Coupe forestière aux abords des propriétés

2010/07/02 | Par Lettre ouverte

Vous voulez un endroit enchanteur pour effectuer en sécurité vos activités récréotouristiques en famille. Vous désirez un endroit calme et vivre en harmonie avec la faune, la flore et les lacs. Vous désirez acheter un terrain ou une propriété bientôt?

Et bien soyez prudents car dans les Laurentides, si vous avez une résidence ou vous en convoitez une qui se situe près des terres gouvernementales, on peut venir faire, à quelques pieds de votre propriété, sans vous aviser ou vous consulter, une petite coupe forestière dite jardinière pour les soi-disant bienfaits de la forêt. C’est ce qui est vécu par des résidents de Saint-Adolphe-d’Howard actuellement.

Au début juin, des résidents ont vu des arbres être identifiés près de leur propriété. D’autres citoyens ont vu de larges chemins être ouverts dans la forêt sans en comprendre la raison. Questions et incompréhension ont suivi mais, après un bref appel au Ministère des ressources naturelles et de la faune (MRNF), on apprend que trente hectares de forêts seront coupés sur les montagnes près du Domaine des Lacs situé à moins de 8 km du village de Saint-Adolphe-d’Howard.

Depuis 2007, ces droits de coupe ont été octroyés à la Scierie Carrière Enr de Lachute. « Légale est cette coupe car on a publié des avis publics dans les journaux en 2007 et on a rencontré 45 groupes », nous répond le MRNF.

Quels groupes? Des associations des propriétaires de domaine existent depuis des dizaines d’années à Saint-Adolphe-d’Howard et leurs coordonnées sont disponibles sur le site internet de la municipalité.

Alors nos questions sont : Pourquoi veut-on laisser dans l’ignorance le citoyen dont la résidence est située à côté de l’arbre qui sera coupé? Pourquoi les citoyens ne sont aucunement considérés et respectés lorsqu’il y a des coupes si près des résidences? Pourquoi aucune zone tampon n’est obligatoire pour ne pas défigurer le paysage?

« Faites-vous des vérifications sur le terrain de coupe pour minimiser les impacts environnementaux sur la faune, la flore et les lacs? », était une de nos multiples questions adressées au ministère.

La réponse se résume ainsi : « Bien sûr, le développement durable est important pour nous. Dans votre cas, certaines études démontrent que les impacts ne seront pas significatifs ». Mais que veut dire significatif quand, avant même le début des travaux, des ponceaux ne sont pas installés par la scierie pour assurer la circulation de l’eau aux endroits où passent les camions.

Or, on nous spécifie que, « c’est la scierie qui s’occupe de toutes les étapes avant la coupe et, on ose de surcroît nous dire, qu’il y a un manque de personnel au MRNF et ce fait amènera le ministère à ne faire qu’une inspection surprise sur les cinq semaines de coupe ». Très rassurant!

Un autre volet de notre opposition vient du fait que la coupe est prévue en juillet et août 2010. Ainsi, durant les vacances estivales, cinq camions vides et cinq autres chargés de bois passeront sur une route très achalandée, sinueuse, sans accotements et déjà en très mauvais état.

À quand l’accident a-t-on demandé aux instances? La scierie refuse de mettre un véhicule de sécurité devant les camions et le MRNF nous a demandé si on désirait payer pour ce service. Incroyable!!


Nous sommes outrés de cette situation. Et dire que tout citoyen ne peut couper un arbre sur son terrain sans demander une autorisation et ne peut construire sa résidence sans respecter une multitude de normes et règlements afin de protéger les berges de nos lacs.

Et pourtant, à quelques mètres, une scierie, mandatée par le gouvernement n’a pas de zone tampon à respecter pour en couper des centaines aux abords du même lac. Sommes-nous bien en 2010 au Québec?

L’Association des propriétaires du Domaine des Lacs (APDL) (150 résidences) a organisé une rencontre d’information qui a attiré 125 personnes et à l’unanimité les gens sont en opposition avec cette coupe. Une pétition de plus de 300 noms sera bientôt déposée à l’Assemblée Nationale pour appuyer nos démarches. Pétition que vous pourrez alors signer pour nous appuyer. Vous pouvez de plus aller voir notre vidéo sur You Tube : http://www.youtube.com/watch?v=knHdnN-db9I.

Combien de citoyens et d’associations se débattent avec un tel problème en pensant qu’il n’y a rien à faire car ils se sentent tel « David contre Goliath »? Nous tenons à leur dire qu’ils ne sont pas seuls et que tous ensemble nous pouvons changer les règles et procédures du MRNF concernant la coupe forestière sur les terres gouvernementales. Voici, à ce titre, un rapport qui reflète la plupart de nos préoccupations : http://www.commission-foret.qc.ca/rapportfinal.htm

Nous sommes en accord avec le fait que l’industrie forestière doit perdurer au Québec et nous avons besoin de bois pour construire nos maisons. Nous ne sommes pas contre la coupe forestière mais celle-ci doit s’effectuer en harmonie avec les citoyens et l’environnement.

Nous croyons que d’autres façons de faire doivent être mises de l’avant. Pour nous, il demeure évident que toutes les instances savent que de telles coupes ont des incidences certaines sur la qualité de vie, la sécurité et l’environnement des citoyens.

Peut-on penser alors à respecter, informer et consulter les populations affectées par ces coupes et ce, même si elles ne sont pas des populations autochtones. À cet effet, certains partis politiques voient les choses autrement et proposent des changements législatifs importants. Nous comptons sur eux pour nous appuyer.

Un des représentants du MRNF nous a confirmé qu’aucune coupe de forêt n’avait été arrêtée au Québec malgré les revendications des citoyens. Il va sans dire que cette assertion nous mobilise et nous pousse à aller de l’avant dans la poursuite de nos démarches.


Ont signé cette lettre :

Jean-Claude Marenger, président APDL;

Élaine Frigon, secrétaire APDL;

Brigitte Renaud, directrice APDL;

Francis Hamel, directeur APDL;

Line Légaré, directrice APDL;

Robert Hamel, membre du comité exécutif;

Philippe Nadeau, membre du comité exécutif