Raymond Archambault se remémore

2010/06/14 | Par Xavier Duval

 
Photo: Luc Lavigne 

Raymond Archambault, qui était chef d’antenne du Radio journal du matin, a pris la parole à l’occasion d’un café souverainiste organisé conjointement par le Bloc Québécois et le Parti Québécois au club de golf de Saint-Lambert. Il est maintenant retraité depuis juillet 2009 de Radio-Canada où il a débuté sa carrière en tant que journaliste en 1977.

Au cours de son allocution, Mr. Archambault a fait une récapitulation de nos derniers trente ans d’histoire nationale avant d’aborder le problème médiatique.

Il a particulièrement insisté sur les évènements qui eurent lieu le 4 et 5 novembre 1981 à l’époque des négociations constitutionnelles entre les provinces et le gouvernement fédéral.

À ce moment, il y avait un front commun des provinces qui s’étaient entendues sur certaines revendications. Le premier ministre du Canada, Pierre Trudeau avait suggéré de les soumettre à un référendum à travers le Canada et René Lévesque accepta la proposition sans consulter les autres provinces.

À la sortie de la conférence, Mr. Archambault affirme qu’il a clairement entendu Mr. Trudeau dire «Anyway, the chicken is in the basket». Alors que la délégation du Québec était retournée sur son territoire pour passer la nuit à Hull, Pierre Trudeau convoqua en secret les provinces anglaises et il n’en fallu pas moins pour rompre le front commun.

Le lendemain matin, René Lévesque se retrouva devant un accord inacceptable et c’est depuis ce temps que tous les premiers ministres du Québec ont refusé de signer cette constitution.

Ensuite, lors de son allocution sur les médias, Raymond Archambault a souligné la grande concentration de la presse et l’a démontré en déclarant qu’il y a trois personnes qui décident du contenu de votre information. Il s’agit de Stephen Harper, de Paul Desmarais et de Pierre-Karl Péladeau.

Stephen Harper car c’est le premier ministre du Canada qui nomme le président de Radio-Canada. Le mandat de Radio-Canada est de favoriser l’unité canadienne. Paul Desmarais se déclare ouvertement fédéraliste et détient Gesca par le biais de Power Corporation. Gesca contrôle plus de 50% de la presse écrite au Québec avec ses multiples quotidiens et journaux régionaux. Pierre-Karl Péladeau est le président de Quebecor, dont l’empire médiatique s’étend à la grandeur du Canada.

Nous n’avons donc pas de grand média de masse souverainiste. Les solutions proposées par M. Archambault sont de revoir le mandat de Télé-Québec pour en faire un contrepoids de Radio-Canada et aussi de créer un journal hebdomadaire souverainiste. Il a toutefois admis qu’il est couteux de produire de l’information télévisuelle et que l’idée pourrait être difficile à imposer en période de compressions budgétaires.

Bien que la conférence de Raymond Archambault ait suscité un enthousiasme général dans la salle, certaines questions sont venues de l’assistance par rapport à la viabilité d’un tel journal puisque l’expérience a déjà été tentée avec le journal Le Jour.

Le journal Le Jour a été lancé le 28 février 1974, il fut dirigé par Yves Michaud et réussira à vendre jusqu’à 32 mille copies par jour. Le journal ferme cependant le 27 août 1976 à la suite de conflits internes majeurs concernant la politique éditoriale et de difficultés financières dues entre autres au boycott publicitaire des institutions publiques fédérales et provinciales.

Raymond Archambault expliqua qu’un quotidien est plus difficilement viable car il a des coûts d’exploitation élevés, mais qu’un hebdomadaire pourrait être envisageable.