L’économie du savoir et les universités

2010/11/26 | Par L’aut’journal 

Alors que la ministre de l’éducation s’apprête à rencontrer les différents « partenaires » du milieu universitaire pour discuter du financement des institutions de haut savoir, une recherche présentée par l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) démontre que le modèle de l’économie du savoir n’est pas une voie d’avenir pour les universités du Québec.

En plus de contester ses bénéfices, l’étude d’Eric Martin et de Maxime Ouellet révèle que le projet de gouvernance universitaire mis de l’avant par le gouvernement entraîne un détournement de la mission de l’université et une augmentation coûteuse du nombre de gestionnaires.

« Alors qu’on prétend sans cesse que l’université doit se brancher sur les entreprises pour être au cœur de l’économie du savoir et trouver ainsi de nouveau moyens de se financer, nos recherches montrent que les bénéfices pour les universités sont très modestes. Pour engranger un total de 53 M$ de revenus annuels, l’ensemble des universités canadiennes doivent faire des dépenses de 51 M$. Ce 2 M$ représente des revenus d’à peine 16 000$ par université, soit moins que le salaire annuel d’un seul chargé de cours. » souligne Maxime Ouellet, un des auteurs de l’étude.

Les universités vont chercher ces modestes montants aux prix d’importants sacrifices. Leur mission d’avancement des connaissances est marginalisée par la nécessité de produire de la recherche-développement profitable, en devenant de véritables sous-traitants de recherche pour l’entreprise privée.

L’entreprise se décharge ainsi de coûts qui amoindriraient sa valeur financière dans l’économie boursière.

Cela conduit les universités à financer en priorité les secteurs dits rentables : « Dans les années 70, les budgets de recherche étaient répartis de façon relativement équitable entre les départements. Aujourd’hui, la santé, les sciences pures et les domaines techniques accaparent les trois quarts des fonds de recherche, alors que les autres départements doivent se diviser le reste. Ce n’est pas étranger au fait qu’un ensemble d’entreprises intéressées à profiter de la recherche universitaire siègent maintenant sur leurs conseils d’administration », constate Eric Martin, auteur de l’étude.

L’étude montre également la place de plus en plus grande que prennent les gestionnaires dans le personnel universitaire.

« Par exemple, à l’Université de Montréal, on voit la proportion de cadres par rapport au reste du personnel augmenter de 5% en huit ans, tandis que celle des professeurs diminue de 4%. On constate aussi une hausse importante des salaires des hauts dirigeants universitaires comme les recteurs qui peuvent recevoir jusqu’à 350 000$ par année. », observe Eric Martin, chercheur à l’IRIS.

L’étude complète est disponible gratuitement au : www.iris-recherche.qc.ca

Source : Iris