Loi 103 : non au chantage avec notre réputation internationale!

2010/09/09 | Par Mario Beaulieu

Avant même que ne débutent les travaux de la commission parlementaire sur le projet de Loi 103, la ministre responsable de la Charte de la langue française invoque la réputation internationale du Québec pour justifier la soumission devant la Cour suprême du Canada.

Selon Mme St-Pierre, l’utilisation éventuelle de la clause dérogatoire entacherait notre réputation dans le reste du monde. C’est pourquoi il faudrait accepter que des juges nommés par Ottawa invalident une loi votée à l’unanimité par les députés de l’Assemblée nationale du Québec, en vertu d’une constitution imposée de force, à tel point que chacun des premiers ministres québécois a refusé de la signer depuis son établissement.

Effectivement, en 1982, le gouvernement fédéral, à majorité de langue anglaise, avec l'appui de neuf provinces de langue anglaise et d’un parlement étranger de langue anglaise (Londres), s’est servi du rapatriement de la constitution canadienne pour réduire, sans son consentement, les compétences en matière d’éducation du seul gouvernement de langue française en Amérique du Nord.

En fait, cette constitution constitue en elle-même une dérogation aux droits collectifs du peuple québécois! L’art. 23 de la Charte des « droits » de Trudeau constitue l’équivalent d’un droit que se serait donné le Canada de ré-anglicisé petit à petit le Québec, après avoir presque complètement assimilé les communautés francophone et acadienne.

Les libertés individuelles et les droits fondamentaux n’impliquent en rien que la société québécoise doive financer des écoles anglaises pour les non-anglophones. Est-ce que le gouvernement des États-Unis bafoue les droits individuels parce qu’il ne finance pas d’écoles publiques en français, en espagnol, en Allemand ou en Italien pour les nouveaux arrivants?

Dans à peu près tous les pays au monde, l’enseignement public se donne dans la langue commune et majoritaire. Qu’est-ce que le gouvernement libéral pense des droits individuels dans le reste du Canada alors que non seulement les non-francophones n’ont pas le droit à des écoles françaises, mais qu’une majorité des canadiens français n’ont pas accès à des écoles publiques dans leur langue?

En fait, ce qui entacherait notre réputation internationale, c’est cette Loi 103 qui avalise l’injustice sociale suscitée par l’invalidation de la Loi 104 par la Cour suprême, en créant deux classes de citoyens au Québec. Il est inconcevable que dans une société démocratique on permette aux parents plus fortunés d'acheter un droit constitutionnel.

Alors que partout ailleurs sur la planète tous les peuples normaux prennent les moyens nécessaires pour protéger leur langue et leur culture, il n’y a qu’au Québec, à croire Christine St-Pierre, que cela ne pourrait pas se faire au risque de nuire à notre image auprès du reste du monde. En fait, si une chose nous parait honteuse, c’est cet aplaventrisme que le gouvernement libéral exhibe à la face du monde.


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