Ouverture du 29e Congrès de la FTQ

2010/11/30 | Par Maude Messier

Le 29e Congrès de la FTQ s’est ouvert ce lundi matin, au Palais des congrès de Montréal, sous le thème « Pour un Québec qui nous ressemble et qui nous rassemble ». Une occasion pour la fédération de faire les débats qui s’imposent.

Cette rencontre statutaire triennale prend place dans un contexte houleux, alors que la FTQ n’a cessé de défrayer les manchettes au cours des derniers mois. Dans son discours, Michel Arsenault, n’a pas raté l’opportunité de lancer une flèche aux médias, en référence au « dénigrement sans précédent » de la FTQ dans le Journal de Montréal, selon le président.

« C’est malsain ce qui se passe au niveau de la presse au Québec. » Il est aussi revenu sur le refus de Quebecor de diffuser les publicités du Fonds de solidarité dans ses médias, à l’exception du Journal de Montréal, en lock-out depuis plus de 20 mois. M. Arsenault a réitéré en conférence de presse ne pas comprendre que Quebecor rejette du revers de la main 3 millions $ en revenus publicitaires sur deux ans par « pure idéologie ».

Il s’en est également pris au silence de La Presse Affaires au moment où le Fonds annonçait un rendement de 9,55 % pour ses actionnaires, des investissements de 1,5milliards $ depuis le début de la crise dans les PME québécoises ayant contribué à créer et maintenir 150 000 emplois. « Il me semble que c’était toute une nouvelle, ça. Ce n’est pas fairplay, on n’est pas parfaits, mais quand on fait un bon coup… »

Sur la question médiatique, M. Arsenault dénonce aussi les nombreux témoignages anonymes, en référence aux différents reportages de Radio-Canada, « la télé réalité a assez duré ».


L’inévitable dossier de la construction

Le dossier de la construction est évidemment sur toutes les lèvres, surtout que la FTQ a finalement rejoint les rangs de ceux qui réclament une enquête publique dans l’industrie de la construction le 17 novembre dernier, tout juste avant le Congrès.

Michel Arsenault précise que ce changement de cap est motivé par un consensus au sein des syndicats affiliés, « tous insatisfaits de la lenteur des enquêtes ». Il a toutefois rappelé l’importance qu’une telle enquête se fasse dans les règles d’une société de droits et rappelé ne pas vouloir d’un autre Gaspésia. « Ce n’est pas l’enquête publique le problème, c’est qu’on veut être traités avec les principes d’une société de droit. »

Secteur malmené sur le plan médiatique, le président se désole que les travailleurs soient assimilés à ce qui se passe chez certains entrepreneurs : enveloppes brunes, collusion, malversation, violence.

Il soutient toutefois que les syndicats de la FTQ-Construction ont fait beaucoup d’efforts et poursuivent leur travail à pied d’œuvre sur les chantiers. Ce qui se traduit par le fait qu’actuellement, 7 nouveaux arrivants dans l’industrie sur 10 joignent les rangs de la FTQ-Construction. « J’ai pleinement confiance en les dirigeants de la FTQ-Construction et les résultats sont là. »

Questionné en conférence de presse sur les allégations de Paul Sauvé sur une présumée infiltration du crime organisé au sein de la FTQ, M. Arsenault a déclaré qu’il n’avait pas l’intention de poursuivre M. Sauvé, « un pauvre hurluberlu » qui devrait se rétracter.

Il a ajouté n’avoir jamais nié que les membres de la FTQ, un demi-million, n’étaient pas nécessairement tous des enfants de cœur, « ça peut arriver qu’un membre ait des liens avec le crime organisé », tout en spécifiant que ce n’était absolument pas le cas de l’ensemble des dirigeants de la FTQ.


À droite toute!

Le président a longuement insisté sur le vent de droite qui souffle sur le Québec et insisté sur la nécessité d’un rassemblement des forces progressistes pour « passer à l’offensive ».

« La droite veut rendre chaque personne responsable de son propre sort. La droite, c’est chacun pour soi. » C’est ce vent qui souhaite sabrer dans les garderies à 7$, les congés parentaux, privatiser et tarifer les services publics, se débarrasser de la loi anti-scabs, forcer le vote secret obligatoire pour les accréditations syndicales, imposer une taxe santé uniforme de 200$, hausser les droits de scolarité, etc.

Michel Arsenault a indiqué que s’il est vrai que les bénéfices sociaux dont le Québec a choisi de se doter coûtent aux contribuables 7 milliards $ par année, « il en coûterait 17 milliards $ dans le privé. Collectivement, ça coûte moins cher. »

Il a également dénoncé avec verve les «think tank» de la droite économique qui poursuivent, selon lui, deux cibles avec acharnement : « passer à la déchiqueteuse le modèle économique québécois » et « tirer à boulets rouges sur les syndicats ».

C’est sans doute dans cet esprit que l’ouverture du congrès était marquée par la forte présence de dirigeants des autres centrales syndicales du Québec, dont Claudette Carbonneau (CSN), Réjean Parent (CSQ), Régine Laurent (FIQ), Dominique Verreault (APTS) et Gilles Dussault (SPGQ).

Notons aussi la présence d’une quinzaine de représentants internationaux, notamment en provenance du Mexique, de l’Espagne, d’Haïti et du Burkina Faso.


Débats et discussions tous azimuts

Le président a également soulevé dans son discours nombre de préoccupations qui feront l’objet de discussions et de propositions tout au long du congrès. De ce nombre, on relève notamment l’importance de préserver les outils d’interventions économiques du Québec, comme le Fonds de solidarité, qui ont largement contribué à soutenir l’économie du Québec pendant la crise financière.

Il sera aussi question des retraites, dossier qui fera par ailleurs l’objet d’une proposition de déclaration politique, de la condition féminine, des jeunes et de la relève syndicale, de la santé et sécurité du travail, de la nécessité pour le Québec de se doter d’une véritable politique énergétique intégrée et de l’adoption d’un code d’éthique.

Un congrès chargé donc, puisque les quelque 1 200 délégués devront se prononcer sur 152 résolutions.

Les élections à la présidence sont, bien sûr, le sujet de prédilection dans les couloirs du congrès. Si l’équipe Michel Arsenault (Métallos)/Daniel Boyer (SQEES) ne fait face à aucune opposition connue, les candidats ont jusqu’à vendredi matin 9 heures pour faire connaître leur candidature.

Rappelons que René Roy, qui avait manifesté son intention de briguer la présidence, s’est retiré de la course plus tôt cet automne. Il ne sollicitera d’ailleurs pas un autre mandat au poste de secrétaire général de la FTQ, poste qu’il occupe depuis 1998.