À propos de Jean-François Lisée et des gains de productivité (7)

2010/12/09 | Par Pierre Dubuc

Jean-François Lisée a raison d’insister dans Pour une gauche efficace sur l’importance pour l’économie québécoise d’augmenter sa productivité si nous voulons maintenir notre niveau de vie et nos programmes sociaux. Sur cette question, nous avons assisté, au cours des dernières années, à un débat, par médias interposés, entre Lucien Bouchard et Jacques Parizeau, le premier se plaignant que les Québécois ne travaillaient pas assez, le deuxième expliquant que la question centrale n’était pas le nombre d’heures travaillées par semaine ou par année, mais la production par heure travaillée.

Jean-François Lisée se réfère formellement à Jacques Parizeau pour qui la question clef est la productivité et l’innovation. Pour augmenter la productivité, il faut investir dans l’équipement, la machinerie, les ordinateurs et dans la gestion de la production. Quant à l’innovation, c’est l’utilisation novatrice d’un produit conventionnel ou l’amélioration de sa qualité, ou encore une nouvelle façon de procéder qui réduit les coûts ou la découverte d’un nouveau produit.

Le problème est que la productivité au Québec est inférieure d’environ 10% à celle du Canada, qui est elle-même environ 15% inférieure à celle des États-Unis. Alors, comment l’améliorer?

Il faut d’abord bien comprendre la cause du succès des Américains. Au début des années 1980, l’économie américaine paraissait sur la pente d’un déclin inexorable. Des dizaines et des dizaines de livres annonçaient la fin de l’empire américain. Mais l’économie américaine a rebondi à cause de la révolution technologique et de l’introduction de ces nouvelles technologies dans le processus de production.

Dans Pour une gauche efficace, Jean-François Lisée écrit qu’il « est vrai que la machine économique américaine, avec son moins d’État, sa déréglementation, son taux de syndicalisation anémique et ses longues heures de travail, produit 21% plus de richesse par an et par personne que le Québec ». C’est faux. Des pays européens sont plus productifs avec plus d’État, de réglementation, de forts taux de syndicalisation et moins d’heures travaillées.

Par contre, les mesures mentionnées aux États-Unis sont responsables de l’écart croissant entre les salaires des travailleurs et ceux des patrons et de la concentration toujours plus grande de la richesse dans les mains d’une minorité, mais pas d’une plus grande productivité.

Les changements provoqués par la révolution technologique sont identifiables dans le palmarès des entreprises et des hommes les plus riches du pays. Des firmes comme Microsoft et Google se sont hissées aux premiers rangs et Bill Gates est un des hommes les plus riches au monde. Au Canada, une firme comme Research in Motion, qui a inventé le Blackberry, figure parmi les entreprises les plus prospères et ses dirigeants sont au nombre des Canadiens les plus fortunés.

Au plan international, c’est cette révolution technologique et ses applications militaires qui ont forcé l’Union soviétique à abandonner la course aux armements et à jeter la serviette avec Mikhaïl Gorbatchev.


Productivité : la plan Lisée

Comment mettre l’économie québécoise sur la voie de la productivité et de l’innovation? Jean-François Lisée énumère les mesures habituelles, mais elles lui semblent insuffisantes. Il propose plutôt un « puissant levier » qui permettrait de « créer chez les entreprises une incitation à innover qui soit beaucoup plus forte que ce que nous avons connu jusqu’à maintenant ». Ce « puissant levier », c’est une réduction significative de la taxe sur la masse salariale en échange d’un engagement concret pour l’innovation de la part des entreprises.

Deux cotisations sociales seraient touchées, soit le Fonds des services de santé et le Régime québécois d’assurance parentale. Il y aurait, pendant quatre ans, réduction par année d’un 1,3 milliard $ de la taxe sur la masse salariale des entreprises et d’un autre 1,3 milliard $ des cotisations des salariés, jusqu’à un montant total de 5,6 milliards pour les entreprises et un montant équivalent pour les salariés. Cette réduction serait compensée par une hausse de la TVQ de deux points par année. Au bout de quatre ans, la hausse serait de 8,5 points.

Pour être éligible à ces baisses de taxe sur la masse salariale, Jean-François Lisée précise que  « chaque entreprise devra soumettre un plan général expliquant comment elle compte utiliser une portion significative de cette économie pour augmenter la productivité par heure travaillée : budget d’achat d’équipement ou d’introduction de technologie, rehaussement du budget de formation de ses salariés, processus de réorganisation du travail ».

