Il faut boycotter Quebecor et le Réveil

2010/12/22 | Par Pierre Demers

L’auteur est cinéaste et poète. Il habite Arvida.

Je crois qu’il nous faut boycotter Quebecor et Le Réveil, ils méritent bien cela. Pourquoi ? Mille et une raisons.

L’attitude antisyndicale de PKP, le patron au-dessus de tout dans le conflit l’opposant aux employés du Journal de Montréal consterne. C’est une lutte syndicale qui atteint bientôt sa deuxième année. Faut le faire, un lockout illimité au vu et au su de tout le monde.

L’Assemblée nationale devrait se pencher sur ce cas en début d’année prochaine, après deux ans d’hésitation. Pendant que des cadres et des pigistes opportunistes (Martineau en tête, le pigiste antisyndical en mission, Facal, Gendron, Léger, Proulx, et j’en passe) font semblant d’informer le monde avec une poignée de collabos sous-payés qui réécrivent des communiqués de presse et les reportages bidons de l’agence QMI créée en vitesse lors du lock-out du Journal de Québec et du Réveil.

Que veut au juste PKP? Faire de l’information, des journaux sans journalistes. Avec des tâcherons sous-payés jetables après usage. Sa dernière proposition au syndicat du Journal de Montréal (253 membres) rayait de la salle des nouvelles 80% des postes. En plus, il interdisait aux grévistes de garder en vie leur journal électronique Rue Frontenac qui tient le fort depuis le début du conflit. Il se prend pour qui lui PKP ? Un grand décideur au-dessus de toutes les lois du travail? Un modèle d’homme d’affaire et de gestionnaire plus riche que les autres donc plus arrogant ?

Pas question d’acheter, de lire le Journal de Montréal, même pas le Journal de Québec rempli en grande partie par les chroniqueurs et les articles du grand frère montréalais. Un journal comme celui de Montréal que Quebecor distribue gratuitement tous les matins dans les Tim Horton pour gonfler son tirage.

J’essaie de me distancer de l’empire Quebecor ici. Je refuse de collaborer avec le Réveil malgré le fait que cet hebdo qui a perdu son âme depuis le lock-out a recommencé à polluer nos boîtes à lettres. Une journaliste pigiste m’a contacté pour faire une entrevue sur la sortie du film Trous de mémoire, il y a quelques semaines. Je lui ai répondu que je ne collaborais pas avec ce journal de Quebecor parce qu’ils avaient mis tout le monde dehors pour régler le conflit sauf trois journalistes qui ont pris la bonne décision de ne pas y retourner.

De plus, j’ai expliqué à la journaliste que désormais ce journal entretenait la réputation et les visées du maire de Saguenay qui s’en sert régulièrement comme courroie de transmission pour ses messages et ses politiques. Enfin, je lui ai précisé que, pendant le lockout des syndiqués du Réveil, le maire avait continué, avec le consentement de ses conseillers, d’acheter de la pub, surtout les deux pages de Capitale culturelle qui persistent encore chaque semaine, pour la ville. En fait, c’est la pub de la ville qui maintient presque à flot cet hebdo, semaine après semaine.

Je ne suis pas le seul à boycotter ce journal par les temps qui courent. Les annonceurs se font de plus en plus rares. L’éditrice en chef ne cesse de clamer sur la place publique que son concurrent, Le Courrier du Saguenay de Médias Transcontinental affiche illégalement un tirage non autorisé par une firme spécialisée dans le domaine. Elle s’excuse une xième fois auprès de ses lecteurs et clients et précise que désormais le Réveil sera diffusé le lundi au lieu du mardi, du mercredi, du…

Je crois qu’il faut boycotter ce Réveil pour bien des raisons, mais surtout parce qu’il fait partie de l’empire Quebecor, un empire antisyndical. Peut-être aussi parce que le maire de Saguenay a brûlé une bonne partie des sommes allouées au projet Capitale culturelle en frais publicitaires pour maintenir en vie un journal en lock-out sans jamais s’excuser, sans jamais avouer qu’il était de mèche avec PKP, deux larrons antisyndicaux.

Quand Capitale culturelle fera son bilan financier, il faudra en tenir compte. Le fric des artistes fournis par le fédéral a été investi en grande partie en pub dans le Réveil et le Journal de Québec. D’ailleurs, ce serait intéressant de savoir quel pourcentage de ces fonds alloués à Capitale culturelle a été consacré à la promotion pure et simple au lieu de payer convenablement des artistes d’ici.

