Démocratie et élections

2011/04/20 | Par Jean-Claude Landry et Yves Lawler

En Égypte et en Tunisie, deux dictatures impitoyables n’ont pu résister à la volonté populaire de démocratisation et à la quête de dignité. Ailleurs, que ce soit au Yémen, au Royaume de Barheïn, en Syrie ou Jordanie, les mobilisations citoyennes se poursuivent sans relâche pour réclamer la fin des privilèges et plus de démocratie.

Plus que tout autre, le monde arabe nous a toujours été présenté comme un monde « à part », plus ou moins fermé aux idées modernes en raison de la place qu’y occupe la religion musulmane.

Une religion, dont on se méfie, en Occident parce que, ne cesse-t-on de nous répéter, l’Islam serait source de fanatismes et refuserait toute coexistence avec d’autres confessions religieuses.

Or voilà qu’on découvre que, dans ce monde dit un peu archaïque, ce sont des outils aussi modernes que les nouveaux réseaux sociaux, Facebook et autres « Twitters », relayés par les cellulaires, portables et autres outils technologiques du genre qui servent de catalyseurs aux mobilisations citoyennes.

Voilà que, suite aux appels à la protestation « pacifique » lancés par les imams à leurs fidèles, les premiers rassemblements se sont transformés en véritables « marées humaines » où se côtoyaient dans un même désir de changement des gens de toutes confessions religieuses animés d’un grand objectif : en finir avec la dictature et la domination. Tout cela dans des pays qu’on nous présente comme des sociétés marquées par l’intolérance religieuse.

Au-delà des avancées démocratiques, aussi méritées que bénéfiques, pour les populations concernées, les événements récents et actuels en Égypte, en Tunisie et ailleurs nous donnent enfin l’occasion de changer notre regard sur le monde arabe.

Mais il y plus, les événements qui s’y déroulent constituent un éclatant démenti à ce sentiment de fatalité politique qui imprègne les sociétés occidentales. Les populations arabes qui ont pris la rue ont dit non à un discours d’impuissance qui voudrait faire croire qu’il n’y a rien à faire, que tout est décidé d’avance et que la possibilité de « changer le cours des choses » soit devenue illusoire.

Alors qu’on se demande au Canada si 300 millions $ (il nous en coûte davantage en dépenses militaires chaque semaine) c’est trop cher payer pour élire ceux et celles dont les décisions vont déterminer, en grande partie, notre qualité de vie et le profil de notre société, des citoyens de partout dans le monde réclament ce droit au risque de leur vie.

Ce faisant, ils prouvent avec éloquence que le cynisme politique n’est pas un phénomène universel et que le « changement » est possible quand les peuples sont déterminés et qu’ils se mobilisent.



Alors qu’au Canada certaines personnes trouvent que c’est un gaspillage d’argent de procéder à des élections, des citoyens de partout dans le monde réclament ce droit au risque de leur vie.


À lire : notre dossier sur les élections canadiennes de 2011