Libre-échange Canada-Union Européenne

2011/03/30 | Par L’aut’journal 

La septième ronde de négociations de libre-échange Canada-Union Européenne, prévue du 11 au 15 avril à Ottawa, doit être reportée jusqu’à ce qu’un nouveau gouvernement fédéral soit élu, selon le Conseil des Canadiens.

Le mouvement demande également aux gouvernements provinciaux et territoriaux de profiter de cette pause dans les négociations pour faire une consultation publique afin de déterminer les modalités de l’accord qui devraient être proposées, le cas échéant.

« Notre côté pratique nous dit qu’il devrait être interdit en pleine campagne électorale de prendre d’importantes décisions sur les politiques que les prochains gouvernements devront respecter. Mais c’est exactement ce qui se produirait si les négociations de libre-échange Canada-Union Européenne se poursuivaient », affirme Maude Barlow, présidente nationale du Conseil des Canadiens.

« L’entente proposée comporte plusieurs amendements controversés aux politiques économiques et sociales qui devraient être approuvés par le Parlement suite à un long débat raisonné. Ce serait un outrage au Parlement de la part du gouvernement Harper de laisser les négociateurs de l’UE décider des politiques canadiennes derrière une porte close, en pleine campagne électorale. »

Jusqu’à présent, il y a eu six rondes de négociations plutôt discrètes afin de conclure l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union Européenne. Les provinces et territoires sont à la table pour la première fois.

Selon les négociateurs canadiens, cette septième ronde de négociations à Ottawa sera la première ronde secrète et sensible au temps, où les provinces et territoires échangeront des propositions avec l’UE.

Ces propositions comprendront des services, notamment l’eau publique, la santé, le transport et les services d’énergie, ainsi que l’achat de services publics par les organismes municipaux et provinciaux.

Le chapitre des achats bannira la directive « Acheter des produits locaux » et autres stratégies d’achats des gouvernements municipaux afin que les gouvernements achètent plus de produits fabriqués par des multinationales européennes.

Durant la ronde de négociations de l’AECG, qui doit avoir lieu en avril, les négociateurs canadiens et européens discuteront peut-être de l’ouverture des secteurs financiers et des télécommunications du Canada afin d’autoriser une plus grande propriété étrangère, prolonger la durée des brevets canadiens sur les médicaments de marques renommées, atténuer l’importance des régies des alcools provinciales et des systèmes de gestion d’approvisionnement des exploitants de ferme laitière, et ouvrir les ports de pêche de l’Atlantique à un plus grand nombre de bateaux européens.

« Cet accord restructurera l’économie canadienne du tout au tout, et pour le pire, dans la plupart des cas », affirme Barlow. « Les gouvernements provinciaux et territoriaux gardent le silence relativement aux types de politiques sociales et économiques auxquelles ils sont prêts à renoncer en retour de timides promesses d’accéder plus facilement au marché de l’UE. Y a-t-il un meilleur moment qu’une campagne électorale fédérale pour débattre l’AECG à l’échelle nationale? »

Le Conseil des Canadiens est le plus important organisme de justice sociale au Canada, avec des dizaines de milliers de membres d’un océan à l’autre. L’organisme adhère au Réseau pour le commerce juste, qui compte plus de 30 membres, et conteste les négociations de libre-échange Canada-UE, car il perçoit cet accord comme une menace pour les cultivateurs, travailleurs, artistes et l’environnement. 


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