Le maire de Saguenay en «vedette » à La Facture et à Enquête

2010/11/02 | Par Pierre Demers

L’auteur est cinéaste et poète d’Arvida.

Deux émissions de la télé de Radio-Canada, La Facture (Mardi, 2 novembre à 19h.30) et Enquête (Jeudi, 4 novembre à 20 h.) cette semaine, donnent en partie ou en totalité la vedette à notre bon maire, le champion de la gestion municipale au Québec, selon ses dires.

Depuis qu’il a appris par la bande qu’il ne pouvait pas intervenir sur le contenu de ces deux émissions d’affaires publiques comme il le fait à Canal Vox et sur Youtube en dirigeant le tournage et le montage de ses collaborateurs, le maire de Saguenay a perdu les pédales contre la Société d’État.

On peut d’ailleurs l’entendre sur ce sujet dans une conférence de presse que diffuse en boucle le canal communautaire depuis deux/trois semaines.

Ce qui accable le maire plus catholique que le pape c’est qu’il n’a pas été interviewé par les journalistes de Seconds Regards pour témoigner de sa foi et de sa ferveur religieuse mais plutôt par ceux de deux émissions d’affaires publiques qui enquêtent sur des sujets délicats pour lui : la transparence dans la gestion de la ville et la démocratie municipale.

On est loin ici de la question religieuse qui lui sert habituellement de prétexte pour se faire un nom et un électorat auprès des citoyens d’abord du troisième et quatrième âge et de la droite bien pensante.

Pauvre maire donc qui tente depuis samedi (Le Quotidien du 30 octobre) et celui de ce matin (Le Quotidien du 1er novembre) de sauver ses meubles et sa réputation en attendant sur le bout de sa chaise municipale la diffusion des deux émissions.

En essayant ce qu’il fait toujours soit de «contrôler ses dommages » avant que le train passe.

Samedi donc, il nous laissait croire que, dans l’affaire du contrat de l’évaluation municipale des firmes l’Immobilière et BTF, une entente intervenue (une contribution de 800 000$ de l’Immobilière qui reste à confirmer) permettrait de fermer définitivement le dossier avec une petite facture de frais juridiques atteignant 4 736 491$ de fonds publics.

Du même souffle, il refuse d’admettre avoir agi dans l’illégalité malgré tout et les avis des juges.

Surtout, il ne regrette d’aucune façon ses décisions dans cette affaire dispendieuse pour les contribuables.

C’est sans doute le seul maire au Québec qui s’est permis de tels frais pour défendre son entourage et lui-même. Un autre record à son actif.

Ce lundi, pressé encore plus par le temps - La Facture c’est demain soir à 20 heures - il envoie au front page du Quotidien ses quatre nouveaux conseillers (où sont les 15 autres vieux élus ? Vont-ils intervenir plus tard dans la semaine pour lui sauver la mise ?) dont deux anciens complices de Promotion Saguenay (Martine Gauthier et Luc Boivin) pour affirmer bien fort et haut que le maire ne décide pas tout à l’hôtel de ville.

Tout contents, les petits nouveaux confirment qu’ils peuvent s’occuper librement des dossiers d’arrondissement qui leur tiennent à cœur (Le patrimoine arvidien, les maisons qui glissent, le second aréna à la Baie). Ce ne sont pas particulièrement des sujets chauds pour le maire et son administration soit disant transparente.

Le maire n’aime pas sortir dans les médias nationaux sans garder le contrôle sur ses performances. Il préfère de loin les émissions de TVA comme celles de Denis Lévesque, de Richard Martineau, de Mongrain où l’«intérêt humain » domine d’abord.

Il peut alors jouer son rôle d’amuseur public ou de politicien coloré qui a fait sa réputation en entretenant le «Montreal bashing » régional.

Mais voilà, passer à la Facture et à Enquête c’est une autre histoire. Comme il l’a lui-même affirmé lors de sa fameuse conférence de presse avec les journalistes locaux où il a confirmé son divorce avec Radio-Canada, «ces journalistes-là sont arrivés très bien préparés. Ils sont retournés dans le passé et m’ont posé toutes sortes de questions sur des points précis de mon administration ».

Mais oui, monsieur le maire, ils ont fait leur job de journalistes. Ce que très peu de journalistes de la région font pour ne pas vous mettre à dos et perdre leur nom à l’hôtel de ville.

À ce sujet le dossier noir de la FPJQ qui sort à Montréal au congrès le 26 novembre est éloquent. On y parlera entre autres de la solidarité entre les journalistes régionaux. Beau sujet pour certains d’entre eux ici qui s’arrachent régulièrement la «collaboration » du maire de Saguenay toujours en quête de nouvelles tribunes.

Pauvre maire, pour une rare fois il vient de perdre le contrôle sur le message et le messager.

J’ai toujours dit que la seule façon de déstabiliser ce maire autocratique c’est de faire connaître hors de la région, à l’ensemble des citoyens d’abord du Québec, l’étendu de son régime, de ses dommages.

Donc visionnement collectif le mardi 2 novembre à 20 heures, à l’émission La Facture, et le jeudi 4 novembre à 19 heures 30, à l’émission Enquête à la SRC. Notre maire sera «en vedette » une fois de trop pour lui, espérons-le.


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