La taxe bancaire serait morte? Vive la taxe Robin des bois!

2010/06/11 | Par Catherine Caron

Stephen Harper est supposément préoccupé par la santé des femmes et des enfants, comme on le sait. Sur son site, en lien avec les priorités du Canada au sein du G8/G20, il le dit lui-même : «Trop de vies se sont éteintes et trop d'avenirs ont été brisés par manque de solutions simples. Les solutions ne sont pas coûteuses.»

Or, son gouvernement fait obstruction à une mesure importante qui doit être discutée lors des rencontres du G8/G20 à la fin juin (non, il n’y a pas que la taxe bancaire). Il s’agit de la taxe sur les transactions financières, désormais connue aussi sous le nom de taxe Robin des bois.

En voilà une solution simple et pas coûteuse pour les contribuables pour qui veut aider les femmes, les enfants et les populations pauvres du monde gravement touchées par la crise! 

Il faut taxer la spéculation à outrance qui a cours quotidiennement sur les marchés financiers et qui ne profite qu’aux seuls spéculateurs en déstabilisant les économies. Ça ne changerait pas le monde, sauf que… cette toute petite taxe qui fait peur à Harper, d’un taux de 0,05 % pourrait rapporter entre 447 et 1022 milliards de dollars par an, même en supposant une réduction drastique de 65 % du volume d’activité du marché, selon l'Institut de recherche économique autrichien.

Gérées démocratiquement – un impératif – ces sommes permettraient de concrétiser les droits économiques, sociaux et culturels de millions de personnes. Elles le feront d'autant plus si on cesse enfin de mener les politiques qui servent autant à affaiblir les États et les institutions démocratiques qu'à accroître le commerce international au profit des multinationales. 

Le gouvernement Harper justifie le blocage de toute idée de taxation de l'activité financière en prétendant que le Canada n'a pas eu à aider ces banques lors de la crise. Or, 127 milliards $ ont pourtant été empruntés pour racheter des créances bancaires titrisées, une opération liée au Cadre de financement exceptionnel.

À cela s'ajoute l'acquisition de prêts hypothécaires pour 66 milliards $ par l’entremise de la Société canadienne d’hypothèques et de logement. Pas de sauvetage des banques au Canada? Peut-être au sens strict, mais il y a certainement eu du gavage excessif pour les aider à poursuivre leur croissance en profitant de la situation, pendant que l'austérité est au menu pour la majorité de la population. 

Largement appuyée par les pays d’Europe et le Japon ainsi que par 350 économistes incluant Joseph Stiglitz, Paul Krugman, Jeffrey Sachs et Paul Volcker, entre autres, la taxe Robin des bois fait l'objet d'une campagne canadienne et internationale depuis des mois. Il est temps que le gouvernement de Stephen Haper cesse de l'ignorer alors qu'il ne propose rien de plus simple et efficace.