Parallèlement à cette réforme, Jean-François Lisée propose des amendements substantiels au Code du travail pour favoriser la participation des travailleurs. Premièrement, il y aurait l’institution de comités d’entreprises où siègeraient des représentants de la direction, de la production, du soutien et des cadres.

Jean-François Lisée définit ainsi le mandat de ce comité : « Le comité, qui consolide les structures existantes pour la santé et la sécurité et la francisation, est régulièrement informé et consulté par la direction pour le développement de l’entreprise et, dans ce cas précis, pour son plan de productivité. C’est ce comité qui délègue un salarié votant au conseil d’administration ».

Le Code du travail serait également modifié pour faciliter la syndicalisation, notamment dans le secteur des services. Jean-François Lisée prône aussi l’organisation d’élections syndicales nationales, à date fixe, tous les quatre ou cinq ans ou par branche et secteurs industriels. Les non-syndiqués auraient l’occasion ou non d’adhérer à un syndicat.


Critique du plan Lisée

Quel jugement porter sur « l’efficacité » de ce plan ?

Premièrement, Jean-François Lisée est conscient de la première critique que le patronat fera à son plan. « J’entends d’ici les hauts cris : trop de paperasse, trop de contrôle, de comités, de réglementation. » Pour se dédouaner, il précise que les mesures seront volontaires, les entreprises non intéressées n’auront qu’à dire non et à continuer de payer l’essentiel de leur taxe sur la masse salariale. Le problème, c’est que ça simplifiera peut-être la paperasse pour la firme non-participante, mais la compliquera pour le gouvernement qui aura à gérer l’ensemble du plan.

Deuxièmement, Jean-François Lisée nous dit qu’il fait cadeau, la première année, de la baisse de 1,3 milliard aux entreprises et d’un même montant aux travailleurs, sans exiger de contrepartie. Il nous dit que ce sera « un coup de fouet pour notre compétitivité globale »!!!

Comment peut-il faire une telle affirmation? Elle contredit la raison d’être même à l’origine de son plan! Quelle logique!? Comprenne qui pourra !

Toute l’expérience des dernières trente années prouve le contraire. La plupart des entreprises n’ont pas réinvesti les réductions d’impôts et de taxes dont elles ont bénéficiées, mais les ont redistribuées sous formes de dividendes à leurs actionnaires. Le cas des industries forestière et papetière au Québec est particulièrement éloquent à cet égard.

On a crû longtemps que la faiblesse du dollar canadien expliquait cette attitude et que les entreprises profiteraient de sa hausse pour acheter à l’étranger de nouvelles machines-outils et moderniser leurs équipements. On constate aujourd’hui qu’il n’en est rien. Les entreprises – particulièrement les entreprises étrangères – préfèrent souvent piller nos ressources en investissant le moins possible, quitte à migrer vers d’autres cieux lorsque la ressource est épuisée.

Troisièmement, la seconde année, Jean-François Lisée n’exige de l’entreprise qu’elle n’utilise qu’une « portion significative » de la baisse de taxe pour augmenter sa productivité. Voilà un autre cadeau à l’entreprise dont l’ampleur sera inversement proportionnel à la définition de cette « portion significative ».

Quatrièmement, il nous dit que le contrôle gouvernemental ne sera pas très contraignant. « Le but de cet exercice, écrit-il, n’est pas de faire approuver ces plans dans leurs détails ou de dévoiler des secrets de fabrication », mais de « forcer chaque entreprise à RÉFLÉCHIR à l’augmentation de sa productivité et de sa formation et à se donner des objectifs. » Soyons assurés qu’elles vont nous dire qu’elles réfléchissent intensément à la question.

Cinquièmement, Jean-François Lisée se tire lui-même dans le pied lorsqu’il affirme que « les grandes entreprises n’auront aucun mal à satisfaire à cette exigence. Elles le font déjà ». Si elles le font déjà, pourquoi leur donner un tel cadeau sous forme de réduction de la taxe sur la masse salariale?


