Quand la poésie devient un hurlement d'animal

2010/05/21 | Par Kevin Williamson

Musicien de formation, Frans Ben Callado oeuvre comme pianiste et compositeur sur la scène musicale contemporaine montréalaise. En 2007, il publiait son premier recueil de poésie, Visage après l'averse, aux éditions Poètes de Brousse et en 2010, Faire confiance à un animal paraissait chez le même éditeur.

Avec son nouveau recueil, Callado propose une vision du monde contemporain et de son vide apeurant frôlant le pessimisme. Avec ses proses poétiques, le poète dresse une fresque de notre société technologique et virtuelle en n'épargnant rien au passage.

Passant par le gouvernement et l'individu qui ne sait plus où donner de la tête dans ce monde trop plein d'informations. Proposant de ne plus être un cadavre vivant subissant le sort du monde puisque «nous sommes assis sur la pire planète».

La poésie de Callado demeure une quête de beauté et d'authenticité. Il sait utiliser les mots sans les rendre lyriques, sans rendre le propos dramatique.

Seulement, ses proses nous transpercent pour pousser à réfléchir à notre existence et à ne plus bouger pour rien, car « rien ne vaut le frôlement des corps amoureux ».

Vers la fin du recueil, Callado se penche sur le pays avec un espoir tangible: « un tel sacrifice ne peut pas s'en aller sans laisser des traces fleuries [...] un tel sacrifice ne peut que faire pousser le langage nécessaire, mettre à bas l'identité entre les jambes du peuple ».

Notons plusieurs citations dans le recueil, Félix Leclerc, Pierre Vallières, Roland Barthes en passant par le porte-parole de la SPVM et la vice présidente de Virginia Tech. Sans oublier Platon, Cioran et Paul Cézanne pour permettre une densité phénoménale aux poèmes.

Une mention spéciale pour les illustrations d'Arnaud Soly, celles-ci nous font vibrer au rythme de la peur, de la colère et des blessures de Callado.

En somme, Faire confiance à un animal reste un recueil pertinent dans notre époque où les humains s'entre-tuent et ne savent plus quoi faire de leur peau. Un cri de douleur et un hymne à l'amour qui laisse une trace indélébile dans le cerveau du lecteur. Et surtout, il ne faut pas oublier que: « nos vies sont des bombes à faire exploser savamment. »