CHUM : La population a-t-elle droit au chapitre?

2010/12/13 | Par Marc Laviolette

Ayant siégé pendant dix ans comme représentant de la population au Conseil d’administration du CHUM, soit de 1995 à 2005, j’ai lu avec beaucoup d’intérêt le livre de MM. Lacroix et Maheu sur la saga du CHUM.

Le livre a le mérite de retracer les différentes étapes du projet : deux gouvernements, quatre ministres péquistes, deux ministres libéraux, deux SICHUM (société d’implantation du CHUM), un hôpital sur trois sites, le 6000 St-Denis, la gare de triage d’Outremont, le 1000 St-Denis.

Un projet d’hôpital qui est passé de 900 à 700 lits, puis à 550 lits à St-Luc et 250 lits à l’hôpital Notre-Dame et dont les différentes études de faisabilité dépassent les 60 millions.

Les auteurs décrivent très bien comment le projet a frappé le mur des coûts et a été bloqué à cause de cela. Mais ce qui ressort le plus, c’est la critique de la gestion du dossier par le premier ministre Charest et le ministre Couillard.

Il est aussi intéressant de lire la campagne de lobby mené auprès des Desmarais, Bouchard, Jean Coutu et autres membres de l’élite pour un appui au projet d’Outremont. Les auteurs s’offusquent de la réaction populaire contre cet emplacement et contre ses puissants promoteurs.

« Pourquoi? Ces gens étaient-ils moins compétents que des représentants des milieux syndicaux et artistiques pour juger de la qualité et de l’opportunité du projet? (…) Devaient-ils appuyer un projet et contribuer à son financement les yeux et la bouche bien fermés », écrivent-ils.

Devant de tels commentaires, on est en droit de se demander si la population du Québec, qui paie pour tous ces beaux projets avec ses taxes, a voix au chapitre ou bien si on la considère comme incompétente pour juger de la valeur du projet de « technopole de la santé et du savoir à Montréal »? La position des auteurs sent le mépris à plein nez.

Ces derniers reconnaissent avoir commis trois erreurs. Premièrement, ils ont tenu trop rapidement pour acquis le succès du projet Outremont. Deuxièmement, ils ont laissé s’élargir la fissure entre le conseil d’administration du CHUM et l’Université de Montréal. Finalement, ils n’avaient pas de stratégie de communication pour vendre le projet Outremont.

Le livre se termine sur ce goût amer de la défaite. MM. Lacroix et Maheu sont muets sur la cause actuelle du peu d’avancement du projet à St-Luc, c’est-à-dire la décision des libéraux de procéder en Partenariat Privé-Public (PPP) pour la construction du CHUM. Une autre fixation de Jean Charest.


Le CHUM, une tragédie québécoise
Robert Lacroix et Louis Maheu
Boréal, 2010