Des solutions différenciées pour des problèmes complexes

En fait, on ne comprend pas trop pourquoi le Québec aurait besoin d’un plan aussi global. Dans Pour une gauche efficace, Jean-François Lisée écrit lui-même que « lorsqu’on parle du ‘‘retard de productivité’’ du Québec, il n’est pas général. Il ne concerne que certains secteurs »

Il cite même Pierre-André Julien de l’Institut de recherche sur les PME de l’Université du Québec à Trois-Rivières, selon qui la faiblesse est concentrée dans « le secteur minier et quelques secteurs des services professionnels et scientifiques et les services personnels, secteurs en partie protégés par la distance culturelle et géographique ». Et qu’à l’inverse, le Québec affiche « une forte avance par rapport à l’Ontario et aux États-Unis dans l’agriculture, les services publics, les services administratifs et de soutien aux entreprises et même dans les arts et les divertissements ».

Jacques Parizeau, dit la même chose dans son dernier livre La souveraineté du Québec. Il écrit :

Dans l’ensemble, la productivité du Québec est inférieure d’environ 10% à celle du Canada, qui est environ 15% inférieure à celle des États-Unis. Des écarts de cet ordre existent depuis fort longtemps et ne tendent pas à se réduire. Mais ce sont des moyennes qui recouvrent des réalités beaucoup plus complexes. Ainsi, à titre d’exemple, lorsqu’on classe les industries du Québec selon leur degré d’avancement technologique dans les quatre catégories d’activités établies par l’OCDE, on constate que le Québec est dans le peloton de tête de la catégorie la plus élevée (à cause, entre autres, de l’aéronautique, de la pharmaceutique et de l’informatique), mais que nulle part ailleurs la proportion n’est aussi élevée d’industries appartenant à la quatrième catégorie, c’est-à-dire les technologies peu avancées.

Pourquoi alors un plan global, universel?


Un modèle syndical plaqué

À première vue, le volet « modifications au Code du travail » pour la création de comités d’entreprises et de mesures facilitant la syndicalisation, avec des élections syndicales nationales, devrait nous séduire. Cependant, tout cela sent le modèle français plaqué à notre réalité, sans tenir compte des conditions qui ont donné naissance à ce modèle en France et à la réalité du syndicalisme québécois.

Trois situations historiques révolutionnaires ou quasi-révolutionnaires sont à l’origine des législations sociales françaises et de son modèle syndical : le Front populaire de 1936, la Libération de 1944 et les Événements de mai 68. D’autres gains importants ont aussi été obtenus avec l’élection de François Mitterrand en 1981.

Dans le cas des comités d’entreprises, ils ont été mis en place à la Libération, alors qu’il y avait un véritable élan révolutionnaire et que des concessions devaient être faites au mouvement ouvrier pour saper l’influence communiste. C’est d’ailleurs un ministre du travail communiste, Ambroise Croizat, qui fit adopter la législation sur les comités d’entreprise. Jean-François Lisée reconnaît le sens de cette concession lorsqu’il salue la contribution des Américains, par le biais de la CIA, pour contrer l’influence communiste. Il écrit :

 Ce sont les Ricains, par l’intermédiaire de la CIA, qui ont financé à coups de millions les partis, médias et syndicats sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens européens, égalisant ainsi les forces sur le terrain.

(Avis à ceux qui ne le sauraient pas: Jean-François Lisée est d’un anti-communiste virulent qui n’a d’égal que son pro-américanisme.)

Au Québec, notre structure syndicale s’est d’abord calquée sur le modèle américain – et elle en garde encore bien des caractéristiques – avant d’accoucher de son propre modèle au cours de la Révolution tranquille. Les comités de santé-sécurité et de francisation que Jean-François Lisée voit comme l’embryon de son comité d’entreprise sont aussi le fruit de luttes syndicales importantes. D’autres luttes pourraient peut-être donner naissance à des comités d’entreprises à la québécoise, mais qu’on nous permette de douter qu’ils naissent du plan de Jean-François Lisée pour augmenter la productivité et l’innovation en faisant des cadeaux au patronat.


Le véritable « puissant levier » selon Jacques Parizeau

Que faire alors pour atteindre l’objectif de hausser la productivité, condition essentielle pour l’amélioration de nos conditions de vie.

Retournons à Parizeau :

« La prospérité du Québec va dépendre de la rapidité avec laquelle nous agirons et de la clarté avec laquelle nous arriverons à définir les objectifs. Il ne faut pas que ces objectifs soient dictés par des contraintes financières. Une fois que l’on saura où l’on veut aller, on verra comment la fiscalité doit être aménagée, le risque partagé entre financement privé et financement public, quelle part de la croissance doit être réinvestie dans la culture technique et scientifique, dans l’innovation et la production, au fur et à mesure où elle s’affirme ».

