Los caminos de la memoria

2010/08/29 | Par Ginette Leroux

La mémoire est, dit-on, une faculté qui oublie. Elle suit parfois des chemins sinueux et détournés qui engourdissent la douleur et permettent d’enfouir au plus profond de l’être humain une réalité que seule l’amnésie rend supportable.

La Guerre civile espagnole qui eut lieu de 1936 à 1939 et prit fin avec la défaite des républicains a marqué le peuple espagnol. À tel point que les stigmates, laissés par le régime dictatorial qui suivit et qui n’a pris fin qu’à la mort du général Franco en 1975, ont réduit la population au silence.

Mais comment peut-on oublier les 300,000 dénonciations, les 60,000 exécutions, plus de 400,000 personnes emprisonnées, 3 millions de personnes fichées et quelque 130,000 autres disparues ? C’est la Loi sur la mémoire historique, vouée à la condamnation du franquisme, proposée par José Luis Zapatero, l’actuel président espagnol, et adoptée par son gouvernement le 31 octobre 2007, qui a permis la réintégration des Archives générales de la Guerre civile suite à la création, à Salamanque, du Centre documentaire de la Mémoire historique. Le peuple espagnol peut maintenant commencer à faire son deuil de cette époque douloureuse et, désormais, révolue.

Voilà en essence ce qu’a voulu mettre en lumière le documentaire de José Luis Peñafuerte, Los Caminos de la memoria. Des personnalités connues ont collaboré au film, y apportant leur savoir, leurs souvenirs et leur appréciation des faits recensés. Parmi eux, Francisco Etxeberría, anthropologue et médecin légiste basque, a parlé de la découverte d’un nombre important de charniers. Il a participé aux fouilles en tant qu’expert sur l’exhumation des fosses et l’identification des corps des personnes sauvagement assassinées durant cette époque sanglante. L’écrivain français d’adoption Jorge Semprun, penseur, scénariste et membre de l’Académie Goncourt, a toujours conservé sa nationalité espagnole. Il livre un témoignage convaincant d’expatrié comme ont dû s’y résoudre un grand nombre de ses compatriotes.

Cet excellent documentaire fait écho à celui d’Emilio Aragón, Pajáros de papel, dont l’action se situe à la même époque.
Inscrit dans la section Documentaires du monde, Los Caminos de la memoria est présenté pour la première fois en Amérique du Nord dans le cadre du FFM après avoir remporté un deuxième prix au Festival de Valladolid et le prix du meilleur film au Festival de Cine Inedito de Merida en Espagne en 2009. Plus récemment, il a remporté le FIPA d'Argent dans la section Documentaires de création et essais.

Los Caminos de la memoria est présenté les 31 août, 1er et 5 septembre au cinéma Quartier Latin.

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