le terroriste fugitif de la justice cubaine Carlos Alberto Montaner, sont aussi éloquentes.

Propagandiste principal du personnel de la CIA tant en Europe qu’en Amérique Latine, Montaner a participé à des séminaires de la KAS, et de la fondation du Parti Libéral allemand, la Friedrich Nauman Stiftung, qui ont toujours rémunéré avec générosité ses « performances ».

Autre information encore plus significative qui dit tout au sujet des appels à la démocratie de fondation multimillionnaire allemande dans sa campagne contre Cuba: au Venezuela, la KAS a appuyé et demeure derrière le parti néofasciste Primero Justicia qui a  participé activement au coup d’état d’avril 2002 contre le Président Hugo Chávez

Selon l’étasunien d’extrême-droite Chris Sabatini, Primero Justicia était le partenaire principal au Venezuela de l’Institut républicain international (IRI), organisation subventionnée à coups de millions par la NED.

L’organisation Primero Justicia a été la créature de nul autre que le putschiste Alejandro Peña Esclusa, aujourd’hui chef de UnoAmérica, l’organisation fasciste latino-américaine promue par d’ex militaires de l’Opération Condor et complice d’actions terroristes.

Peña Esclusa, installé en Colombie, a conseillé les  militaires et entrepreneurs putschistes honduriens aux côtés des stratèges les plus fanatiques de Washington tels que Otto Reich, Roger Noriega et Dan Fisk. Une tâche à laquelle s’est consacré – quel hasard! –Montaner et son vieux complice terroriste, Armando Valladares.