Évidemment, comme le souligne M. Parizeau, « clarifier les idées et les objectifs est plus compliqué qu’il n’y paraît à première vue ». Au nombre des principaux obstacles, M. Parizeau identifie les politiques fédérales. Il fait quelques rappels historiques, comme l’établissement de la ligne Borden qui a provoqué le déplacement de l’industrie pétrochimique montréalaise – alors, de loin la plus importante au Canada – vers Sarnia en Ontario et Edmonton en Alberta.

Plus récemment, il souligne les investissements majeurs du gouvernement canadien pour la sauvegarde de l’industrie automobile ontarienne qui contraste avec l’absence d’intervention pour l’industrie forestière et des pâtes et papier au Québec.

D’autres obstacles sont prévisibles. Il attire notre attention sur le fait que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) reconnaît que la non-conformité d’un pays aux règlements négociés pour protéger l’environnement (accords de Kyoto, par exemple) pourrait être considérée comme une discrimination en faveur des industries du pays en question (les sables bitumineux, au Canada, par exemple) et que, dans ces conditions, les autres membres de l’OMC pourraient imposer une taxe de carbone destinée à équilibrer la concurrence. Donc, même si le Québec respecte les accords internationaux sur l’environnement, ses produits exportés pourraient ainsi être pénalisés à cause de l’Alberta.

Puis, celui qui a été un des artisans de la Révolution tranquille rappelle quelques principes de base du « Maîtres chez nous ». Le premier consiste à corriger le fonctionnement de marchés qui empêchent ou ralentissent le développement industriel. C’est ce qui a mené à la création de plusieurs sociétés d’État (Sidbec, SOQUIP, SOQUEM).

Il est à noter que plusieurs de ces sociétés d’État ont disparu aujourd’hui, laissant toute la place aux entreprises privées, très souvent étrangères. L’exemple de SOQUIP est éloquent dans le contexte de l’exploitation du gaz de schiste.

Le deuxième principe, selon M. Parizeau, a trait à l’organisation d’un système financier proprement québécois qui soit essentiellement consacré à satisfaire les besoins financiers du Québec et qui soit en mesure de concurrencer les institutions financières canadiennes ou étrangères qui opèrent au Québec.

M. Parizeau constate que ces institutions, à cause de leur structure de propriété, n’étaient pas jusqu’à tout récemment « achetables » par des capitaux étrangers. Cependant, par suite de modifications apportées à la loi fédérale, la Banque nationale, la banque des PME du Québec, est aujourd’hui vulnérable, d’autant plus que la Caisse de dépôt ne détient plus d’actions de la Banque nationale, envoyant, selon M. Parizeau, le signal qu’elle ne s’opposerait pas à sa vente à des intérêts non-québécois.

Le troisième principe, toujours selon Jacques Parizeau, qui sous-tend les rapports de l’État et de l’entreprise a trait à la responsabilité de l’État d’appuyer avec tous les moyens dont il dispose la constitution d’une classe de gens d’affaires francophones qui soit en mesure d’assumer et assume effectivement l’essentiel des décisions d’entreprises sur lesquelles la société québécoise appuie sa prospérité.

Enfin, il y a les deux institutions clefs de la société québécoise : Hydro-Québec et la Caisse de dépôt. M. Parizeau a jonglé avec l’idée d’une privatisation partielle d’Hydro-Québec, mais – contrairement à Jean-François Lisée – l’a laissée tomber.

Dans le cas de la Caisse de dépôt, il fustige sa direction d’avoir abandonné son rôle traditionnel d’intervention dans l’économie du Québec pour agir en hedge fund et participer à la financiarisation de l’économie mondiale. Il craint que la Caisse se prive d’intervenir pour garder au Québec des centres de décision aussi importants que Bombardier, comme cela s’est produit dans le cas de la prise de contrôle de l’Alcan par Rio Tinto.

M. Parizeau est un pragmatique. Il s’appuie sur les réalisations de la Révolution tranquille et recommande de définir des objectifs et d’utiliser les moyens à la disposition de l’État. Mais, surtout, à la lecture de son livre, on se rend vite compte que le seul et véritable levier pour rendre notre société plus prospère, c’est l’indépendance du Québec.


