PPP : Ceux qui critiquent, tous des incompétents

2010/06/23 | Par Pierre J. Hamel

Pierre J. Hamel est professeur-chercheur à l’INRS; il vient de mettre en ligne un rapport intitulé Un hôpital en partenariat public privé (PPP) : un pari trop risqué.

Le Vérificateur général du Québec, qui critique les pseudo-études de PPP-Québec et d’Infrastructure Québec, « de toute évidence, […] ne dispose pas des compétences à la hauteur de ses ambitions », écrit Marcel Boyer (dans La Presse du 16 juin 2010).

On pourrait dire sobrement qu’il s’agit là d’un jugement… étonnant! D’autant plus curieux en fait que les constats de notre Vérificateur général ressemblent à s’y méprendre à ce que l’on peut lire dans les multiples rapports de ses homologues étrangers, comme le rapport de l’Ontario sur le PPP de l’hôpital de Brampton ou le volumineux rapport pour l’année 2008 de la Cour des comptes, le vérificateur général de France (voir notamment en page 675).

De même, devant le comité des comptes publics de la chambre des communes, les gens du National Audit Office (NAO) britannique déclaraient, sans aucune équivoque, qu’on avait systématiquement triché pour faire gagner l’option PPP.

« La volonté de montrer que le PPP est meilleur marché que le comparateur public a conduit à manipuler les calculs et à interpréter incorrectement les résultats. […] Certains comparateurs publics ont été manipulés pour obtenir les résultats souhaités »1.

Ces vérificateurs, tous des incompétents!

Même Laurent Beaudoin, le grand patron de Bombardier s’est fait taper sur les doigts par le même Marcel Boyer, toujours dans La Presse (7 mai 2010), pour avoir déclaré publiquement qu’il ne croyait pas que les entreprises privées étaient les mieux placées pour financer des travaux d’infrastructures. Reconnaissons tout de même d’emblée que monsieur Beaudoin a une expérience certaine en la matière puisque Bombardier était l’un des cinq actionnaires du plus gros PPP du monde, le projet Metronet, qui participait à la rénovation du métro de Londres (jusqu’à ce que les actionnaires ne laissent aller le projet en faillite en 2007).

Ce chef d’entreprise pourtant expérimenté aurait commis une « erreur subtile, certes, mais une erreur claire et nette »?

Quelle est cette erreur selon Marcel Boyer? Son raisonnement est un brin tarabiscoté mais il revient à dire que les entreprises sont injustement désavantagées parce qu’elles ne bénéficient pas du droit d’imposer : si les entreprises privées avaient le droit de lever des impôts, elles pourraient emprunter au même taux qu’un gouvernement – subtil, non?

Si ma grand-mère en avait eu… Et si les illuminés pouvaient voler, j’en connais qui seraient en orbite.

Lorsque l’on croit que tous les vérificateurs généraux sont incompétents et que le patron d’une grande entreprise qui a participé au plus gros PPP de tous les temps ne sait pas de quoi il parle, quand on estime être vraiment le seul à avoir raison, il faudrait commencer à se poser des questions.

Najac, juin 2010