Gil Courtemanche se rallie à Legault

2011/02/28 | Par Pierre Dubuc

Gil Courtemanche intitule sa chronique dans Le Devoir, du samedi 26 février,« Legault : des questions au PQ ». On se serait attendu d’un chroniqueur, qui se prétend de gauche, qu’il pose plutôt ses « questions » à Legault. Mais non! Il se contente de qualifier son manifeste de « court catalogue de bonnes intentions et de propositions plutôt imprécises ».

Ce qui témoigne d’un biais peu banal. Tous les chroniqueurs y ont plutôt vu un « catalogue » de propositions de centre-droit.

Mais Courtemanche n’allait pas rater une si belle occasion d’utiliser Legault dans le combat qu’il mène depuis des lustres contre l’indépendance du Québec.

Feignant de prendre, lui aussi, l’air du temps, il demande aux indépendantistes d’avoir « le courage » de remettre en question leurs « certitudes anciennes » et de « prendre la mesure des désirs des citoyens, de l’évolution de leur état d’esprit et des changements survenus dans la société ».

Reprenant quasiment mot à mot les paroles de Legault, il écrit : « Ils sont nombreux les indépendantistes honnêtes et convaincus (sic!) qui ne croient plus que la poursuite de cet objectif est essentielle au développement et au progrès d’un Québec résolument et fièrement francophone. »

Il enchaîne : « Ce ne sont pas des traîtres, ni des désabusés sans convictions, ce sont tout simplement des gens qui ont évolué et changé d’idée ».

Chose certaine, Courtemanche, lui, n’a pas changé d’idée. En 2003, il publiait La Seconde Révolution tranquille, démocratiser la démocratie (Boréal) dans lequel il affirmait que « la question nationale a tué le PQ progressiste ».

Il invitait alors la gauche, qui allait plus tard former Québec solidaire, à renoncer à « cette obsession » qui la « la coupe d’une très grande partie de la société québécoise qui a défendu longtemps des valeurs de gauche » et il énumérait les anglophones pacifistes, les Grecs, les Portugais et « les non-indépendantistes francophones qui militent pour le progrès », un groupe dont il faisait manifestement partie.

« Pour qu’une gauche émerge au Québec, ajoutait Courtemanche, il faut nous recentrer sur le quotidien, le concret, l’immédiat, le gérable et le réalisable ». Il faut s’identifier, écrivait-il, à l’environnement immédiat, au quartier, à la ville car « cette identification ne se fait par le biais d’aucun prisme idéologique ; elle est pure et primaire, puisque le choix de cette collectivité ne nous est pas donné. »

On croirait entendre Legault qui parle, lui aussi, de se « recentrer sur le réalisable » et qui affirme ne s’identifier ni à la gauche, ni à la droite.

Au moins, à l’époque, Courtemanche écartait la question nationale au nom d’un programme de gauche. Aujourd’hui, il invite à la même démarche au profit d’un « catalogue de bonnes intentions et de propositions plutôt imprécises ».

Qui osera encore affirmer que le spectre politique ne se déplace pas vers la droite !