Un exemple à suivre

Dans cette perspective, quelle est l’utilité de l’échafaudage fiscal de Jean-François Lisée pour améliorer la productivité et l’innovation? On vous laisse en juger. Pour notre part, nous croyons que Jean-François Lisée aurait dû s’inspirer du journaliste Konrad Yakabuski du Globe and Mail, lorsqu’il a été, il y a quelques années, confronté, lui aussi, à la question de la productivité de l’économie québécoise et canadienne.

Son intérêt pour la question est né de l’achat à Montréal d’une ramette de papier pour son ordinateur. Le logo était celui de Stora Enso, une entreprise finlandaise. « Je me suis demandé, écrit-il, comment ce papier, acheminé ici par bateau à Dieu sait quel prix, pouvait coûter moins cher qu’un papier produit à quelques heures de Montréal. La différence ne pouvait provenir des coûts de main d’œuvre ou de standards de qualité ou environnementaux inférieurs. Ils sont tous supérieurs en Scandinavie. »

Il a alors décidé de se rendre en Finlande pour faire enquête. Voici ce qu’il a constaté.

Yakabuski souligne qu’une des trois plus grandes entreprises de construction de machine à papier, soit la firme Metso, est finlandaise. Kemira, la plus grande entreprise de produits chimiques entrant dans la fabrication du papier, est également finlandaise. Au Canada, il n’y pas d’entreprise de fabrication de machine à papier, ni d’entreprise de produits chimiques pour le papier.

La plus grande firme de consultants pour l’industrie forestière, Pöyry, est aussi finlandaise, tout comme l’est Ponsse, l’entreprise qui produit les machines d’abattage dirigées par ordinateur.

Les succès technologiques des entreprises finlandaises sont tels qu’il ne se construit pas une usine de pulpe ou de papier dans le monde sans qu’on ne fasse appel à leur expertise, constate-t-il.

Dans ce long reportage – que nous avons traduit, résumé et placé sur notre site :

Konrad Yakabuski explique le mode d’exploitation de la forêt et la clef de la réussite finlandaise. Celle-ci se résume en deux mots : éducation et innovation.

Il raconte qu’un programme était en cours lors de son voyage pour l’application de la technologie à l’industrie forestière afin d’en doubler la valeur au cours des deux prochaines décennies. La moitié de ces résultats proviendra de produits qui n’existent pas encore, comme les « écrans papier pour les ordinateurs » ou des papiers avec des radio-fréquence d’identification qui permettront de suivre des produits du manufacturier jusqu’au client.

Les investissements gouvernementaux sont très élevés, selon les standards internationaux, dans l’éducation et la Recherche et le Développement (R & D). La Finlande se classe au deuxième rang mondial – derrière la Suède – avec 3,5% de son Produit national brut consacré à la R & D. Au Canada, c’est à peine 2%. Dans le secteur forestier, le pourcentage est de 2,5 % pour la Finlande et 0,65% pour le Canada. Et Yakabuski s’empresse d’ajouter qu’une grande partie de ce que les compagnies canadiennes appellent de la R & D ne concerne pas les nouvelles technologies, mais des études de marché.

En Finlande, pour chaque 1 000 employés, il y a 16 chercheurs. Au Canada, c’est 6. Proportionnellement à sa population, la Finlande enregistre sept fois plus de brevets d’invention que le Canada. La moitié des ingénieurs forestiers européens fréquentent les universités finlandaises. Pas étonnant que, depuis plusieurs années, la Finlande se classe première ou deuxième pour l’Index de la compétitivité. Le Canada est treizième.

Le gouvernement n’accorde pas de subventions aux entreprises autres que celles pour la Recherche et le Développement. Près de 70% de ces dépenses en R&D sont financées par les entreprises elles-mêmes. C’est à peine la moitié au Canada.

Pour se qualifier pour les 30% de dépenses en R&D d’origine gouvernementale, les entreprises doivent faire cause commune avec les autres entreprises du secteur. Contrairement au Canada et aux États-Unis où les subventions sont accordées sous forme de déductions fiscales pour des recherches que les entreprises mènent de façon indépendante, en Finlande celles-ci doivent participer à des programmes gouvernementaux.

C’est donc, on le voit, une approche diamétralement opposée à l’approche essentiellement fiscale proposée par Jean-François Lisée! Et ça marche !

(à suivre)


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