Cégeps et loi 101: langue et culture sont indissociables

2011/02/04 | Par Pierre Dubuc

La recherche que l’Institut de recherche sur le français en Amérique (IRFA) a menée auprès des étudiants de cégep démontre que la fréquentation du cégep anglais est anglicisante pour les allophones et les francophones. Rappelons que la moitié de la population des cégeps anglais est allophone (24%) et francophone (26%).

Patrick Sabourin, l’auteur de cette recherche – menée auprès de 3200 étudiants provenant de sept cégeps de l’île de Montréal dont 1494 étudiants fréquentant un établissement collégial de langue anglaise – constate « un désintéressement marqué pour la langue française et par le fait même, l’absence d’un sentiment d’appartenance à la communauté francophone par les étudiants fréquentant un cégep anglophone ».

Il note un lien étroit entre la langue et la culture. Fréquenter un cégep anglais, c’est se préparer à travailler en anglais et à parler anglais à la maison.

Les rédacteurs de la Charte de la langue française étaient conscients de ce lien entre langue et culture, comme en témoignent ces propose de Guy Rocher, un des rédacteurs de la Loi 101, dans Guy Rocher Entretiens paru aux Éditions Boréal en 2010. Guy Rocher raconte :

« C’est pour renforcer la réalité du Québec français que je crois nécessaire de repenser la politique linguistique et la politique culturelle dans un ensemble, dans une même politique. C’est la faiblesse pour notre législation linguistique d’exister indépendamment de la culture québécoise de tradition française.

« Quand je relis les documents qui ont précédé la loi 101, et en particulier ce qui s’appelait à l’époque le Livre blanc, la présence de la culture de tradition française y est beaucoup plus affirmée, et le lien entre la langue et la culture y est beaucoup plus marqué que dans la législation qui a suivi la loi 101.

« «  Si on veut vraiment maintenir cette législation linguistique et lui donner un sens et une efficacité, il faut la lier davantage à la culture commune. Il y a là une responsabilité de l’État, mais je dirais surtout des mouvements sociaux, des journalistes, des intellectuels, de tous ceux qui peuvent être des porte-parole.

« Le respecte de la langue passe par le respect d’une culture dont cette langue est l’expression. À trop détacher la langue de la culturel, on affaiblit l’attraction de la langue française. »

Il est intéressant de noter que le député Pierre Curzi défend la nécessité d’étendre les dispositions de la loi 101 aux cégeps en établissant ce lien fondamental entre langue et culture.