FIQ : Régine Laurent fait le bilan de sa tournée

2010/09/29 | Par Maude Messier

Les négociations ont repris depuis maintenant deux semaines entre la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) et le gouvernement. « L’arrivée de Mme Courchesne a amené quelque chose de positif », déclare la présidente de l’organisation syndicale, Régine Laurent dans une entrevue accordée à l’aut’journal.

La nouvelle présidente du Conseil du Trésor a d’abord levé les préalables à la poursuite des négociations imposés par sa prédécesseure, soit l’obligation pour la FIQ d’entériner l’entente survenue avec les autres associations syndicales, mesure qualifiée de « décret déguisé » par la FIQ.

D’après Régine Laurent, Mme Courchesne souhaiterait reprendre les pourparlers sur la base des priorités de la FIQ. « On s’est entendu sur une logique de discussion et sur un calendrier. Les prochains jours seront cruciaux pour la suite des choses. On va pouvoir mesurer la volonté politique de régler le problème à ce moment-là. »


Prendre le pouls sur le terrain

Après avoir quitté la table de négociations en juillet dernier sans avoir obtenu ne serait-ce que l’ombre d’un règlement satisfaisant, la FIQ a amorcé l’automne par une grande tournée provinciale de quatre semaines qui s’est clôturée vendredi le 24 septembre dernier.

L’organisation s’est déplacée dans 64 établissements de santé et a rencontré des milliers de travailleuses pour les informer, échanger et répondre à leurs questions. « Après tout ce qui s’est passé, il fallait prendre le temps de bien expliquer les choses, explique Régine Laurent. Ces rencontres avaient aussi pour objectif de ventiler un spectre d’émotion pas mal large, de la tristesse à la colère en passant par beaucoup de détresse psychologique. »

Selon les résultats d’un sondage mené par Léger Marketing pour le compte de la FIQ, 63% des membres craignent être victime d’un épuisement professionnel si la question litigieuse de l’aménagement du temps de travail ne se règle pas. 27% envisagerait même de quitter la profession.

Pour Mme Laurent, il est plus évident que jamais que le réseau public de santé est paralysé par un problème de gestion. « Il n’y a jamais eu autant de monde dans le réseau et il n’y a rien qui fonctionne efficacement. Elles (les infirmières) sont témoins de ça tous les jours. »

Mme Laurent appuie ses déclarations sur un document de la Fédération des médecins spécialistes du Québec qui souligne qu’entre 2001 et 2008, les postes cadres et administratifs dans le réseau de la santé ont respectivement augmenté de 27% et 45%, contre un mince 6% pour le personnel prodiguant des soins.

Les infirmières ont bien saisi l’ampleur des défis à relever. « Elles comprennent que le système de la santé est un gros paquebot qui bouge lentement. Peu importe, elles sont prêtes à y investir les efforts nécessaires. À l’issue de ces rencontres, l’important pour elles, c’est d’en arriver à des solutions concrètes. Ça prend un terme, un horizon à l’enfer qu’elles vivent au quotidien. »

Cette tournée aura en outre permis à la FIQ de mesurer l’appui de ses membres, notamment sur la décision de mettre un terme aux négociations. « Elles nous appuient sans retenue sur cette question et comprennent que c’était la seule chose à faire. »

Les priorités de négociation demeurent toujours les mêmes du côté de la FIQ, soit l’aménagement du temps de travail, la bonification des primes datant de 1989 relativement aux responsabilités et aux inconvénients (travail en soirée et les fins de semaines par exemple) et l’enrayement du recours aux agences privées en placement de soins.


Sur tous les fronts

Parallèlement, la FIQ poursuit sa croisade contre les agences privées en placement de soins. Depuis plusieurs mois, des requêtes en vertu de l’article 39 du Code du travail visant à faire reconnaître les travailleuses des agences privées au même titre que les infirmières employées par les établissements de santé, et donc assujetties à l’unité d’accréditation, sont déposées à la Commission des relations de travail.

« C’est long et fastidieux parce qu’on doit monter des preuves individuelles. Mais on poursuit notre travail de ce côté, tout comme pour les requêtes en nullité. »

Une première requête en nullité et en jugement déclaratoire a été déposée à la Cour supérieure contre le CSSS de Richelieu-Yamaska en septembre, impliquant à la fois le ministre de la Santé, Yves Bolduc, et les agences privées avec lesquelles le CSSS a conclu des ententes.

La requête vise à faire déclarer illégales ces treize ententes de service qui contournent l’esprit de la Loi sur les services de santé et les services sociaux (LSSSS) et contreviennent aux obligations de l’établissement, notamment en matière de contrôle, d’évaluation et d’imputabilité.

« Ça requiert aussi un travail de moine de plusieurs mois. Les agences nous compliquent les choses, c’est très difficile de mettre la main sur les contrats et d’avoir de l’information, malgré les demandes répétées d’accès à l’information. »

Mme Laurent ne se gêne pas pour dénoncer l’arrogance des agences et confie même en entrevue à l’aut’journal avoir reçu une mise en demeure. « Ils ne sont pas contents que je les traite de vautours. Je ne me tairai pas avant longtemps et je vais continuer de dénoncer ce qu’ils sont : des parasites du système. »

Elle dénonce ce qu’elle estime être une tentative pour museler la FIQ et n’en déplaise à certains, la présidente n’a aucunement l’intention de mettre la pédale douce dans ses déclaration.

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