La bénédiction des skidoos

2010/10/28 | Par Pierre Demers

J’habite le royaume du skidoo. Tout converge vers sa consécration et sa domination. Ce royaume me désole parfois. C’est le cas présentement. Vous n’avez qu’à suivre depuis un certain temps le conflit qui oppose les défenseurs de la dite machine (par organismes et porte-paroles interposés) et les agriculteurs bien déterminés à refuser les nouvelles mesures libérales de resserrement de l’assurance stabilisation des revenus agricoles.

Ici au SLSJ, le choix des organismes «représentatifs » de la population est clair. «Il faut sauver le tourisme motoneigiste à n’importe lequel prix ». Tous les ténors de cette «industrie » du loisir facile et pépère sont montés au front.

La CRÉ pour ne pas la nommer, noyautée par une poignée d’élus municipaux qui défendent le plus facile à défendre, soit la majorité «silencieuse » des commerçants et des usagers du véhicule hivernal, l’ATR qui vient de se mettre les bottes de skidoo dans la bouche en affirmant fort et haut que ce loisir génère plus de 50M$ en retombées économiques sur le dos des agriculteurs.

Ceux-ci tolérant depuis des années que les motoneigistes circulent et polluent allègrement sans frais sur leurs terres. Les élus municipaux qui ont comme mission de bien servir les motoneigistes comme c’est le cas d’un conseiller de ville Saguenay dont c’est la principale responsabilité (sic).

J’attends toujours qu’on nomme un conseiller municipal aux skis de fond ou aux sports de glisse…

Et la gamme des médias privés de la région et leurs animateurs (trices) benêts qui ne cessent de clamer l’importance de cette «industrie », leur loisir préféré qu’ils pratiquent sans doute tous en grande majorité nous laissant croire que c’est donc bien le fun de glisser à 100 kilomètres à l’heure sur un moteur gorgé de fuel, la nuit tombée, une grosse bière entre les deux jambes. Sur des sentiers bordés de gros sapins qui n’attendent que la collision pour éliminer en partie l’espèce à la limite du nirvana.

Or, à mon avis, le skidoo n’est pas une industrie, juste un commerce qui pousse ses adeptes à s’endetter pour se payer ces machines ultra bruyantes, polluantes à l’excès, sédentarisant encore davantage ses usagers.

Un loisir pépère qui donne l’illusion à ceux et à celles qui le pratiquent de faire corps avec la nature sauvage et les bancs de neige. Je ne crois pas que les adeptes de ce divertissement dispendieux et polluant (Le cri strident du skidoo au clair de lune n’a rien de bien réjouissant pour les amateurs de pleine nature) fassent travailler beaucoup leur cardio et le reste de leurs muscles. Mis à part le bas du dos.

Pourtant, le royaume du skidoo au complet monte aux barricades pour sauver sa réputation à l’étranger et surtout la prochaine saison touristique hivernale. On est prêt à tout. À nier même que l’industrie agricole régionale fasse le poids devant l’ATR. Les chiffres des retombées des deux «industries » ont été révélés hier.

Le président de l’UPA régional, André Fortin, a confirmé que la production agricole génère 270M$ et que la transformation elle frise les 900M$. Quant à elle, «l’industrie » régionale du skidoo péterait les 50 à 60M$.

Pourtant, ces chiffres et la nécessité de défendre les intérêts des producteurs agricoles de la région, une industrie beaucoup plus touristique qu’on le pense, n’empêcheront pas les tenants de la ligne dure et des sentiers balisés de tout nier.

En avant la meute de motoneigistes, aux armes les skidoos. D’abord et avant tout le loisir polluant et pépère. On se nourrira plus tard.

On voit bien là les priorités des décideurs régionaux. Faire plaisir à la majorité «silencieuse» et bruyante, les deux fesses bien installées sur leur moteur. J’habite le royaume du skidoo. Une fois de plus le débat public le confirme. Hors des sentiers balisés point de salut. La bénédiction des skidoos confirmée une fois de plus.


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