Brèves syndicales

2010/11/26 | Par Maude Messier

Le 8 novembre dernier, 5 000 personnes descendaient dans les rues de Ville-Marie, à l’occasion de la Marche verte, pour sensibiliser le gouvernement et la population aux graves problèmes économiques du Témiscamingue, notamment dans les secteurs forestier et agricole.

Ce jeudi, une centaine d’agriculteurs de la région expriment leur mécontentement envers l’Union des producteurs agricoles (UPA) en choisissant de joindre les rangs de l’Union paysanne.

Joint par l’aut’journal, le nouveau représentant du conseil régional paysan du Témiscamingue, Pierre Lavallée, déclare vouloir « parler d’agriculture, faire des débats d’idées et ça, ce n’est pas possible à l’UPA. »

Il dénonce également le fait que la « vision mur à mur de l’UPA est en train de tuer l’agriculture des régions du Québec et du Témiscamingue ».

Il est impensable, à son avis, de calculer les coûts de production et les rendements de l’ensemble des producteurs agricoles du Québec sur les mêmes bases. « Ce système ne tient pas compte des spécificités régionales comme de la capacité de production des différents producteurs. »

Il fait valoir que les positions de l’Union paysanne rejoignent les préoccupations du Témiscamingue, notamment en ce qui a trait à la régionalisation du système agricole, la multifonctionnalité, la réorientation des subventions et le rôle de l’agriculture dans l’avenir du Québec.

« On partage certaines idées et certaines valeurs. On pense que le système imposé par l’UPA ne défend par les intérêts des fermes familiales des régions. C’est la frustration qui a fini par avoir raison de notre choix. C’est assez! »

La création du conseil régional paysan du Témiscamingue, qui sera suivi par d’autres au cours des prochains mois, témoigne de la volonté de l’Union paysanne de promouvoir une autre vision de l’agriculture au Québec.

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Victoire syndicale chez Eska

Au terme d’un litige qui aura duré près d’un an, les employés de l'usine des Eaux Vives Water (Eska) ont finalement obtenu gain de cause : le Syndicat canadien de l’énergie et du papier (SCEP-FTQ) a été reconnu par la Commission des relations de travail comme représentant des travailleurs.

En 2009, le SCEP avait entrepris une campagne de syndicalisation dans l’entreprise qui n’avait même pas duré trois jours. « En si peu de temps, on avait réussi à obtenir la signature de la presque totalité des travailleurs salariés de l'usine. C'est dire combien les gens étaient décidés », de déclarer Carl Proulx, représentant du SCEP.

Il dénonce l’attitude clairement antisyndicale de l’employeur, qui n’a d’ailleurs pas caché son mécontentement. Dès le lendemain du dépôt de la requête, l’employeur a convoqué l’ensemble des employés et exprimé son opposition à la formation d’un syndicat dans l’entreprise.

« Il a stoppé les activités de l’usine pendant trois jours. Puis, il a rappelé progressivement les travailleurs après la période des Fêtes », explique M. Proulx.

Comment se fait-il alors qu’il ait fallu attendre un an pour obtenir une décision dans ce dossier? Pour Carl Proulx, le cœur du litige réside dans la malhonnêteté de l’employeur. « Il a fourni trois listes d’employées différentes à la CRT. Chaque fois, le nombre changeait : 53, 58, 61 travailleurs, alors que nous, notre liste en contenait 35. Il a inclus d’anciens employés qui, dans certains cas, ne travaillaient plus là depuis des années! »

La décision de la CRT rendue lundi dernier donne finalement raison au SCEP et aux 42 nouveaux syndiqués.

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Manif au CPE Technoflos

Les travailleuses du CPE Technoflos de l’École de technologie supérieure de l’UQAM ont tenu deux journées de grèves, mercredi et jeudi derniers, pour dénoncer l’intransigeance de leur employeur.

En négociation pour l’obtention d’une première convention collective depuis neuf mois et après treize rencontres de conciliation, l’employeur a tout de même rejeté le projet de règlement soumis par la conciliatrice.

