« Moi, Ziad, soldat des gangs de rue »

2010/12/16 | Par Maude Messier

« Notre auto est passée près du groupe de jeunes Noirs qui marchaient sur le trottoir. Mon Uzi tout neuf a craché ses balles en un feu mortel. Tak-tak-tak-tak-tak! Puis nous avons quitté la scène en faisant crisser les pneus. Comme dans les films de gangsters. Peut-être même mieux. »

Ces phrases sont extraites de « Moi, Ziad, soldat des gangs de rue », le récit percutant de Ziad, un criminel purgeant une peine de prison à vie pour un double meurtre commis à l’âge de 19 ans, à qui le journaliste Vincent Larouche prête sa plume l’instant d’une incursion dans l’univers des gangs de rue.

Dans un langage parfois cru, mais toujours avec une honnêteté et une simplicité déconcertantes, Ziad expose une réalité que nous connaissons, mais que nous ne voulons pas voir.

Jeune Marocain issu d’une bonne famille, Ziad a grandi sur le Plateau Mont-Royal. Il n’avait pourtant rien des stéréotypes de criminels dans lesquels nous nous confortons.

Loin de faire l’éloge du mode de vie des gangsters, ce livre explique, à la façon de Ziad, ce qui pousse de trop nombreux jeunes à emprunter une voie qui nous apparaît pourtant sans issue.

L’argent, le pouvoir, le respect, l’adrénaline, les filles. Une combinaison qui, paradoxalement, privera Ziad de liberté jusqu’à la fin de ses jours.

« Bien sûr, j’aimais aussi le pouvoir que procurent les armes, la violence et la force d’un groupe. C’est une puissance grisante qui vous monte rapidement à la tête et qui peut vous faire perdre toute empathie pour les gens que vous blessez. »

Faire les mauvais choix, avoir de mauvaises fréquentations et être au mauvais endroit au mauvais moment peuvent sérieusement chambouler le cours d’une vie et celle de toute une famille.

Après plusieurs années de vie carcérale, Ziad a lentement revisité sa perception des choses. Aujourd’hui en quête de rédemption, il souhaite par ce témoignage faire profiter d’autres jeunes de son expérience et leur éviter les mêmes pièges.

« S’il y a une seule chose que j’espère, c’est qu’ils retiendront de mon vécu qu’il ne faut pas croire ces illusions qui m’ont poussé à me frotter aux gangs de rue. »

« Moi, Ziad, soldat des gangs de rue »
Ziad et Vincent Larouche
Les Intouchables, 2010