Brèves syndicales

2010/11/05 | Par Maude Messier

Les suites du Sommet de Montebello

Été 2007, le Sommet du Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité réunissait Stephen Harper, Georges W. Bush, Felipe Calderon ainsi que des chefs d’entreprises à Montebello.

En marge des rencontres qui se déroulaient à huis clos, un événement particulièrement compromettant pour les forces policières a retenu l’attention. Trois agents de la police qui tentaient de se faire passer pour des activistes turbulents sont démasqués par le président du Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier (SCEP), Dave Coles.

Dave Coles avait alors dénoncé ces tactiques d’incitation à la violence et réitéré le droit inaliénable des citoyens de manifester pacifiquement leur désapprobation de cette rencontre au sommet.

Or, le Comité de déontologie policière enquête actuellement sur ces événements. Dave Coles et Gaétan Ménard, secrétaire-trésorier du SCEP, ont comparu cette semaine devant les audiences du Comité à Montréal.

L’aut’journal a recueilli les commentaires de Gaétan Ménard à la sortie des audiences. «C’est une vraie farce. La personne qui tient les audiences a déjà affirmé par le passé que le SCEP avait tous les torts et la police aucun dans cette histoire. Alors voyez, il n’y a rien à attendre de ces audiences.»

Il déplore le fait que cette « enquête » ne permette pas d’aller au fond des choses. « Ça ne va pas régler le problème. On va se retrouver encore avec des actions comme celles-là, tout comme à Toronto, tant qu’on ne va pas au fond des choses. »

Aller au fond des choses, pour le SCEP, serait de révéler qui commande ces actions, qui a donné pour directive de susciter la violence au sein des manifestants. Des questions visiblement demeurées sans réponse.

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Des emplois dans le secteur de la santé qui fuient vers le privé

Les employés du CSSS Champlain ont manifesté, mardi midi, contre les coupures d’une quarantaine de postes au Centre Saint-Lambert.

C’est que la relocalisation de 59 patients vers un le CHSLD Saint-Lambert sur le Golf, un nouvel établissement entièrement construit et géré en PPP par le Groupe Savoie, s’accompagnera de la fermeture d’autant de lits au CHSLD Saint-Lambert, un établissement public.

Alors qu’il manquerait plus de 950 lits en soins de longue durée en Montérégie, le président du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CSSS Champlain-CSN, Jean Mercier, s’explique mal cette décision qui se traduira nécessairement par une perte d’expertise et de savoir-faire.

« Dans ce contexte, c'est navrant de voir qu'on sacrifie des travailleuses et travailleurs expérimentés qui étaient vraiment appréciés des résidents. C'est du gaspillage de ressources. »

La présidente de la Fédération de la santé et services sociaux (FSSS-CSN), Francine Lévesque, estime pour sa part qu’absolument rien ne justifie le recours au mode de gestion en PPP. Parce qu’il en va de la pérennité des services publics, elle presse l’Agence de la santé de la Montérégie de se raviser.

« Le gouvernement Charest doit comprendre qu'il en va de l'intérêt des usagers, de la population et des travailleuses et des travailleurs ».

Le syndicat a reçu l’appui de la Coalition Montérégie sans PPP, un regroupement d’organismes communautaires, sociaux et syndicaux. La Coalition se dit préoccupée par la qualité des soins qui seront offerts au CHSLD Saint-Lambert sur le Golf puisque l’établissement n’aurait toujours pas réussi à recruter un nombre suffisant de médecins pour s’occuper des patients; les conditions de travail offertes étant sans attrait pour un personnel expérimenté et compétent selon la Coalition.

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Le Cégep du Vieux Montréal se mobilise et sensibilise

Syndicats, groupes sociaux, personnalités politiques et citoyens, les voix qui se sont élevées cette semaine contre les importantes compressions budgétaires au CSSS Jeanne-Mance, visant à éponger un déficit de 7,5 millions $, étaient nombreuses.

Des compressions pourtant jugées légitimes par la direction du CSSS Jeanne-Mance en raison de sa performance par rapport aux autres CSSS de Montréal. Le taux de réponse aux besoins de la clientèle se situe à près de 92% alors que la moyenne pour l’île de Montréal serait autour de 77%, d’après le syndicat du CSSS Jeanne-Mance.

Dans la foulée des activités et manifestations qui ont eu lieu cette semaine pour dénoncer ces mesures jugées régressives, l’ensemble des syndicats du personnel du Cégep du Vieux Montréal de même que l’association étudiante ont organisé des activités, mercredi dernier. L’objectif était de sensibiliser et d’informer la communauté collégienne sur les impacts de l’abolition de nombreux services aux citoyens.

Abolition de tout un panier de services de proximité, puisque depuis le mois de juin déjà, l’affectation d’une infirmière à temps complet pour répondre aux besoins des étudiants est abolie.

Impacts sociaux majeurs aussi, parce que le CSSS Jeanne-Mance dessert une des clientèles les plus défavorisée de Montréal. L’abolition de programmes préventifs, notamment destinés aux jeunes et aux familles, préoccupe Jean-Marc Petit, président du syndicat des professeurs (FNEEQ-CSN).

« Les travailleurs sociaux faisaient du repérage précoce auprès des enfants du quartier, (…). Dans quelques années, ces enfants seront nos étudiants. Nous vivons dans un quartier fortement défavorisé. On ne peut pas croire que l'ensemble de ces compressions n'auront aucun impact sur la réussite scolaire de nos jeunes », déplore-t-il.

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Intimidation et représailles chez Véolia

Une centaine d’employés de la compagnie de transport Véolia ont manifesté lundi dernier devant les bureaux de leur employeur pour dénoncer le climat de travail insensé qui leur est imposé et l’attitude cavalière de la direction de l’entreprise.

Guy Gaudette, représentant syndical des Métallos, cite en exemple une employée au dossier exemplaire qui, après avoir accédé au poste de secrétaire sur l’exécutif syndical en février 2009, s’est vue imposer des mesures disciplinaires à répétition, sans motifs valables, jusqu’à son congédiement.

Après avoir dû s’absenter pour des raisons personnelles, une autre employée aurait été congédiée, en dépit du fait qu’elle ait soumis des certificats médicaux à l’employeur.

M. Gaudette confirme à l’aut’journal que les relations de travail sont particulièrement difficiles chez Véolia. « Dès que quelqu’un se plaint ou rétorque, il fait face à des mesures de représailles et subit de l’intimidation. »

« Ce n’est pas l’affaire de deux ou trois personnes. En assemblée générale, c’est la très grande majorité des employés qui nous demandent de faire quelque chose. » D’ailleurs, plusieurs travailleurs auraient tout simplement décidé de quitter leur emploi d’après le syndicat.

La manifestation de lundi survient après que le syndicat ait tenté par d’autres moyens de faire entendre raison à la direction. « Le comportement des dirigeants de cette entreprise est aberrant et démesuré. J'ai tenté de sensibiliser ces dirigeants en leur adressant des lettres, en organisant des rencontres, mais ils ne veulent rien entendre », explique Guy Gaudette.

Si l’immobilisme persiste, il fait valoir que son « imagination est grande et qu’il y a d’autres actions à prendre si ça ne bouge pas. Ça c’est sur! »


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