Sommet du millénaire de Montréal

2010/05/07 | Par Nadia Alexan

L’auteure est fondatrice d’Action citoyenne

J’étais enchantée de recevoir un billet de faveur d’une valeur de 100 $ pour assister, le 22 avril dernier à l’occasion du Jour de la Terre, au Sommet du millénaire de Montréal, qui portait notamment sur la réduction de la pauvreté.

Ce sommet international réunissait des personnalités telles qu’Al Gore, ancien vice-président des États-Unis et leader en matière d’environnement – qui a produit le célèbre documentaire intitulé Une vérité qui dérange , et Sarah Ferguson, duchesse d’York.

Cependant, mon enthousiasme s’est refroidi lorsque tous ces conférenciers de renom ont évoqué les ravages de la pauvreté sans jamais en nommer les causes!

Sarah Ferguson a même chanté les louanges de la société Coca Cola parce que cette dernière a créé une boisson dont le produit servira à la reconstruction d’Haïti.

Elle a cependant omis de dire qu’en Amérique latine cette multinationale supprime quiconque essaie de syndicaliser les travailleurs, qui gagnent des salaires de misère et sont pratiquement ses esclaves.

Mme Ferguson n’a pas parlé de la destruction et de l’appauvrissement des terres ni de la contamination de l’eau, qui surviennent partout où Coca Cola s’installe, sans compter que cette entreprise se consacre à la production d’une boisson inutile sur le plan nutritionnel et nocive pour la santé.

En outre, les commanditaires de cet événement, notamment Rio Tinto Alcan et le Groupe Investors, comptent eux-mêmes parmi les responsables des énormes disparités entre riches et pauvres.

Ces entreprises s’opposent à toute réglementation édictée par les gouvernements pour distribuer équitablement la richesse, dissimulent leur argent dans des paradis fiscaux, exigent des subventions alors qu’elles génèrent des profits record, créent des emplois précaires assortis d’un salaire minimum et n’offrant aucune assurance médicale, aucun régime de retraite ni aucun filet de sécurité.

Le sommet a occulté la cupidité du secteur financier et des spéculateurs de ce casino qu’on appelle la bourse, qui engendrent des crises économiques successives. La pauvreté ne tombe pas du ciel : il y a toujours une relation de cause à effet!

Les conférenciers ont décrié les conséquences de la mondialisation sans jamais pointer du doigt les causes ou les coupables de l’appauvrissement de la moitié de la population, soit trois milliards de personnes, qui doivent assurer leur subsistance avec l’équivalent d’un ou deux dollars par jour, sans eau potable ni alimentation ou habitation adéquates.

Les conférenciers n’ont pas montré le lien entre la pollution causée par les entreprises d’une part, et la dévastation de l’environnement et la pauvreté d’autre part.

Et bien que le sommet ait été annoncé comme un forum d’échange entre les groupes communautaires, lesquels travaillent avec acharnement à éradiquer la pauvreté, et les décideurs, aucun microphone n’était fourni et les intervenants du milieu communautaire ont dû s’en tenir à un rôle de spectateurs.

Au lieu d’engendrer une discussion fructueuse entre les différents acteurs, ce forum a servi les intérêts des entreprises impliquées. Son organisateur, Daniel Germain, est peut-être bien intentionné, mais il ne comprend pas que la charité ne suffit pas. La philanthropie doit être appuyée par la justice sociale.