Donc les artistes, gardez-vous une petite gêne quand un journaliste du Réveil vous contacte. Ou quand le photographe du même journal qui sévissait durant le lockout participe à vos lancements, à vos conférences de presse, faites lui donc un petit signe discret d’aller prendre ses photos ailleurs, au bureau de Jean-Pierre Blackburn par exemple ou bien lors de la levée d’une pelletée de terre d’un arrondissement voisin.

Comment encore davantage boycotter Quebecor ici ? Quelques suggestions. Se servir des articles de Rue Frontenac pour monter sa revue de presse au lieu des Journaux de Québec et de Montréal. Limiter ses visites chez Archambault. Aller ailleurs pour se procurer des CD ou des DVD.

Ne pas regarder TVA ? Pas nécessairement, mais plutôt se limiter peut-être aux émissions d’information produites ici. Laisser tomber les gros canons qui abrutissent tant les téléspectateurs d’ici, des choses que je ne regarde pas pour des raisons philosophiques et de salubrité publique.

Évitez donc ce que je trouve de pire à TVA, l’émission capitaliste du dimanche soir animée par la compagne de PKP, l’autre émission qui consiste à accoupler des jeunes hommes et jeunes femmes atteints de neurasthénie profonde, aussi celle de l’animateur psychologue amateur qui passe ses soirées à interviewer du monde mal pris qui veulent témoigner de leur vécu et cette nouvelle émission paranormale débile.

Les émissions régionales du canal Vox se défendent parfois, mais encore là le maire y règle en aiguilleur car ce sont les fonds publics de la ville qui financent en grande partie le temps d’antenne de ses «apparitions » qu’on diffuse en boucle. Faut boycotter ça au nom de la liberté d’expression à sens unique.

Autre geste important qu’il faut faire pour réduire Quebecor à sa plus simple expression, couper les ponts avec Vidéotron. Il y a de plus en plus de serveurs qui peuvent offrir les mêmes services et qui n’ont pas la même philosophie antisyndicale que PKP.

Je pense qu’il faut faire sa part pour remettre cet empire à sa place. Si j’ai à choisir entre un documentaire sur les fonds marins à Télé-Québec et un xième show de Céline Dion à TVA, je n’hésite pas deux secondes. Je reconnais tout de suite l’émission qui fera moins de dommages à mon cerveau.

Essayez de faire le même exercice la prochaine fois que Quebecor vous sollicitera. Pensez en même temps aux journalistes et autres employés du Journal de Montréal qui sont en lockout depuis deux ans. Pensez aux employés du Réveil qui ont tous perdu leur job parce que ville Saguenay et d’autres commanditaires sans conscience sociale ont continué d’acheter de la pub dans ce journal. Ayez une petite pensée pour ce genre de virage journalistique et financier qu’on appelle la sous-traitance… tactique capitaliste vieille comme le monde qui consiste à augmenter les profits en réduisant les dépenses, c’est-à-dire, les salaires et les emplois évidemment. On s’en doutait.

n.b.

Citations de la semaine : «C’est le rôle des universités d’avoir des débats et de les alimenter, Ce n’est pas anormal. Il y a eu d’autres personnes qui sont sortis dans le passé, louangeant l’administration municipale, et il n’y a personne qui s’est plaint. »

-Michel Belley, recteur de l’UQAC, SRC, 8 décembre en réplique au maire qui met en doute les profs de l’université qui critique son administration.

« Nous ne nous laisserons par dire n’importe quoi. Si ça dépasse les bornes, si ça déborde, il y aura des poursuites. Nous ne sommes pas les seuls à agir ainsi. Lucien Bouchard a déjà poursuivi des gens qui l’ont comparé à Hitler »

- Jean Tremblay à la réunion du Conseil municipal le 6 décembre, Le Quotidien, 7 décembre

Groupe de la semaine : La chorale du maire et son groupe de conseillers chantent «Les anges dans nos campagnes »… et autres chants de Noël devant des classes d’enfants et des foyers de vieillards sur Youtube…

Comme pour oublier tout le reste «des vieilles affaires », la veille des Fêtes.