Brèves syndicales

2011/02/04 | Par Maude Messier

Grève générale chez Machinerie Pronovost : le patron ne veut plus partager les profits

C’est la grève générale illimitée depuis lundi soir dernier pour les quelque 50 travailleurs et travailleuses de l’usine Machinerie Pronovost de Saint-Tite, une entreprise de fabrication d’équipements industriels.

Après avoir refusé à trois reprises les offres patronales, les syndiqués se sont prononcés en faveur de la grève dans une proportion de 97%. Bien que les négociations ne soient en cours que depuis trois mois, une date butoir avait été fixée au 31 janvier 2011, ultimatum au-delà duquel un conflit de travail, grève ou lock-out, était inévitable si selon ce qu’a appris l’aut’journal.

Le principal point en litige concerne une clause de partage des profits que l’employeur voudrait éliminer de la convention collective, un versement effectué aux travailleurs deux fois par année selon les bénéfices de la compagnie et son chiffre d’affaires.

L’entreprise, qui a connu des difficultés financières il y a une quinzaine d’années, a bénéficié de l’aide du Fonds de solidarité FTQ par le biais du Fonds régional de la Mauricie. Des investissements de 600 000$ ont été effectués par la Fonds de 1996 à 2002.

Luc Deschênes, représentant national pour le Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier – section locale 145 (SCEP), explique que « la clause de partage des profits a été établie à ce moment-là, ça venait avec le Fonds de solidarité. »

Même si l’employeur propose de racheter la clause à 45% de la valeur moyenne accordée au cours des cinq dernières années, les syndiqués en font une condition sine qua non pour la conclusion d’une entente. « Les gens veulent rester partenaires de l’entreprise à laquelle ils ont contribué pendant plusieurs années. Cette clause n’est pas à vendre. Si l’usine se porte bien financièrement aujourd’hui, c’est notamment grâce aux efforts investis par les travailleurs », d’ajouter Luc Deschênes.

Aucune rencontre n’est prévue entre les parties pour le moment, mais le syndicat se dit entièrement disponible pour négocier.

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CHSLD : Le personnel spécialisé distribue des repas

Alors qu’une pénurie de main-d’œuvre du personnel spécialisé en soins de santé sévit dans le réseau public, la direction du CSSS Sud de Lanaudière a pris la décision d’utiliser son personnel professionnel et technique pour la distribution des repas du midi et du soir dans quatre CHSLD.

Une mesure qui fait grincer des dents du côté de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) où l’on s’inquiète des répercussions négatives qu’engendreront cette décision sur les soins prodigués aux personnes âgées, à savoir la réduction des services de santé.

« Il est invraisemblable d'obliger des travailleurs sociaux, des ergothérapeutes, des physiothérapeutes, des thérapeutes en réadaptation physique, des nutritionnistes et des techniciens en loisir à couper leurs heures de prestation de services professionnels aux personnes âgées pour distribuer des repas, déplacer des chariots, remplir des carafes, etc. », dénonce la présidente du syndicat, Dominique Verreault.

Elle estime que si ces tâches sont essentielles au bon fonctionnement des établissements, « elles ne doivent pas se faire au détriment des autres besoins des patients, qui attendent déjà trop longtemps pour recevoir des services spécialisés. »

Selon l’APTS, la direction du CSSS prétend que cette approche de type « milieu de vie » vise à améliorer la qualité de vie en CHSLD. Or, pour Mme Verreault, ces mesures sont plutôt des compressions et des coupures de services déguisées. Elle fait valoir que de diminuer les soins de santé aux bénéficiaires ne contribuera certainement pas à améliorer leurs conditions de vie.

L’APTS en appelle au ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, de voir à ce que cette pratique ne se répande pas à l’ensemble des établissements.

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MBA à 30 000$ de McGill : le gouvernement coupe l’aide financière aux étudiants

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) dénoncent la décision du gouvernement du Québec de retirer le MBA de l’Université McGill du programme d’Aide financière aux études (AFE). « Une autre preuve de l’hypocrisie du gouvernement Charest », selon le deux fédérations étudiantes.

L’assentiment par le gouvernement des frais de 30 000$ pour un MBA constituait déjà une entrave à l’accessibilité aux études supérieures pour les deux fédérations. Que le gouvernement retire aujourd’hui l’aide financière est un pas de plus vers un réseau universitaire à deux vitesses, au sein duquel certains programmes seront financés et d’autres non. « Quel sera le prochain programme à être exclu? Médecine ou pharmacie? Quel frais institutionnel ne sera plus couvert par l’AFE ? », s’interroge le président de la FEUQ, Louis-Philippe Savoie.

Les deux fédérations dénoncent également le fait que cette décision survienne dans un contexte où le gouvernement envisage plus que sérieusement une hausse des frais de scolarité, une mesure qui ajoute au fardeau et à l’endettement étudiant.

« Par ses gestes dans le dossier du MBA, il [le gouvernement Charest] augmente l’endettement des étudiants de manière considérable. C’est non seulement une attaque directe à l’accessibilité financière aux études, mais c’est aussi étouffer la relève avec une dette importante », fait valoir Léo Bureau-Blouin, président de la FECQ.

Ces coupures dans la couverture de l’AFE sont inadmissibles à leur yeux considérant que le gouvernement du Québec reçoit 120 millions $ en transferts fédéraux pour l’année 2010-2011 en provenance du Programme canadien de bourses aux étudiants (PCBE). Ce qui fait dire aux deux associations étudiante que le gouvernement Charest rembourse sa dette sur le dos des étudiants et que ce sont les jeunes et leurs parents qui en feront les frais.


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Bulletin scolaire : la FAE donne une mauvaise note au Ministère

Réunis en Conseil fédératif mercredi dernier, les délégués de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ont entériné une proposition réclamant le report de l’application du nouveau bulletin unique à la rentrée scolaire 2012-2013.

Le problème tient au fait qu’en dépit des déclarations du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), les changements proposés maintiendront l’évaluation des compétences plutôt que l'évaluation systématique des connaissances des élèves.

« Les programmes sont encore formulés en termes de compétences et la place réservée aux connaissances est accessoire et superficielle », a déclaré le vice-président du Service de la vie professionnelle de la FAE, Sylvain Mallette, dans un communiqué. Ce qui fait dire à la FAE que les employés du MELS, fervents tenants de la réforme, mettent tout en œuvre pour rendre caducs toute tentative de réels changements.

« C'est de l'obstination pure. (…) On laisse croire aux parents qu'on revient à l'enseignement des connaissances et à une évaluation de celles-ci, alors qu'on s'apprête plutôt à en faire la simple vérification, non à les évaluer formellement », de déclarer le président de la Fédération, M. Pierre St-Germain.

Les critères d’évaluation proposés sont ainsi qualifiés de « cosmétiques » par la FAE, imprécis, subjectifs et laissant une large part à l’interprétation alors que la fédération espérait « que les changements soumis permettraient d'évaluer clairement et concrètement les connaissances ».

Dans ce contexte, la FAE réclame le report de l’instauration du nouveau bulletin et somme le MELS d’apporter les correctifs qui s’imposent pour redonner une place significative aux connaissances dans les programmes et d’édicter des lignes directrices claires.