Gastem - une question de respect !

2010/09/16 | Par Annie Landry

L’auteure habite l’Anse à la Cabane, Îles de la Madeleine

Tout le sous-sol des Îles de la Madeleine, sauf l’Île Brion et la Pointe de l’Est, appartient à la Cie Gastem

Mieux vaut avoir les pieds bien plantés sur le sol pour apprendre une nouvelle pareille.

Si nous sommes en train de bêcher dans notre jardin, sommes-nous déjà sur le terrain de Gastem ?

Du même coup, nous apprenons l’intention de Gastem de forer dès cet automne 2010 à 2½ km sous la terre, dans le secteur de Grand-Ruisseau.

Mais, il n’y a aucun danger, la compagnie Gastem est très consciente de l’importance de notre eau potable. Elle doublera les cloisons d’étanchéité de béton et d’acier pour ne pas risquer de contaminer notre précieuse nappe d’eau souterraine.

C’est drôle, mais nous ne nous sentons nullement rassurés. De toute façon, nous ne voulons pas être rassurés, nous voulons être respectés.


Dans tout ce dossier de Gastem, nous ne nous sentons pas respectés.

Personne ne nous a demandé notre avis, personne ne nous a même informés.

Nous, les citoyens des Îles de la Madeleine, nous avons été désinformés.

« Ne vous en faites pas, votre eau, on s’en occupe. Nous ne prendrons que l’équivalent de 2 piscines (ça doit être au moins 2 piscines olympique !!!) pour les travaux de forage et nous évacuerons cette eau contaminée par camions citernes. »

Où ? Dans nos propres bassins de traitement des eaux usées ? À l’extérieur des Îles ?

C’est bien beau tout ça, mais il y a une chose dont on est absolument sûr et certain : Dans l’industrie du gaz et du pétrole, le risque zéro n’existe pas. Quand on parle de notre eau potable, le moindre risque, si minime soit-il, est un risque énorme. L’eau, c’est la vie sur terre comme dans la mer.

On parle aussi des supposés contrats avec Hydro-Québec pour alimenter notre centrale thermique. Encore une fois, nous ne nous sentons pas respectés. Si nous avions notre mot à dire, nous dirions qu’en 2010, sous la mer, nous avons 2 câbles Internet.

Rien n’empêche Hydro de nous acheminer le courant par câble sous-marin.

Nous ne voulons pas être gazés, nous voulons être alimentés par une énergie renouvelable comme tous les autres Québécois.

Les autres Québécois sont aussi dans le trouble. Notre gouvernement a octroyé au-dessus de 600 permis d’exploration gazière partout au Québec, y compris aux Îles de la Madeleine, avec en prime aucune redevance pour 5 ans !

Les compagnies, comme Gastem, ont le feu vert pour aller de l’avant jusqu’à nous exproprier si elles trouvent. Nous exproprier, nous le sommes déjà. Nous l’avons appris récemment. Gastem peut développer dans son intérêt une industrie extrêmement lourde dans notre milieu de vie extrêmement fragile : gazoduc, port méthanier, installations monstres de convoyage, contamination de l’eau, des sols, de l’air, déstabilisation des couches souterraines (?), dévaluation des propriétés foncières, érosion…, enfin tout le cortège des impacts des zones industrielles lourdes dans des zones résidentielles.

Pourtant, nous n’avons pas encore franchi « le point de non retour », comme dit Zachary Richard, et nous ne sommes pas prêts à le franchir d’ici le 15 octobre 2010.

Gastem a le feu vert du gouvernement. Ici, aux Îles de la Madeleine, comme dans beaucoup d’autres municipalités du Québec, on a allumé le feu rouge clignotant. C’est un gros STOP. Notre Municipalité, au nom de la population, réclame un MORATOIRE sur toutes les activités d’exploration et d’exploitation gazières et pétrolières dans la mer. Actuellement, beaucoup de citoyens des Îles demandent d’étendre ce moratoire en mer à de telles activités sur terre également.

Comme le dit notre maire, Joël Arseneau, nous avons besoin d’un temps d’arrêt pour voir clair, pour se faire une opinion, pour savoir quel genre de développement on veut.

Nous avons besoin d’être respectés. Nous voulons être informés. Nous voulons avoir notre mot à dire. Nous avons des parts dans ces ressources naturelles et nous voulons prendre part à un développement compatible avec nos industries existantes, durables et renouvelables.

Ça, c’est très payant pour nous autres.

À la Fête champêtre du 6 septembre dernier, nous étions quelques milliers à goûter toutes les saveurs de notre terroir, à admirer des kiosques tous plus beaux les uns que les autres, à croire que la mi-carême s’était transportée en plein été dans le renclos du Centre Alfred Gallant, avec tous ces épouvantables épouvantails animés par le vent.

On a ri, on a joué, on a dansé sur la musique de La Trâllée et des Harengs Cuivrés.

Surtout, nous avons vu, sur les visages maquillés de nos enfants et petits-enfants, des papillons, fleurs, lapins, soleils, étoiles…

Tout cela, c’est notre véritable richesse et ça n’a pas de prix.


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