« La partie patronale s'obstine à dire qu'elle n'a pas les moyens de répondre aux demandes du syndicat et se conforte dans son mutisme », de déclarer le Syndicat des travailleuses (eurs) des CPE de Montréal et Laval (CSN) dans un communiqué.

Le président par intérim du syndicat, Éric Mondou, déplore que la partie patronale n’ait pas daigné fournir ni explication, ni argumentation, ni contre-proposition. « C’est un manque de respect. Le dossier stagne parce que l’employeur ne fait que refuser. On n’a rien sur quoi travailler pour poursuivre les négociations. »

Une rencontre de conciliation a eu lieu jeudi avant-midi, « qui n’a duré qu’un avant-midi. On n’a rien eu de nouveau, la partie patronale n’ayant même pas obtenu quorum à son CA de la veille. »

M. Mondou conclut en soulignant que les demandes syndicales n’ont pourtant rien de farfelues, « elles sont basées sur ce que l’on retrouve dans les conventions collectives d’autres CPE syndiqués à la CSN. »

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De mal en pis pour les Cols bleus de Sherbrooke

Les négociations entre la ville de Sherbrooke et ses cols bleus prennent les airs d’une véritable saga.

Après que le Conseil des services essentiels eut refusé le « plan de grève à intensité variable » du Syndicat des cols bleus de la ville de Sherbrooke et que la ville ait remis en question la légalité d’une grève « limitée et ciblée », voici qu’elle rejette maintenant les propositions de compromis mises de l’avant par le syndicat.

L’entente prévoyait notamment la tenue des Jeux du Canada sans perturbation et une proposition salariale permettant de fixer un cadre financier de sept ans, répondant ainsi aux exigences de la ville.

Pour Michel Murray, représentant du SCFP, il s’agissait d’une démonstration de la volonté du syndicat de rétablir les pourparlers et de proposer des solutions pour faire avancer les négociations, « mais manifestement, la Ville vient de passer en mode surdité et ne vise pas un règlement à court terme ».

Puisque la ville s’obstine à ne vouloir négocier que sur la base de son offre antérieure, rejetée à 97,7% par les syndiqués, le syndicat a quitté indéfiniment la table des négociations.

Pour M. Murray, l’impasse n’est pas une question d’argent, mais plutôt de volonté. « (…) on nous bouche toutes les issues, sauf des scénarios de grève. Dans ces conditions, les cols bleus ont-ils d'autre choix que de relancer les moyens de pression? »

Rappelons que les syndiqués se sont prononcés à 98% en faveur d’un mandat de grève au printemps dernier.

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La fin des horaires esclavagistes des infirmières?

Un tribunal d’arbitrage tranche en faveur des infirmières et oblige les directions des établissements de santé à accorder une période de repos aux infirmières ayant effectué deux quarts de travail consécutifs, dont un en heures supplémentaires obligatoires ou volontaires.

Dans un jugement rendu le 11 novembre dernier, à la suite d'un grief déposé par le Syndicat des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de l'Est-du-Québec (SIIIEQ-CSQ) contre le Centre de santé et de services sociaux de la Côte-de-Gaspé, Me Jean Gauvin conclut que de « contraindre une infirmière à effectuer 24 heures de travail au cours d'une période de 32 heures constitue une exigence déraisonnable et en conséquence une façon par l'employeur d'exercer ses droits résiduaires qui se traduit par un abus de droit contractuel ».

Dans un communiqué de presse, la CSQ fait également valoir que ce jugement important protège non seulement les infirmières de conditions de travail abusives, mais protège aussi la sécurité des patients de même que la qualité des soins dispensés.

Puisque le travail des infirmières requiert minutie, vigilance et vivacité d’esprit, « il est évident que lorsque les travailleuses et les travailleurs de la santé ne bénéficient pas d'une période de repos normale, ce qui est trop souvent le cas, ils ne sont pas en mesure, bien malgré eux, de maintenir les aptitudes professionnelles qu'on leur demande et il y a des risques réels pour les patients », soutient Mme Nathalie Savard, présidente du SIISNEQ-CSQ.

La SIIIEQ-CSQ précise qu’elle entend faire respecter ce jugement dans tous les établissements qu’elle représente au Québec.