Je me souviens  du Thomas Mulcair, Libéral

2011/04/22 | Par Robin Philpot

Robin Philpot est l’auteur de Le référendum volé (Les intouchables, 2005)

Qu’il est donc mielleux et insaisissable ce Thomas Mulcair quand il parle du Québec ces jours-ci, lui et son chef Jack Layton. Pourtant, il ne l’a pas toujours été. Loin de là !

Je me souviens du Thomas Mulcair, Libéral, qui a accueilli à bras ouverts le Conservateur Jean Charest qui, à la demande d’un groupe de bailleurs de fonds puissants, a quitté la direction du Parti conservateur à Ottawa, pour venir combattre les souverainistes et par la suite ramener l’État québécois à un statut très provincial et mettre en œuvre une batterie de politiques économiques de droite. Ce qui fut fait avec l’aide de M. Mulcair.

Je me souviens aussi de cette Coalition Canada de 1998 (Libéraux, Conservateurs et NPD) qui a applaudi à l’unisson leur sauveur Jean Charest dans sa marche pour conquérir le Québec. Car quand il s’agit de mettre le Québec à sa place, la politique social-démocrate du NPD prend le bord. C’est le Canada qui passe avant la sociale démocratie.

Je me souviens aussi du Thomas Mulcair, Libéral, lors du référendum de 1995 et de ses suites. Après avoir mené campagne pour le NON aux côtés de Jean Chrétien, de Jean Charest et autres Sheila Copps, il est celui qui, plus que tout autre, a entretenu de façon vicieuse pendant plus de 10 ans le mensonge sur une soi-disant conspiration nationale du camp du OUI visant à faire annuler des bulletins de votes des partisans du NON.

Il a été soutenu dans cette opération mensongère par ses amis d’Alliance Québec, dont les sources de financement demeurent mystérieuses, notamment dans une poursuite contre l’ancien Directeur général des élections, Pierre-F. Côté.

Rappelons les faits. Dans la circonscription de Chomedey, dont M. Mulcair était le député, il y a eu un taux disproportionné de bulletins de vote annulés. Dans deux autres circonscriptions (Marguerite-Bourgeoys, Laurier-Dorion), le taux d’annulation a été un plus élevé qu’ailleurs au Québec.

Le Directeur général des élections, Pierre-F. Côté, a demandé à feu l’ancien juge en chef de la Cour d’appel du Québec, Allan B. Gold, de superviser une enquête à ce sujet.

Accablant pour certains scrutateurs des circonscriptions en question – il y a eu des poursuites au pénal –, le rapport du juge Gold conclut de façon catégorique, dès mai 1996, que la thèse d’un complot national du camp du OUI visant à priver des gens de leur droit de vote était totalement sans fondement. (Bulletins rejetés – March pour l’unité, Rapport du DGÉ, référendum du 30 octobre 1995, publié le 13 mai 1996)

Malgré ce rapport, Thomas Mulcair n’a jamais cessé de colporter le mensonge sur ce faux complot, mensonge qui revient régulièrement dans les médias anglais du Canada.

D’un homme, bête des médias, qui se targue d’être épris de justice et de défendre le Québec, on aurait pu s’attendre à des déclarations sur les agissements de l’État canadien à l’égard du Québec une fois rendu à Ottawa.

A-t-il dénoncé les dépenses illégales faites lors du référendum de 1995, Option Canada, le mal nommé love in ? A-t-il au moins critiqué la Loi sur la Clarté de Stéphane Dion et la menace de partition du Québec ? S’est-il engagé à réparer le coup de force de Pierre Trudeau et de sa constitution de 1982 ?

Rien de tout ça. Thomas Mulcair et son chef Jack Layton ne nous offrent que des déclarations mielleuses que le vent centralisateur du Canada anglais, dont son parti le NPD est parmi les plus forts partisans, emportera.


À lire : notre dossier sur les élections canadiennes de 2011

Photo : Jacques Nadeau