L’anti syndicalisme fait rage

2011/03/03 | Par Pierre Demers

L’auteur est cinéaste et poète. Il habite Arvida

Pendant qu’ailleurs sur la planète (Ce temps-ci en Afrique du Nord), les dictateurs (Le pire, Kadhafi enfin en Libye se cherche une oasis dans le Sahara), les tenants de la ligne droite mangent leur claque au grand plaisir de bien du monde, ici en Occident, près d’ici encore dans notre beau Canada coast to coast et dans la belle province, les défenseurs de la loi et l’ordre s’imposent de plus en plus.

Se permettent même de faire des projets pour notre bien-être. À la limite de déclencher (bientôt?) des élections pour grossir leurs rangs avec des anciens éditorialistes de droite. Qu’est-ce qu’on a fait au petit Jésus pour que ces politiciens d’un autre âge poussent comme ça subitement comme du chiendent ?


Pourtant on ne lui parle plus depuis longtemps à ce petit Jésus après s’en être débarrassés péniblement il y a quelques décennies. Pour l’amour du bon Dieu, ils (Les patrons qui touchent des bonis) vont-tu nous forcer à porter des cravates comme eux et à nous convaincre que la richesse peut se répandre comme la mayonnaise sur une sandwich aux tomates chez le premier pauvre venu ?


L’anti syndicalisme fait rage

Les signes ne manquent pas. Le courant anti syndical coule de plus en plus fort dans notre beau coin de pays. Deux exemples parmi tant d’autres, la course au cheap labor (Pardon… à la sous-traitance) chez Rio Tinto Alcan et le règlement de cul au Journal de Montréal devant l’indifférence de tout le monde cette fin de semaine.

Sur la rue Dubose (Ou du boss ?) à Arvida le 22 février, l’entreprise Théberge et Belley a fait appel à la Sureté municipale (Ça sert à ça la police : maintenir le pouvoir en place) pour éloigner les manifestants qui protestaient contre la nouvelle politique de cet employeur qui offre des conditions de travail aux électriciens inférieures à ce qu’on retrouve habituellement dans la construction ((SRC, 22 février). La course aux contrats chez Rio Tinto Alcan semble provoquer cette descente vers le bas des salaires et des conditions de travail des petits entrepreneurs régionaux en quête d’une bonne réputation auprès de la multinationale australienne.

Ce n’est évidemment que la partie visible de l’iceberg cette course au cheap labor. Depuis son installation dans la région, RioTinto Alcan essaie par tous les moyens et avec la complicité du milieu des affaires locales de nous faire croire que la seule façon de nous enrichir c’est de couper dans le gras, c’est à dire, dans les salaires des… travailleurs évidemment, pas dans ceux des gestionnaires et des patrons.

On sait ce qui se passe à l’usine d’Alma et le chantage exercé à celle de Jonquière pour prolonger la convention collective jusqu’en l’an 3000…

Cette manifestation spontanée et la réalité économique qui l’entoure n’ont pu être commentées par les principaux intéressés, soit l’entreprise Théberge et Belley et RioTinto Alcan. Ceux-ci préférant garder le profil bas dans la course aux contrats à bon marché.

En refusant de commenter la réaction des ouvriers, ils avouent que cette course existe et qu’elle semble pour eux incontournable. Les politiciens locaux et les présidents de chambres de commerce eux aussi tiennent ça mort. Ils ne veulent pas s’avancer sur un terrain glissant comme celui-là.

Le chantage exercé par Rio Tinto Alcan depuis quelques mois fait partie d’une stratégie antisyndicale évidente. Quand l’économie, l’industrie va mal c’est toujours la faute des syndicats qui en exigent trop. Et quand on veut la relancer, on demande aux travailleurs de faire encore plus de concessions.

Le monde avale d’une gorgée ce discours patronal et réactionnaire. Les médias y adhèrent aussi. Les syndicats ont mauvaise presse de toute façon. Plus particulièrement dans le domaine de la construction.

C’est vrai que les scandales à la FTQ n’ont pas contribué à défendre la réputation syndicale depuis quelques années. Mais les entrepreneurs, les politiciens élus de touts les paliers de gouvernement, les patrons eux aussi ont fait leur part pour entretenir ce climat malsain autour de l’industrie des contrats à bon marché. Eux aussi en profitent en gonflant les soumissions et en soudoyant les politiciens.

Le mouvement antisyndical est entretenu aussi par toute une génération de jeunes travailleurs qui pensent s’en sortir tout seuls, sans l’aide de personne et surtout pas des organisations syndicales.

Le discours de certains politiciens de droite comme ceux de l’ADQ va dans ce sens. Il est relayé par les médias réactionnaires, surtout les postes de radio populaires qui ne jurent que par la réussite sportive et les fortunes vite faites.

Au plus fort la poche semble être la devise de ces médias populaires comme les journaux de Quebecor. Ici, pendant le lock-out du Réveil, certains entrepreneurs régionaux et les élus fédéraux et municipaux (Ti-Jean Tremblay en tête) se sont compromis à l’excès pour que ce conflit perdure et finisse par se terminer au désavantage de tous les employés limogés. On s’en souviendra.

Depuis, le nouveau Réveil est fabriqué par l’agence QMI et quelques journalistes pigistes sans expérience sous payés, non syndiqués évidemment. À la merci de leur boss PKP le visionnaire.


