Le rire critique et caustique du prof Lauzon

2010/12/14 | Par Gabriel Ste-Marie

Cet automne est paru le quatrième recueil des Contes et comptes du prof Lauzon. On y retrouve les 105 textes qu’il a publiés depuis septembre 2007 dans le journal Metro, Accès Laurentides de même que dans l’aut’journal, avec la particularité qu’ils paraissent ici dans leur entièreté. C’est que les chroniques et coups de gueule de l’auteur sont souvent raccourcis pour respecter le format de ces publications.

Fidèle à sa réputation, notre collaborateur Léo-Paul Lauzon poursuit sa lutte contre l’injustice et le capitalisme sauvage. Ce qui le met particulièrement hors de lui est l’attitude bien-pensante des défenseurs du statu quo, pour qui l’enrichissement de la minorité sur le dos de la majorité est juste et tout à fait normal. L’omniprésence médiatique de ces apôtres fatigue le professeur Lauzon et il s’applique à réduire en pièces leur propos, très souvent par l’humour.

Il y a par exemple toute sa série « Rions un peu » où les paroles et gestes de Harper, Flaherty, Couillard et Béchard sont ciblés. Plus loin, sa série devient « Rions beaucoup ». Cette fois, ce sont le Parti libéral, Henri-Paul Rousseau, le Parti Québécois, l’ADQ, les lobbyistes et les pharmaceutiques qui passent à la moulinette.

Pour montrer l’absurdité des propositions de l’Institut économique de Montréal, notre professeur parodie leurs idées-choc. Il propose de relancer l’économie en bouchant les nids-de-poule. Ça relancerait surtout sa compagnie fictive, Lauzon Chicken Nest Corporation, qui serait financée en PPP et enregistrée dans un paradis fiscal pour ne pas payer d’impôts.

À la fin du texte, on comprend les rouages mis à la disposition des entreprises et de leurs cliques pour s’enrichir au détriment des contribuables et éviter leurs obligations sociales. Lauzon illustre comment les slogans habituels de création de richesse servent en fait les intérêts de petits groupes plutôt que l’enrichissement collectif.

Sans jamais laisser de côté son sens de l’humour, qui rend la matière aride plus accessible, le prof Lauzon témoigne dans cet ouvrage d’une exceptionnelle sensibilité. Par exemple, dans sa « Lettre à Bébé Soliane », il s’adresse à sa petite fille et parle de l’importance de vivre dans une société solidaire. Plus loin dans le recueil, il salut le départ de son grand ami dans « À Michel Chartrand, ma belle petite crotte d’amour » et dans « Un ineffable Homme d’exception », texte signé avec sa fille Martine. La collaboration de cette dernière est essentielle au livre puisque c’est elle qui transcrit tous ses textes et qui l’épaule au quotidien dans ses recherches.

En plus d’effectuer ses recherches comptables, Léo-Paul Lauzon a développé une technique de travail unique au fil des ans. À chaque jour, il lit méticuleusement tous les journaux, découpe les articles et les classe par sujet. Sa mémoire et sa capacité à faire des liens lui permettent ensuite de relever dans ses textes, conférences et débats, les contradictions des éditorialistes, hommes politiques et autres porte-queues du patronat.

Grâce à sa documentation, à sa plume colorée et surtout à son angle d’approche qui contraste avec celui des médias de masse, le livre de Lauzon rafraîchit et nous rééquipe en arguments pour défendre le bien commun.


Léo-Paul Lauzon
Michel-Brûlé