Règlement de cul au Journal de Montréal

Le gâchis des lock-out du Journal de Québec et du Réveil vient de se répéter au Journal de Montréal après 25 mois, le plus long conflit de travail dans l’histoire des médias québécois. Résultat : 64,1% des syndiqués ont voté à contre cœur pour un règlement de cul négocié devant un médiateur. 190 postes vont disparaître sur les 253 du début du lock-out. PKP a réussi à faire le grand ménage dans la salle de rédaction. Les 62 postes de journalistes, reporters, pupitreurs, photographes, employés qu’on a conservés vont devoir être négociés un par un. Le protocole de retour au travail devrait prendre un certain temps, sinon un temps certain.

On sait que PKP veut transformer le travail des journalistes pour qu’ils puissent intervenir sur toutes ses plate–formes autant dans ses médias écrits qu’électroniques et bien sûr sur internet. Il lui reste maintenant à limoger ses cadres/scabs.

Pourquoi donc ce lock-out a-t-il duré si longtemps ? Pour quelques raisons dont le courant antisyndicaliste qui prévaut actuellement au Québec, en grande partie alimenté par la droite et l’indifférence politique de la majorité.

Les annonceurs ont continué de prendre de la pub dans le Journal de Montréal rédigé par des chroniqueurs indépendants (Qui auraient dû s’abstenir comme Lise Payette dès le début du conflit) très bien rémunérés et une batterie de cadres qui ne faisaient que signer les articles écrits par des pigistes/scabs anonymes de l’agence QMI.

La dernière fois que je suis allé à Montréal, je me suis rendu compte que le morning man Paul Arcand à la radio de CKAC passait de la pub du Journal de Montréal aux dix minutes comme d’ailleurs toutes les émissions sportives et les retransmissions des games du Canadien du même poste.

Faut-il en conclure que les amateurs de sports sont antisyndicalistes ? Sans doute en grande majorité. Le sport de salon mène à tout autant au sédentarisme qu’aux positions politiques de droite. On n’a qu’à écouter les journalistes sportifs qui osent parfois débattre de choses politiques. Ici, le gardien de buts Marc Denis (demi-coach des Saguenéens) n’a-t-il pas appuyé Ti-Jean Tremblay pendant sa dernière campagne électorale ? Guy Carbonneau aurait fait la même chose, à mon avis. Réjean Tremblay le grand chroniqueur-dramaturge a accordé des entrevues au Réveil durant le lock-out. Il devrait d’ailleurs faire le saut au Journal de Montréal bientôt.

Si tout le monde, les lecteurs chez Tim Horton, les commanditaires et tous les journalistes qui font des revues de presse avaient boycotté systématiquement le Journal de Montréal (Ceux de la SRC l’ont fait) et celui de Québec qui meublait son petit frère montréalais, et bien, le lock-out n’aurait pas duré deux ans.

PKP a acheté beaucoup de pigistes collaborateurs, beaucoup de complices dont le dernier, le cinéaste Denys Arcand qui célébrait le 25e anniversaires du Déclin de l’Empire américain pour faire ses unes exclusives quand Céline Dion eût finie enfin d’accoucher.

Comment se présente l’avenir des 62 survivants et des autres employés du Journal de Montréal retraités de force après ce lock-out de 25 mois ? Mon petit doigt me dit qu’ils n’arriveront pas à retravailler avec les cadres et les pigistes chroniqueurs qui les ont gardés dans la rue si longtemps.

Le site Rue Frontenac demeure ouvert et il semble que l’entreprise Transcontinental (Comme ici avec les employés du Réveil qui ont mis sur pied le Courrier du Saguenay) pourrait donner un bon coup de pouce aux journalistes dissidents pour faire du site leur futur journal permanent.

Moi, je continue de boycotter le Réveil, le Journal de Montréal et de Québec par solidarité avec les 190 employés qui ont perdu leur job parce que PKP pense que désormais les journaux n’ont plus besoin de journalistes pour faire de l’information et engranger des profits.


Citations de la semaine

«Les contestataires sont essentiellement de jeunes drogués. Pourchassez-les, arrêtez-les, remettez-les aux forces de sécurité. Ils ne sont qu’une poignée, ce sont des terroristes. C’est mon pays. Mouammar n’est pas président qui abandonne son poste. Mouammar est le chef de la révolution jusqu’à la fin des temps ».
-Mouammar Kadhafi, Le Devoir, 23 février


Le site Rue Frontenac révélait la semaine dernière (Le 24 février) que SNC-Lavalin construit une prison en Libye pour le régime Kahdafi… Les ingénieurs québécois ont peu de scrupules politiques.


«Nous avons décidé de ne donner aucune entrevue pour l’instant. »
-Serge Sasseville, porte-parole de Quebecor, Le Devoir, 28 février

La transparence de PKP est exemplaire.


«J’ai moi-même fait un don. Je ne veux pas préciser le moment pour le moment, mais je n’écarte pas la possibilité de le faire. Quant aux conseillers municipaux, il y en a qui ont aussi fait des dons. Mais ce n’est pas à moi de les identifier… »
-Jean Tremblay, Le Quotidien, 23 février


Ça serait intéressant de savoir qui finance le maire dans sa croisade religieuse – mis à part les fanatiques catholiques beaucerons- qui lui permet encore de se faire du capital politique sur le dos du petit Jésus.

n.b. Tout le monde à la réunion du conseil municipal à Jonquière le 7 mars pour prier avec lui, notre maire faux curé manqué.